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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La fraise, un plaisir à cultiver…

C’est la fin de l’été et le bon moment pour planter une fraiseraie bien organisée : vous aurez ainsi le plaisir de déguster vos fraises bio du mois d’avril jusqu’aux gelées et, par la même occasion, celui de vous sentir un peu plus écocitoyen !

TOUT LE MONDE AIME LES FRAISES
On cultive dans le monde environ 3 600 000 tonnes par an de fraises, et la production ne cesse d’augmenter. La palme revient aux États-Unis (950 000 tonnes), suivis par l’Espagne (300 000 ton- nes). En Europe, c’est la Pologne qui est le deuxième producteur (190 000 tonnes), la France n’arrive qu’au 5e rang avec un petit 60 000 tonnes. Les plus gros consommateurs européens sont les Autrichiens avec 4,5 kg/an/personne ; les Français ne consomment que 2 kg/an/personne. Bien sûr, ces chiffres n’incluent pas ce qui se grignote au jardin !

POUR VOTRE SANTÉ, CULTIVEZ DES FRAISES
Les fraises étaient utilisées par les Romains pour élaborer des masques de beauté, les différentes parties de la plante pour soigner. Puis les utilisations thérapeutiques se sont multipliées au Moyen Âge, avec des usages très divers : éviter la mauvaise haleine, soigner les plaies, les maux de tête et de cœur… Plus tard, les feuilles ont servi à désengorger les plaies infectées, les racines à lutter contre la constipation. Aujourd’hui, on reconnaît surtout les propriétés apéritives, diurétiques et nutritionnelles du fruit. Il faut dire que sa composition nutritionnelle laisse rêveur. Peu calorique : 146 Kj pour 100 g, riche en éléments minéraux et en vitamines, c’est le dessert diététique par excellence, à condition de ne pas rajouter de crème fraîche et de sucre, bien sûr !

LES MINÉRAUXPotassium 152 mg/100 g
Calcium 20 mg/100 g
Magnésium 12 mg/100 g
Fer 0.4 mg/100 g associé à du cuivre et à du zinc qui facilitent son assimilation
Traces de molybdène, cobalt, fluor, bore
LES VITAMINESVitamine C 60 mg/100 g (+ que l’orange)
Vitamines B (B8 biotine et B9 acide folique)
Provitamine A
VALEUR ALIMENTAIREGlucides 7 g/100 g
Protéines 0.7 g/100 g
Lipides 0.5/100 g
FIBRES2.1 g /100 g

UN FRUIT EXIGEANT…
La petite rosacée vivace sait le faire, elle a des exigences et du caractère ! Des exigences en température pour produire des fruits et en lumière pour fabriquer ses feuilles et ses stolons.
Les basses températures sont nécessaires aux fraisiers pour permettre la floraison et donc une bonne production ; une fois les besoins en froid satisfaits, la plante devient frileuse car, en dessous de 12-15 °C, la floraison est difficile et la fécondation nécessite une température d’environ 20 °C, alors que la maturation du fruit se fait dès 15 °C !
Pour répondre à ces exigences, l’emplacement de la fraiseraie a son importance : il vous faut trouver une zone qui se réchauffe assez vite au printemps (en dessous de 5 °C, il y a arrêt total de croissance), mais qui n’est pas trop exposée en été, car la température optimale de croissance se situe à 25 °C. En pleine terre, dans la plupart de nos régions, inutile de mettre la culture très à l’abri ; le plus efficace est de prévoir un voile de forçage ou un tunnel en début de saison, de fin février à avril, en ayant soin de veiller à une bonne circulation de l’air, car le fraisier est sensible à la pourriture. Ce système assure une certaine précocité. Utilisez aussi ces dispositifs pour obtenir un gain thermique en fin de saison : avec des variétés remontantes, vous pourrez manger des fraises jusqu’en octobre. Le paillage est un bon complément, ou une bonne alternative si vous ne cherchez pas une production très précoce ; il offre d’autres avantages : limiter le désherbage, isoler les fruits du sol humide et donc éviter qu’ils ne pourrissent et, pour les paillages végétaux, ils apportent en se dégradant de la matière organique, phénomène très ap- précié par cette plante qui aime les sols humifères.
La lumière favorise la fructification et la maturation des fruits ; elle intervient aussi sur la croissance des plants. Au printemps, en jours longs, le plant a une forte croissance végétative : il émet des stolons, a une production élevée de feuilles et se redresse.
En automne, avec des jours courts, le plant prend un aspect plus trapu, les feuilles qui sortent sont plus réduites. C’est l’entrée en période de jours courts qui déclenche l’initiation florale ; le maintient en jours courts du plant provoque son entrée en dormance, cette dernière est levée par ses températures (entre 2 et 8 °C).

