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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’autosuffisance…

... au jardin

Organiser et cultiver son jardin pour qu’il couvre l’ensemble de ses besoins alimentaires est une façon d’être autosuffisant ; il est cependant possible d’aller plus loin…

L’idée d’avoir un jardin qui produise la totalité des légumes et des fruits dont nous avons besoin n’est pas neuve. Mais faut-il s’arrêter là ou prévoir aussi d’être autonome sur d’autres plans et donc, par exemple, de réduire l’achat de graines, d’engrais, de matériel… ? Comment mettre en place un tel projet et lui assurer un développement harmonieux ?

Jardiner pour être autosuffisant

En deux mots, c’est globalement réduire ou arrêter les achats de légumes, fruits, mais aussi aromates, condiments, tisanes… C’est éventuellement aussi produire (1) des graines, des plants, des plantes et également des auxiliaires (insectes ou autres) pour soigner son jardin. C’est aussi fabriquer du compost, du paillage, des châssis, des tuteurs, des paniers, des liens, des outils… Alors jusqu’où aller ? Il y a une nuance entre autosuffisance et autarcie !

À chacun de se déterminer. N’oublions pas que, pour changer ses pratiques, il faut y trouver du sens et pas trop de contraintes !

Aller vers l’autosuffisance au jardin pour quoi faire ?

=> Pour échapper aux produits phytosanitaires, aux cultures sur des substrats de qualité douteuse, aux produits cultivés de façon artificielle, aux légumes et fruits sans goût car trop « poussés »…

=> Pour échapper aux circuits de distribution qui rémunèrent peu les producteurs alors que les prix pour le consommateur restent élevés.

=> Pour sortir de la spirale d’achat, de consommation, de dépendance vis-à-vis du commerce qui peut imposer des produits, notamment en ne proposant pas d’autre choix ou en nous séduisant… !

=> Pour réduire le bilan carbone de sa consommation alimentaire.

=> Pour contribuer à maintenir ou développer la biodiversité locale, préserver le patrimoine que constitue le savoir-faire des jardiniers…

=> Ou tout simplement pour être heureux de produire l’essentiel, la majorité des produits qui constituent son alimentation.

Penser le projet globalement pour en mesurer tous les aspects

L’autosuffisance au jardin nécessite de trouver un équilibre entre le jardiner autrement et le manger autrement. L’autosuffisance quantitative ne requiert pas les mêmes stratégies (2), les mêmes surfaces et le même investissement en temps, qu’une autosuffisance alimentaire qui intègre la qualité nutritionnelle (teneur en matière sèche, teneur en oligo-éléments et vitamines) et la qualité gustative. La satisfaction qualitative des besoins alimentaires conduit nécessairement à diversifier les espèces cultivées, à maintenir la biodiversité et l’équilibre écologique du jardin pour que cette pratique de jardin autosuffisant soit viable sans pesticides et envisageable sans y passer tout son temps. Bien réussir un jardin autosuffisant, c’est bien penser la combinaison suivante : (surface x fertilité initiale) x (espèces cultivées x besoins alimentaires) x (temps disponible pour jardiner) x (intrants) (3). Cette réflexion conduit tout droit vers des choix qui conditionnent le projet et sa longévité.

La surface disponible et la fertilité initiale

Si l’on consière qu’il faut environ 150 à 180 kg de fruits et légumes pour couvrir, tout au long de l’année, les besoins d’une personne ayant une consommation modérée de pommes de terre (2 kg/semaine maximum), de viande ou de poisson, le calcul de la surface nécessaire amène les ordres de grandeur suivants (4) :
Pour de la culture bio avec engrais verts : 80 m² avec 10 m² de verger (hors petits fruits), 10 m² consacrés aux aromates, fines herbes et plantes pour soigner les cultures, un châssis couche chaude, un tunnel ou une serre froide, un espace compost-broyage-stockage. L’utilisation de bois raméal fragmenté et une culture sur buttes pour une partie du potager peut réduire de 20 m² la surface nécessaire.
Les expériences en permaculture donnent des résultats bien en- deçà : un jardin de 25 à 30 m² semble adapté pour assurer l’autosuffisance en fruits et légumes d’une personne. Rien de surprenant, la réduction importante de la surface nécessaire s’explique notamment par une fertilité du milieu organisée et entretenue de différentes manières : diversité des végétaux présents, un point d’eau, une zone à l’ombre, l’apport constant et conséquent de matière organique, couverture permanente du sol…

