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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les marqueurs tumoraux sériques (MTS)

Des sentinelles du cancer, utiles certes, mais qui ne doivent pas vous faire paniquer !

Dépister un cancer avant les premiers signes et parfois avant même qu’il soit détectable par les moyens d’imagerie habituels et ce, grâce à une simple prise de sang… tel est l’objectif qu’on serait tenté d’attribuer aux marqueurs tumoraux sériques.

Attention! Sauf rares exceptions, force est de constater que leur dosage n’est pas une panacée en matière de dépistage, qu’il soit individuel ou de masse. Leur utilité réside essentiellement dans la détection d’une rechute ou de métastases ou encore dans la surveillance de l’efficacité des traitements. Les marqueurs tumoraux nécessitent une interprétation prudente en fonction de chaque cas.

Dépistage des sujets à risque, aide au diagnostic dans certains cas, aide thérapeutique lors d’un traitement, surveillance d’une rechute éventuelle ou détection des métastases… les marqueurs tumoraux sériques (MTS) sont d’une utilité indéniable dans bon nombre de situations. Pour autant, leur utilisation doit être bien codifiée et maîtrisée. Car, en médecine, on ne soigne pas un chiffre anormal… mais un individu, sur la constatation de signes cliniques pathologiques étayés par des examens complémentaires. Et non le contraire. Les MTS font partie des examens complé- mentaires, ni plus ni moins. La prudence est de rigueur, car on ne compte plus les erreurs du fait d’interprétations trop hâtives.

Les MTS, kézako ?

Les MTS sont des molécules (des protéines le plus souvent) produites par les cellules cancéreuses et que l’on peut mesurer dans le sang. Ils peuvent l’être également dans d’autres liquides physiologiques.
Schématiquement, on distingue trois sortes de MTS qui correspondent :
=> À la prolifération même des cellules tumorales.
=> À l’expression d’un gène issu des cel- lules cancéreuses, comme l’alpha-fœto-protéine (AFP) ou l’antigène carcino-embryonnaire (ACE).
=> À la “différenciation” des cellules cancéreuses, un phénomène complexe qui va produire des molécules habituellement absentes.

Autant de marqueurs que de cancers

D’une façon générale, il y a autant de MTS différents qu’il y a de type de cancers. En clair, à chaque cancer correspond un voire plusieurs marqueurs particuliers. À titre d’exemple, trois MTS peuvent s’élever en cas de cancers du poumon : l’ACE, le Cyfra 21-1 ou encore la neurone-spécifique énolase (NSE) alors que, dans les cancers de l’ovaire, sont concer- nés le CA 125 et le CA 72-4. En revanche, seul le PSA (Prostatic Specific Antigen) et la calcitonine sont spécifiques d’un organe et un seul (respectivement prostate et thyroïde).

Les techniques d’avenir

De nombreux nouveaux marqueurs sont à l’étude et devraient faire leur apparition dans les années à venir :
=> La matrilysine, dans le mélanome, autrement dit la forme de cancer cutané la plus redoutable. Le dosage sanguin de cette protéine, déjà connue pour aug- menter dans de nombreux autres cancers, permettrait d’apprécier le pronostic de la maladie et notamment la progression du mélanome ainsi que la survie des malades après 5 ans d’évolution.
=> Débris d’ADN tumoral, pour le diagnostic précoce du cancer colorectal.
=> L’ostéopontine, dans le cancer de l’estomac.
=> L’HBME 1 et le CK 19 dans certains cancers de la thyroïde (carcinome papillaire).

On peut être en voie de rémission ou même guéri et continuer à avoir un taux élevé de marqueurs dans le sang !

