communauteSans
Communauté
boutiqueSans
Boutique
Image décorative. En cliquant dessus, on découvre les différents abonnements proposés par Rebelle-Santé
S’ABONNER

La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les leçons du Professeur Moustache

Sur son blog, « Tu mourras moins bête », Marion Montaigne conjugue humour absurde et vulgarisation scientifique. Son alter-ego, le professeur Moustache, est devenu une célébrité de la toile.

Des épisodes ont déjà été publiés en quatre albums de bandes dessinées parus aux éditions Ankama et Delcourt, alors que trente épisodes, adaptés pour la télévision, sont diffusés sur Arte, tous les soirs à 20 h 45 jusqu’à la fin du mois de février.

POURQUOI LES BÉBÉS BAVENT-ILS ?
Qu’endure Dark Vador sous son casque ? Quels sont les risques psychiques pour les astronautes ? Où en est-on de la cryogénisation ? De l’anxiété des vaches, de la reproduction des dinosaures, de l’hygiène dans les toilettes, des acariens dans les matelas hypoallergéniques. Autant de problèmes abordés par le professeur Moustache sur le blog de Marion Montaigne, sous le slogan, « Tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même ! ». Le prof a l’art de mettre les pieds dans le plat, avec une franchise qui fait rire, et des cours qui démontrent, à chaque coup, qu’aucune question n’est vraiment idiote à condition que la réponse soit intelligente. Marion n’a pas de moustache, à la place, un large sourire et des yeux malicieux qui piquent de désir tout ce qu’elle regarde, interroge et dissèque en caricatures. Depuis 2008, elle se cache derrière cette star du web et se lance aujourd’hui à la conquête du petit écran.

DE LA SCIENCE POUR TOUS
Sans aucune formation scientifique à la base, Marion cultive son intérêt pour la biologie depuis l’enfance, ce qui ne l’empêche pas d’explorer l’infini, du microscope aux étoiles, avec la curiosité pour méthode, la soif d’apprendre et de comprendre. « En France, je trouve qu’il y a une distance trop grande entre les scientifiques et la société. On place les chercheurs sur un piédestal. Le jargon scientifique a quelque chose d’intimidant et il existe un élitisme par l’érudition. Je n’ai pas la prétention de penser comme un astrophysicien et j’ai conscience de mes limites. Il y a toutefois un intermédiaire entre tout ignorer et atteindre un niveau Bac+12, des connaissances transmissibles à tous. » Abattre les barrières, tenir à sa juste place le débat d’experts, vulgariser en traduisant les données réelles dans un vocabulaire compréhensible et attrayant. C’est le travail de Marion en bande dessinée, qui part en profane à la rencontre des chercheurs, pour rendre compte des avancées ou des déboires de la recherche, dévorant les bibliographies indigestes, pour dénicher un scoop qui nous renseigne sur ces savoirs d’initiés, de la pâté pour chien à la vie sur Mars en passant par les mœurs cellulaires. Comme une mise en appétit, Marion pioche ses exemples aussi bien dans la matière scientifique, que dans la culture populaire et le quotidien.

Les Ig-Nobels, du très sérieux pour rire

Apprendre en riant, la démarche de Marion Montaigne rejoint une tradition ancienne. Sur son blog, la dessinatrice s’inspire notamment du prix parodique des « Ig-Nobels » qui fêtaient leurs 25 ans en septembre 2015. Chaque année, ces dissidents, en marge des Nobels, récompensent des équipes de chercheurs « qui font rire les gens puis réfléchir » selon la formule consacrée.

La cérémonie se déroule à l’université d’Harvard en présence de vrais Prix Nobels qui soutiennent cette initiative, tout comme l’artiste qui revendique cette influence pour ses gags. « L’humour apporte une distance, tout en créant une passerelle qui incite les gens à s’intéresser à la recherche scientifique. On pénètre mieux la science, en rendant compte dans le détail des questions singulières qu’ont posées les scientifiques, en s’amusant des sujets abscons qui prennent des années de recherches en laboratoire, et dont la finalité peut paraître absurde. » Sur son blog, Marion introduit son post, « Vendredi, 30 millions d’amis », consacré à l’éthologie des animaux, en clin d’œil à une des équipes lauréates des derniers Ig-Nobels, qui est parvenue à faire marcher des poulets à la manière des dinosaures. Le rire rend l’expérience accessible, aiguise la curiosité et propose une pédagogie efficace de sciences appliquées à l’absurde.

UNE BUTINEUSE À LA RENCONTRE DES CHERCHEURS
Au fil des expériences les plus loufoques, la dessinatrice revient sur l’histoire de la science et les aspects méconnus des destinées de Pythagore jusqu’à Max Planck. Elle témoigne : « Je suis une butineuse. Le choix des sujets m’appartient et je fais mon miel de tout ce qui me fascine ; l’espace, le corps humain, les animaux, la biologie dans son ensemble. Le format m’impose d’être concise et de bien choisir l’angle, je ne peux pas me perdre dans des questions trop générales, l’important est de trouver une transposition drôle, juste et surtout visuelle. »
Avec le temps, des chercheurs ont ouvert leur labo. Certains sont venus d’eux-mêmes. « Ce n’est pas toujours évident de trouver des gens qui acceptent de simplifier » atteste l’infatigable tête chercheuse, autonome, qui insiste pourtant : « Je n’invente rien, les informations sont là, il faut savoir les chercher. La science regorge de connaissances et de théories sur des mystères qui nous transcendent comme par enchantement, c’est ce plaisir d’émerveillement que je veux partager ».

Le blog de Marion Montaigne : tumourrasmoinsbete.blogspot.fr

Pour lire la suite

Déjà abonné·e, connectez-vous !

À lire aussi

La Pandémie à l’heure du numérique

Muscler son esprit critique en philosophant reste le meilleur remède pour se prémunir face au flot d’informations qui nous submergent autour de la pandémie de Covid-19. La conscience des biais cognitifs et du fonctionnement de notre cerveau peut ainsi nous aider à mieux analyser ces informations, en identifiant les émotions qu’elles suscitent et les questions auxquelles elles répondent. 

Le NeuroGel

Nouvel espoir pour des milliers de tétraplégiques et paraplégiques du monde entier, le NeuroGel, un biomatériau synthétique, permettrait de refaire marcher les blessés médullaires porteurs de lésions anciennes, si l’on en croît son inventeur.

Inscrivez-vous à
Pour ne rien rater
Notre lettre info
1 à 2 envois par mois