LES PLANTS
On peut obtenir des plants par semis, par division de touffe ou à partir des stolons. Bien sûr, il faut veiller à ce que le pied mère soit sain ; méfiez-vous des viroses. Si vous achetez vos plants, il vous sera sans aucun doute difficile de trouver des plants bio (les producteurs de fraises eux-mêmes ont du mal à en acheter), mais les pépiniéristes spécialisés fournissent des plants non bio d’excellente qualité. La durée de vie d’une fraiseraie est en principe de 3 ans ; elle peut être augmentée avec des plants de bonne qualité et si elle est bien entretenue.
Comment faire ? En novembre, début décembre, coupez tout le feuillage à deux centimètres au-dessus du sol ; un passage de tondeuse avec une barre de coupe bien réglée fait l’affaire. Brûlez les déchets de tonte ainsi obtenus et couvrez la planche avec des aiguilles de pins. En mars, dégagez l’excès d’aiguilles de pins, griffez le sol dans l’entre-rang pour incorporer du compost mûr, arrosez avec du purin de prêle dilué, binez et, peu avant la floraison, paillez.

LES VARIÉTÉS
Il faut bien les choisir (il existe environ 600 variétés, mais toutes ne sont pas disponibles auprès des pépiniéristes) pour assurer une production constante et adaptée à vos besoins. Pour une famille de 4 personnes, il faut compter de 60 à 80 pieds.
Première étape du choix : distinguez les variétés non remontantes des variétés remontantes ; pour ces dernières, une petite astuce consiste à supprimer la floraison de mai ; en arrosant correctement tout l’été, la production est assurée d’août aux gelées.

L’ENTRETIEN
Plante exigeante, le fraisier nécessite d’explorer un sol riche en éléments minéraux.
– En automne, faites un apport de compost brut.
– Au printemps, incorporez par griffage les restes de matière organique présents et ajoutez 3-4 kg de compost mûr par m2 additionné de lithothamne et éventuellement d’un peu de cendre de bois.
– En cours de culture, pulvérisez sur le feuillage tous les mois environ une décoction de prêle et du lithothamne.
– Sans être fragile, le fraisier est une plante convoitée par de nombreux parasites ou prédateurs ; le jardinier doit donc lui donner un petit coup de main de temps à autre.
– Si les racines sont dévorées par les larves de hannetons, piégez-les avec des plants de salades ou des morceaux de carottes.
– Si les larves de taupins se laissent tenter par les épluchures de pommes de terre, sachez qu’elles craignent les apports localisés de lithothamne (2 kg/are).
– Le feuillage criblé de taches circulaires rougeâtres sera traité avant la formation des fruits et après la récolte à la bouillie bordelaise.
– L’oïdium peut sévir sur les feuilles et les fruits : pulvérisez sur la végétation humide une solution composée à 50 % de lithothamne et à 50 % de fleurs de soufre. En préventif, les fertilisations foliaires à la décoction de prêle et celles à base de lithothamne sont efficaces.
– L’excès d’humidité ou de calcaire peut déclencher une chlorose sur les feuilles : aérez le sol, évitez les apports de calcium et arrosez le sol avec du purin de genêts. N’oubliez pas que l’ail est à la fois un bon antifongique et un répulsif pour de nombreux parasites ; vous pouvez le planter entre les rangs ou encore enterrer des gousses pour repousser les larves ou pulvériser une macération d’ail en préventif sur la végétation.

Dis petite Planète, manger des fraises précoces, combien ça (te) coûte ?
En matière de fraises non bio, l’acte d’achat n’est pas anodin et le consommateur écocitoyen doit être vigilant pour ne pas déroger à ses engagements, notamment s’il achète des fruits en provenance d’Espagne.
Pourquoi ?
– La notion d’économie d’eau y paraît totalement absente : l’arrosage épuise les nappes phréatiques, de nombreux forages sont illégaux… Peu à peu la campagne se transforme en savane sèche avec des migrations d’espèces animales déjà en faible effectif, comme le Lynx pardel.
– La région de production est polluée par un usage immodéré de pesticides et d’engrais, et par le paillage plastique (5 000 tonnes de plastiques s’envolent chaque année…).
– Ces cultures bien peu écologiques empiètent sur le parc naturel de Doñana (Andalousie), réserve ornithologique d’exception ! Seule 60 % de la production est légale, le reste correspond à des extensions non légales, mais tolérées. 2 000 hectares de forêt ont disparu pour faire place aux fraisiers !
– Pour produire des fraises très précoces hors saison, les plantations sont détruites tous les ans et les sols désinfectés au Bromure de méthyl, produit hautement toxique qui anéantit toute la faune du sol et présente des dangers pour les personnels impliqués dans la production (des travailleurs immigrés ou sans papier pour la plupart, qu’on expose à de graves affections pulmonaires).
– Autre détail croustillant : les sols sableux, qui se réchauffent vite et permettent une production précoce, sont très filtrants, le Bromure de méthyl n’a donc aucune difficulté pour rejoindre le réseau hydrique et polluer bien au-delà de la zone de culture.
– La marchandise arrive chez nous par camion (1500 km/camion de 10 tonnes) ; imaginez le bilan CO2 !
Bien sûr, toute la production espagnole n’est pas logée à la même enseigne, mais de tels faits nous confortent dans l’utilité d’adopter d’autres démarches : production dans nos jardins, achat de fruits dans le cadre d’une AMAP… En matière de fraise, le consommateur a une occasion de refuser de contribuer à un désastre écologique, sanitaire et humain !

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