Peu spécifiques et peu sensibles pour la pluparts

Les marqueurs tumoraux ne sont pas très spécifiques, surtout dans la série des CA (Cancer Antigen), car certains correspondent également à des marqueurs de l’inflammation. En clair, ces MTS peuvent augmenter dans d’autres pathologies et parfois même dans plusieurs cancers. C’est le cas par exemple du CA 19-9 (Cancer Antigen 19-9) qui voit son taux s’élever en cas de cancer du pancréas mais aussi lors de certains cancers des voies digestives. De la même façon, les MTS ne sont pas très sensibles pour la plupart. Ils peuvent s’avérer négatifs alors qu’il existe bel et bien un cancer. Vous l’aurez compris, les MTS ne sont pas fiables à 100 % (voir encadré “fiabilité”). Le dosage recèle des erreurs qui peuvent s’avérer dramatiques, dans un sens (dépistage d’un cancer qui n’existe pas… mais traité dans le doute !) ou dans l’autre surtout (laisser évoluer un authentique cancer non dépisté par le dosage du marqueur tumoral qui s’avère normal). Une première conséquence s’impose : avant toute décision importante de traitement ou d’abstention, un dosage anormal ou inattendu doit toujours être contrôlé par un dosage supplémentaire. Sans autre précision, un dosage élevé n’est donc jamais une preuve absolue de la présence d’un cancer. L’inverse est également vrai : un dosage négatif n’élimine pas formellement l’existence d’un cancer. Seconde conséquence, il faut toujours rester prudent dans l’interprétation d’un résultat en l’absence d’autres éléments. L’interprétation des résultats est l’une des difficultés inhérentes à la prescription du dosage des MTS.

Ne pas en faire une méthode de dépistage ou de diagnostic…

Inutile de demander à son médecin le dosage systématique “à l’aveugle” des MTS. En effet, sauf exception (dosage de la calcitonine pour rechercher un cancer “médullaire” de la thyroïde dans les familles à risque), on peut avoir un dosage élevé d’un marqueur tumoral sans avoir nécessairement de cancer et ce, du fait d’un manque de spécificité comme on l’a vu! Une particularité qui rend donc difficile un dépistage par cette seule manière. Rappelons que le dépistage consiste à mettre en évidence un cancer pour lequel il n’y a pas encore de signe clinique d’alerte. En outre, le dépistage n’a d’intérêt que lorsque la découverte précoce d’un cancer permet d’entrevoir un traitement efficace. À titre d’exemple, l’ACE, un des MTS les plus anciennement utilisés, peut s’élever en cas de tabagisme, de bronchite chronique ou de pathologie du foie! Le seul dosage des MTS ne permet pas d’en faire un outil de dépistage efficace. À plus forte raison dans le dépistage de masse.

… mais une aide thérapeutique

En réalité, l’avantage du dosage des marqueurs tumoraux réside surtout dans le fait qu’ils peuvent donner des informations sur le choix d’une thérapeutique, devant un taux élevé de PSA dans le cancer de la prostate par exemple, sur l’efficacité de la thérapeutique anticancéreuse choisie (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie….), sur l’extension du cancer, sa rechute ou la survenue de métastases. En effet, les marqueurs diminuent lorsque la tumeur régresse ou augmentent quand elle s’étend, récidive ou métastase. Mais comme pour le dépistage, il ne faut pas en déduire des conclusions hâtives. Tout résultat doit être interprété en fonction de l’examen clinique et des autres examens complémentaires et les marqueurs ne reflètent pas forcément le présent.

Fiabilité *

– ACE:50%
– CA15-3:50%
– CA125:60%
– CA19-9:50%
– PSA:70%

* Données issues de l’ouvrage du Dr Philippe Lagarde “Cancers, questions et réponses en l’état actuel de la science”, Guy Trédaniel Éditeur, 343 pages, 24 euros.

Une certaine inertie

La plupart des marqueurs tumoraux ont une inertie lors de leur augmentation et surtout lors de leur diminution. En d’autres termes, ils ne baissent qu’après un certain laps de temps, de 2 mois jusqu’à 18 mois parfois après la fin d’un traitement, même efficace! Une conséquence s’impose: on peut être en voie de rémission ou même guéri et continuer à avoir un taux élevé de marqueurs dans le sang! Enfin, il vaut mieux savoir que les laboratoires proposent des techniques différentes de dosage. Dans la mesure du possible, il vaut donc mieux faire ses dosages dans le même laboratoire lorsqu’il s’agit d’un suivi thérapeutique.

