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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les OGM

Les Français, dans leur grande majorité, sont favorables à leur interdiction temporaire, le temps d’évaluer leur impact sur la santé et l’environnement.
Les scientifiques sont partagés ou manquent encore de données pour porter une réponse définitive sur bien des questions au sujet des OGM. Transposition du droit communautaire oblige, les parlementaires français, de débats houleux en polémiques sur l’influence des lobbies, tracent le cadre d’une réglementation bien controversée. Et pendant ce temps, les OGM continuent de pousser partout dans le monde, de constituer une partie de plus en plus importante de la nourriture du bétail destiné à la consommation humaine, et arrivent, directement ou non, dans nos assiettes…

Qu’est-ce que c’est ?

Les OGM, ou Organismes Génétiquement Modifiés, ont vu leur matériel génétique modifié par l’introduction d’un ou de plusieurs gènes étrangers, dans le but de leur conférer des caractéristiques nouvelles. De tout temps, les organismes vivants ont subi des modifications naturelles de leur patrimoine génétique : c’est le principe même de l’évolution.
Mais, depuis une trentaine d’années, l’homme a commencé à intervenir directement dans le génome de plantes, animaux ou bactéries, poussant la logique ancienne de la sélection et du croisement des espèces, pratiqué notamment dans l’agriculture, jusqu’à la manipulation de l’ADN, au coeur des cellules.

Quel est l’intérêt ?

À l’origine des OGM : de grands espoirs, qui ont dirigé leur développement sur plusieurs axes de recherches.

L’accroissement des rendements

La quasi totalité des plantes transgéniques aujourd’hui sont modifiées pour tolérer les herbicides ou sécréter des toxines afin de se défendre contre leurs parasites. D’autres, encore à l’étude, visent l’augmentation de la résistance à la sécheresse, aux températures extrêmes, à la pauvreté des sols… Culture plus facile sous tous les climats avec moins de pertes : les défenseurs des OGM voient là une solution à la malnutrition qui touche 2 milliards d’hommes, de femmes et d’enfants sur notre planète.

Un moindre recours aux pesticides et engrais

Les OGM étant conçus pour résister aux atteintes de leurs prédateurs naturels, les substances chimiques utilisées pour leur culture deviennent en partie inutiles. C’est l’argument écolo des pro-OGM.

Des plantes-médicaments

Des OGM existent déjà qui sécrètent des vitamines ou des sels minéraux, ce qui permettrait de compenser certaines carences. L’exemple le plus connu est celui d’un riz enrichi en bêta-carotène, précurseur de la vitamine A. Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le manque de vitamine A engendre de graves troubles oculaires chez près de 200 millions d’enfants. La recherche s’oriente également vers des plantes ou bactéries modifiées pour sécréter des protéines à usage pharmaceutique ou des molécules anti-cancéreuses.

Que leur reproche-t-on ?

Portés par leurs avantages prometteurs, les OGM ont été développés et mis en culture sans que l’on connaisse précisément leurs impacts réels. D’où les fortes inquiétudes qui planent à leur sujet.

Des risques pour la santé des organismes humains

On redoute d’abord l’effet potentiellement toxique OGM «sécréteurs de pesticides ou de toxines». À quel niveau ces nouveaux gènes, nocifs pour les insectes et les nuisibles (c’est leur rôle), peuvent-ils l’être pour l’homme ? À quelles doses et à quel terme ? Pour le savoir, il faut pratiquer des tests toxicologiques à différents dosages et avec des temps d’expositions variables. Or, seules des études de toxicologie limitées ont jusqu’à présent été conduites.
On redoute aussi des phénomènes d’intolérance : un gène issu d’une espèce allergène (comme l’arachide) peut-il transférer cette propriété à une plante qui a priori ne l’était pas ? Les premières expériences menées sur le sujet tendraient à prouver que la réponse est largement positive. D’autre part, les protéines contenues dans ces nouveaux génomes peuvent-elles se révéler sources d’allergies nouvelles ? On manque encore de recul pour trancher cette question, mais le doute est, là encore, très fort.

Une contamination de l’environnement

Il est établi que les plantes transgéniques cultivées en plein champ peuvent, par le biais de leur pollen, transférer leur matériel génétique aux variétés apparentées qui poussent dans le voisinage. La loi a beau prévoir des zones tampon, ce flux de gènes est un phénomène incontrôlable, dépendant des vents, des précipitations ou des insectes pollinisateurs. Aux États-Unis, le pollen du gazon d’un golf rendu tolérant à un herbicide a ainsi largement dépassé la zone de sécurité, et a été retrouvé à 21 km de distance… Un champ traditionnel, ou même bio, peut ainsi se retrouver contaminé à l’insu même de son propriétaire, et de façon irréversible.