Le choix des espèces à cultiver

Il est déterminé par la possibilité d’étaler la production sur la plus grande partie de l’année. Diversifiez les espèces ou, pour certaines espèces (carottes, salades, radis choux, pommes de terre…), choisissez des variétés précoces ou tardives, des variétés de printemps, d’été ou d’automne, voire des variétés adaptées à la culture sous abri en hiver, comme la batavia, par exemple. Pour les basiques du jardin : poireaux, choux, salades, radis, carottes, oignons, navets… vous avez le choix et, dans les régions à climat océanique, vous produirez toute l’année !

L’organisation du jardin

Pour atteindre l’objectif de l’autosuffisance, deux critères sont à prendre en compte : les espèces avec la durée de leur cycle cultural et les possibilités de succession des espèces dans le temps.

Il faut donc lister les espèces à cultiver, établir un calendrier des semis et le nombre de semis possibles par an, calculer la durée de culture, noter la date de récolte prévisionnelle et chercher l’espèce qui pourra prendre le relais.
Cela nécessite aussi de prendre en compte les besoins en lumière, eau, profondeur de sol… et les avantages de la succession culturale : les légumineuses enrichissent le sol en azote disponible, il est logique d’en faire profiter les légumes gourmands (exemple : aubergine, choux, épinard, tomate), soit en les installant à proximité, soit en les semant après la récolte des haricots primeurs.

À retenir, quelques éléments pratiques :
• En semant tôt, vous augmentez le nombre de récoltes/an sur la même zone.
• Pour gagner quelques degrés au niveau du sol, couvrez-le avec un paillis sombre ou éventuellement un plastique noir.
• Semez la culture suivante entre les pieds de la culture précédente encore en place (les salades abritent les radis ou les carottes, les salades de printemps les premiers plants de tomates).
• Dès que le gros de la production est ramassé, arrachez les plants qui enrichiront le compost et laisseront plus vite la place à la culture suivante.

La permaculture

Cette pratique culturale en plein développement offre une efficacité productive par m² intéressante pour ceux qui envisagent un jardin autosuffisant à partir de 25-30 m².

Cette stratégie de culture s’appuie sur les grands principes suivants :
• Un sol vivant : non retourné, non compacté, couvert le plus possible avec du paillage ou des cultures, nourri en permanence (déchets laissés sur place, racines des plantes récoltées laissées sur place…)
• Une densité forte par m² tout en associant les espèces pour limiter les risques sanitaires et favoriser l’utilisation des ressources en lumière et en eau.
• La création de zones avec fonctions écologiques différentes : petit bassin, zone boisée (haie…), zone de culture.
• Une utilisation optimale du temps passé : en permaculture, les interventions sont réduites au minimum ; utilisation optimale des ressources (lumière, eau, carburant…) ; réduction des intrants (limiter les achats de graines, de matériel…).
• Penser l’organisation du jardin dans une logique de systèmes : la haie a de multiples fonctions dont le maintien de la biodiversité qui lui-même repose sur le choix et la diversité d’espèces, la préservation des espèces indigènes, l’installation d’un bassin, une tonte plus tardive…

Notes :
(1) On peut envisager le ramassage ou la cueillette chez les agriculteurs bio qui les proposent.
(2) En cultivant uniquement des pommes de terre et des haricots grains, dans l’absolu on peut couvrir ses besoins alimentaires !
(3) On appelle intrants les éléments nécessaires au jardinage qui ne sont pas produits au jardin (exemples : semences, eau, énergie…).
(4) Il ne peut s’agir que d’ordres de grandeur, les facteurs à prendre en compte sont nombreux (fertilité, type de sol, gestion de la matière organique, quantité d’eau disponible, diversité des productions…).

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