Ce qu’il faut retenir

⇒ Les marqueurs tumoraux ne peuvent se substituer aux méthodes de dépistage classiques et reconnues. Ils sont complémentaires.
⇒ La plupart des marqueurs tumoraux ne sont pas fiables à 100 % car ils ne sont ni assez spécifiques ni assez sensibles.
⇒ Choisissez le même laboratoire pour des dosages répétés dans le cadre d’un suivi thérapeutique ou d’une surveillance de récidive.
⇒ Lors d’un premier dosage, tout résultat anormal doit être vérifié par un nouveau prélèvement.

Les principaux marqueurs utilisés

Cancer du sein

Le CA 15-3 (Cancer Antigen 15-3) est une protéine sécrétée par les cellules cancéreuses de la tumeur mammaire. Mais pas seulement.
Peu spécifique. Le CA 15-3 n’est pas très spécifique du cancer du sein puisqu’on assiste à une élévation du CA 15-3 lors d’autres cancers, comme le cancer du pancréas, de l’ovaire ou du poumon ou en cas de kyste ovarien ou de calcul rénal.
Utilité. Le CA 15-3 est indiqué dans le suivi thérapeutique et dans la surveillance d’une récidive. Mais attention, dans 6 à 8% des cas, le CA 15-3 peut être élevé en l’absence de récidive.
Dosage. Le dosage du CA 15-3 est considéré comme normal lorsque le taux est inférieur à  30 Unités Internationales (UI) par millilitre (ml).
Dépistage. L’examen clinique et la mammographie restent les méthodes de dépistage de choix.

Cancer de la prostate

Le PSA (Prostatic Specific Antigen) est une protéine sécrétée seulement par la prostate. Le PSA est donc absent chez la femme.
Peu spécifique. Si le PSA ne concerne effectivement que la prostate, pour autant il n’est pas spécifique du cancer puisqu’on constate son élévation dans l’adénome de la prostate ou son inflammation (prostatite). D’une façon générale, le PSA est lié à la taille de la prostate. Enfin, il faut savoir que la palpation prostatique via le toucher rectal a tendance à élever le taux.
Utilité. On l’utilise surtout pour guider le traitement et surveiller son efficacité après l’arrêt thérapeutique.
Dosage. Le dosage est considéré comme normal lorsqu’il est inférieur à 4 ng/ml.
Dépistage. Le dosage des PSA peut être utilisé pour le dépistage du cancer de la prostate, à condition d’être accompagné par un toucher rectal et une échographie prostatique. Le dosage des PSA permet en revanche de surveiller l’éventualité d’une récidive lorsqu’il augmente.

Les cancers et leurs(s) marqueur(s)

⇒ Cancers du pancréas : CA 19-9 (cancer antigen 19-9).
⇒ Cancers de la thyroïde : calcitonine, une hormone assez sensible et spécifique du cancer thyroïdien.
⇒ Cancers de l’ovaire : CA 72-4 et surtout le CA 125. Ce dernier n’a pas de valeur pronostique mais une valeur thérapeutique dans le suivi de l’efficacité du traitement. Une élévation du taux de CA 125 précède de plusieurs mois les signes cliniques de récidive. Mais attention, le CA 125 s’élève également en cas de péricardite (inflammation du péricarde, l’enveloppe qui entoure le coeur), d’endométriose, de fibrome utérin, de kyste ovarien lors des règles et pendant la grossesse. En revanche, il baisse lors de la ménopause.
⇒ Cancers des voies digestives : CA 19-9, ACE, 5-HIAA urinaire (métabolite de la sérotonine).
⇒ Cancers du côlon : ACE (valeur pronostique et thérapeutique).
⇒ Cancers de l’estomac : CA 72-4, ACE.
⇒ Cancers du testicule : HCG (hormone gonadotrophine chorionique), AFP (valeur diagnostique et pronostique).
⇒ Cancers du poumon : ACE, Cyfra 21-1, neurone-spécifique énolase (NSE).
⇒ Cancers du foie : AFP (détection précoce et détection des récidives. Assez sensible). L’AFP peut s’élever également en cas de grossesse.
⇒ Cancers dits “neuro-endocrines” : NSE.

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