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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Quand bébé a la jaunisse

Chaque année, 90 000 femmes enceintes rhésus négatif donneront naissance à des enfants de rhésus positif, susceptibles de développer un ictère, autrement dit une jaunisse et une grave anémie. En cause, une incompatibilité entre le sang de la mère et celui de son enfant. C’est l’incompatibilité fœto-maternelle.

Difficile de comprendre le phénomène de l’incompatibilité fœto-maternelle sans rappeler les principes de fonctionnement des groupes sanguins, au nombre de 4, le système ABO d’une part et le système rhésus d’autre part, celui qui pose le plus de problème en matière de compatibilité sanguine entre la mère et l’enfant. Schématiquement, 85% de la population, deux sexes confondus, portent en surface sur leurs globules rouges le groupe sanguin appelé “rhésus”. On les appelle donc “rhésus positif”. Les 15% restants sont dits “rhésus négatif”. Si ces globules rouges rhésus négatif sont mis en contact avec du sang contenant des globules rouges avec rhésus positif, lors d’une transfusion sanguine par exemple, l’organisme receveur va développer des anticorps dirigés contre les globules rouges transfusés, jugés comme étant étrangers. Ceci est valable même s’ils sont du même groupe sanguin A, B ou O. Ces anticorps sont appelés “agglutinines”. Ces agglutinines vont attaquer les globules rouges rhésus positif et vont les détruire, libérant alors de l’hémoglobine dans le sang, rapidement dégradée en un pigment jaunâtre, la bilirubine, responsable de la jaunisse du bébé. Un pigment qui peut s’accumuler au niveau du cerveau et causer des lésions cérébrales graves, responsables de dizaines de décès chaque année en France. Vous l’aurez compris, la gravité de l’incompatibilité fœto-maternelle dépasse largement l’aspect inesthétique de la jaunisse!

GROS PLAN SUR LE RHÉSUS !

Le rhésus sanguin tire son nom d’un singe, le Macacus rhesus, qui servit de cobaye dans les années 30 et chez qui l’on retrouva ce groupe sanguin. En réalité, le système rhésus comporte 5 antigènes différents, dont celui appelé “D”, le plus important, car responsable de l’appartenance au groupe rhésus positif lorsqu’il est présent. Être de rhésus négatif, c’est ne pas posséder l’antigène D.

Papa positif, Maman négative

Chaque année, on compte 165 000 femmes rhésus négatif enceintes, dont 90 000 donneront naissance à des enfants de rhésus positif. Si le père de l’enfant est rhésus positif et la mère, rhésus négatif, il y a une chance sur deux pour que l’enfant soit rhésus positif. Bien heureusement, tous ces bébés ne souffriront pas d’une jaunisse et d’un ictère! Soins, surveillance et prévention obligent! Chaque année, on dénombre quand même 700 cas d’ictère grave du nouveau-né. D’une façon générale, le problème survient lorsque les globules rouges fabriqués par l’enfant dans sa moelle osseuse circulent dans le sang de la mère (0,1 ml de sang fœtal suffit!), qui va se défendre contre ces globules rouges, jugés étrangers. La mère se défend en fabriquant des agglutinines dites “irrégulières” qui vont se retourner contre le sang de l’enfant en passant par le placenta. D’où la jaunisse et l’anémie qui apparaissent dès la naissance de l’enfant. On parle d’ailleurs de “maladie hémolytique du nouveau-né”. Le risque est beaucoup plus important pour une seconde grossesse si le bébé est encore de rhésus positif, car les anticorps ont eu plus de temps pour se constituer. Les atteintes peuvent commencer dès la vie fœtale.

Surveillance

Les séquelles cérébrales possibles justifient une surveillance de la grossesse et la détermination systématique des groupes sanguins paternel et maternel, surtout lorsque la première grossesse s’est soldée par un enfant ictérique ou, bien entendu, si les rhésus sanguins maternel ou paternel, déjà connus, se prêtent à une incompatibilité fœto-maternelle. On devra rechercher dès le début de la grossesse la présence d’agglutinines dans le sang maternel, puis à 28 semaines de grossesse, puis une fois par mois dans le dernier trimestre, une période à haut risque d’atteinte fœtale lors de la grossesse! C’est une obligation légale. Suivant les risques encourus par l’enfant et sa tolérance à l’incompatibilité, on peut opter pour un accouchement prématuré.

Vaccination antirhésus

Il est possible de “vacciner” préventivement la maman rhésus négatif non immunisée (qui n’a pas encore développé d’anticorps contre les globules rouges fœtaux) si le père est rhésus positif, que l’enfant s’avère rhésus positif ou non. Cette vaccination consiste à injecter à la mère des “gammaglobulines anti-antigène D” tout le long de la grossesse et dans les 3 jours qui suivent l’accouchement. Ces gammaglobulines vont se fixer sur les globules rouges de l’enfant et vont détruire l’antigène D responsable de l’incompatibilité fœto-maternelle avant que la mère n’ait eu le temps de développer les agglutinines.

Et les groupes sanguins ABO?

Tout comme pour le rhésus, l’enfant peut être porteur d’un groupe sanguin différent de sa mère, pour peu que le père soit porteur d’un groupe différent de celui de la mère. Une incompatibilité est donc possible, mais s’avère beaucoup moins sévère en comparaison du système rhésus. Cette incompatibilité ne se manifeste jamais pendant la vie fœtale, au contraire de celle liée au rhésus, mais 24 heures après la naissance, sous la forme d’un ictère. L’anémie est beaucoup moins sévère.

De la lumière pour lutter contre la jaunisse…

La photothérapie, autrement dit l’usage de la lumière, permet de diminuer l’ictère. Ce traitement consiste à placer le nouveau-né sous une lumière intense de couleur bleue. Cette lumière, dont la longueur d’onde se situe entre 380 et 500nm, accélère la dégradation de la bilirubine, et donc, diminue l’ictère au niveau de la peau bien entendu, et surtout au niveau du cerveau. Une protection oculaire et un écran anti-brûlures permettent d’éviter les effets secondaires de ce traitement très efficace.

…Ou un changement de sang!

Dans les cas graves d’anémie et d’ictère, il faut recourir à l’exsanguino-transfusion qui consiste à remplacer le sang circulant dans le corps du nouveau-né par le sang d’un donneur compatible. On retire ainsi la bilirubine responsable de l’ictère et on compense l’anémie avec les globules rouges du donneur.

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