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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La Loi « Biodiversité » est une victoire

Pour la biodiversité des semences cultivées

Les variétés du domaine public enfin libérées du carcan du « catalogue officiel »

Mercredi 20 juillet, l’Assemblée nationale a définitivement voté la loi « pour la reconquête de la biodiversité », après deux années de procédure législative et de nombreux revirements dans le contenu des dispositions législatives.
En tout état de cause, la loi donne une véritable bouffée d’oxygène à la biodiversité cultivée, par le biais d’un article 4 quater qui a lui-même connu de nombreuses vicissitudes, et qui est finalement devenu l’article 11 de la loi :

Article 11 : Le code rural et de la pêche maritime est ainsi modifié :
1° L’article L. 661-8 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

La cession, la fourniture ou le transfert, réalisé à titre gratuit ou, s’il est réalisé par une association régie par la loi du 1er janvier 1901 relative au contrat d’association, à titre onéreux de semences ou de matériels de reproduction des végétaux d’espèces cultivées de variétés appartenant au domaine public à des utilisateurs finaux non professionnels ne visant pas une exploitation commerciale de la variété n’est pas soumis aux dispositions du présent article, à l’exception des règles sanitaires relatives à la sélection et à la production. »
Cela signifie que toutes les associations Loi 1901 pourront désormais donner, échanger et vendre des semences de variétés du domaine public*, qu’elles soient inscrites ou non inscrites au « catalogue officiel », à des jardiniers amateurs. Seules les exigences sanitaires de la réglementation sur le commerce des semences resteront applicables.
De nombreuses associations vont pouvoir bénéficier de ces dispositions et les petites entreprises qui ne pourraient jouir de cette dérogation seront amenées à créer des associations pour distribuer des variétés « hors catalogue ».

Les jardiniers vont désormais avoir accès à une gamme très étendue de graines, aux goûts, aux formes et aux couleurs bien plus diversifiées qu’auparavant. Il faut espérer que cette biodiversité se répandra très vite dans tous les potagers de France et d’ailleurs.

Pour mémoire, ces dispositions nouvelles interviennent dans un contexte d’érosion galopante de la biodiversité agricole. En un siècle seulement, 90 % des variétés traditionnellement utilisées par les paysans à l’échelle de la planète ont déjà disparu de nos champs et de nos assiettes, selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, NDLR).
Pour cette avancée remarquable de notre droit, il faut rendre hommage au courage et à l’engagement de Mme Geneviève Gaillard, Mme Barbara Pompili, Mme Delphine Batho, Mme Laurence Abeille, M. Jérôme Bignon, Mme Evelyne Didier, Mme Marie-Christine Blandin, M. Joël Labbé, M. François Grosdidier, sans le soutien politique desquels rien n’aurait été possible à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Certes, un travail reste à faire, à l’échelle européenne cette fois, pour que les agriculteurs puissent également avoir accès à une grande diversité de ressources génétiques – et nous y travaillons ardemment –, mais, avec la loi « biodiversité » française, c’est une première brèche qui vient de s’ouvrir dans la législation sur le commerce des semences, dont il convient résolument de se réjouir.

Blanche Magarinos-Rey*
Avocat
D.E.A. Droit de l’Environnement
D.E.S.S. Droits de l’Urbanisme et des Travaux Publics

* Les variétés « appartenant au domaine public » sont toutes les variétés d’espèces cultivées qui ne sont pas protégées par un régime de propriété intellectuelle (certificat d’obtention végétale ou brevet).
* Blanche Magarinos-Rey défend les intérêts de l’association Kokopelli, régulièrement attaquée depuis des années devant les tribunaux parce qu’elle milite pour la préservation des variétés végétales anciennes et pour la liberté des semences.

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