Des promesses non tenues défendues par des lobbies trop puissants

Les associations écologiques et autre confédération paysanne ne décolèrent pas : non, clament-ils, et même si on admettait le fait qu’on joue aux apprentis sorciers en les répandant partout dans le monde sans en connaître les conséquences, les OGM n’offrent pas les avantages promis. Les Amis de la Terre dressent ainsi un premier bilan de 10 ans de culture OGM : durant cette période, on n’a pas enregistré de diminution dans l’utilisation des pesticides, au contraire. Et ça risque d’être encore pire : de l’avis général, le cycle même de l’évolution rend probable l’apparition d’insectes résistants aux toxines sécrétées par certaines plantes OGM pour se protéger de ravageurs. Ce qui contraindrait à terme à produire de nouveaux pesticides, toujours plus puissants et toxiques, pour s’en débarrasser. Pas non plus de bénéfices pour les pays pauvres, les OGM étant surtout destinés pour l’instant à l’alimentation du bétail des pays riches ou à la production d’éthanol pour leurs voitures. Les paysans des pays les moins favorisés ayant même vu pour beaucoup leur situation se dégrader, quand ils sont obligés d’acheter leurs semences brevetées chaque année à une multinationale surpuissante…

Quel sera le statut des OGM en France ?

Le texte discuté récemment par les parlementaires français pose le principe de la «liberté de consommer et de produire avec ou sans OGM». Petite nuance à ce principe : cette liberté ne doit pas nuire «à l’intégrité de l’environnement et à la spécificité des cultures traditionnelles et de qualité». Diverses dispositions sont censées faire respecter ce qui ressemble fort à un voeu pieux, à commencer par celle qui vise ainsi à protéger les AOC (Appellation d’Origine Contrôlée). En grande partie vidée de son sens en 2e lecture au Sénat, elle n’a pas non plus été étendue aux Parcs naturels, par exemple. En revanche, le «délit de fauchage» a bel et bien été entériné, assorti de deux ans de prison et de 75 000 € d’amende qu’encourront désormais tous les opposants actifs aux cultures en pleins champs. À noter que si la production sera contrôlée sur le territoire français, les importations, elles, resteront autorisées.

Comment les éviter ?

Malgré une discussion parlementaire acharnée à ce sujet, les OGM contenus dans une denrée alimentaire n’auront toujours pas à être déclarés tant qu’un ingrédient ou un additif entrant dans sa composition n’atteint pas le pourcentage de 0,9 % (alors que le taux de détection se situe autour de 0,1 %). Dans ce cas, ils peuvent être signalés par diverses mentions (attention, elles ne figurent jamais en très gros caractères sur les étiquettes !) : «Issu d’OGM», «Produit à partir de soja/maïs génétiquement modifié», «Contient des [noms des ingrédients] fabriqués à partir de soja/maïs génétiquement modifié ou génétiquement modifiés», «Génétiquement modifié», «Modifié par les biotechnologies modernes»…
À savoir : un éleveur n’est toujours pas obligé de déclarer si ses animaux ont reçu une alimentation contenant des OGM. La viande (boeuf, porc, agneau, volaille…), la charcuterie, les oeufs, le lait, le beurre, la crème ou le fromage provenant de ces animaux ne sont ainsi, de fait, pas soumis à l’étiquetage concernant les organismes génétiquement modifiés… On le rappelle : plus de 80 % des OGM produits aujourd’hui sont destinés à l’alimentation des animaux d’élevage. Seul le bio se les interdit totalement. On peut donc, toujours, consommer des OGM sans le savoir…

Une âme de détective ?

L’association écologiste Greenpeace, avec l’aide de tous les volontaires sur le terrain (dans les magasins des villes comme dans les champs des campagnes), traque et dénonce les denrées alimentaires contenant des OGM par le biais d’un site Internet : «Détectives OGM»(1). Noms et marques des produits, magasins où ils sont en vente, étiquettes scannées à l’appui : Greenpeace recense ainsi une petite trentaine de références en vente en France, au premier rang desquelles on trouve plusieurs sortes d’huiles de soja, des produits à base de marshmallow ou de pop-corn, de la farine de maïs, des préparations pour gâteaux de marques étrangères (surtout américaines), des beurres de cacahuètes, des sauces toutes prêtes, et même une bière…

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Pour nous prémunir du risque de nouvelles pandémies…

« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la Covid-19 relève du surréalisme, pas de la science », déclarait Luc Ferry dans L’Express du 30 mars 2020, contredisant ce qu’affirme pourtant la soixantaine de scientifiques du monde entier que Marie-Monique Robin a pu interroger pendant le premier confinement. Son livre La Fabrique des pandémies réunit ces entretiens dans une enquête passionnante qui explique comment la déforestation, l’extension des monocultures, l’élevage industriel et la globalisation favorisent l’émergence et la propagation de nouvelles maladies. Non seulement la pandémie de Sars-CoV-2 était prévisible, mais elle en annonce d’autres.

Oui, les herbicides sans glyphosate sont aussi des poisons !

Les débats sur l’interdiction du glyphosate seraient-ils un leurre ? La molécule n’est sans doute pas la plus toxique parmi les produits qui composent le Roundup de Monsanto, mais c’est le seul déclaré. C’était déjà une des conclusions des recherches du Pr Gilles-Éric Séralini et de son équipe en 2005. À la suite d’une de ses nouvelles études sur les produits cachés dans les herbicides nouvelle génération commercialisés sans glyphosate, neuf associations de défense de l’environnement ont porté plainte le 1er décembre dernier auprès des autorités sanitaires.

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