La ménopause, une construction sociale
La fabrique de la ménopause
Cécile Charlap. CNRS Éditions
272 pages
14 x 22 cm
20 €.
Dans cette thèse brillante, la sociologue Cécile Charlap étudie le phénomène physiologique de la ménopause à travers la construction sociale qui lui est associée. Stérilité, déséquilibre hormonal, troubles multiples et augmentation des risques de maladies, la ménopause est aujourd’hui assimilée à un ensemble de pathologies auxquelles les femmes doivent se préparer physiquement et psychologiquement afin d’affronter des symptômes assimilés non seulement au vieillissement mais aussi au deuil de leur féminité.
Les injonctions sont partout, dans les médias ou la publicité. Le terme qui étymologiquement désigne simplement la fin des menstrues a été inventé au début du XIXe siècle par Charles de Gardanne, un médecin français. Il témoigne à la fois de l’héritage de la place des femmes dans la société occidentale et de la volonté scientifique de l’époque de caractériser et de hiérarchiser la différence entre les sexes. Dans d’autres sociétés, chez les Béti au Cameroun ou les Indiens Piegan du Canada, par exemple, la fin des règles donne accès au pouvoir. Au Japon, le terme n’existe pas, la ménopause est un non-événement. Nos conceptions n’ont rien d’universel. Pour prolonger l’étude de Cécile Charlap, une trentaine de femmes en France de tous les milieux sociaux lui répondent.
En conclusion, les femmes actives des milieux urbains sont les plus préoccupées pour invisibiliser ce phénomène. Une mise au point historique salutaire sur la construction des genres et des tabous sociaux.