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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Écologue, la voix de la nature

Rencontre avec un écologue urbain

Inconnu du grand public il y a encore une quinzaine d’années, le métier d’écologue est plus que nécessaire aujourd’hui. Ces spécialistes de la nature observent les milieux naturels et leur évolution. Ils nous alertent aujourd’hui sur le recul de la biodiversité. Nous avons rencontré Marc Barra, écologue des milieux urbains à l’agence régionale de la biodiversité.

Marc Barra se passionne pour le vivant, le fonctionnement des végétaux, l’évolution des populations d’insectes ou d‘oiseaux. Surtout, il s’intéresse à la place de la nature dans nos lieux de vie, particulièrement en ville. Il est écologue. Ce n’est pas la même chose qu’un écologiste. L’écologue est un scientifique qui étudie le vivant dans toutes ses dimensions. Ce métier compte énormément de spécialités, autant que de milieux différents sur la planète : l’écologie marine, l’écologie du sol, l’écologie des milieux forestiers, etc.  

La nature en ville

Marc Barra s’intéresse particulièrement aux milieux urbains et périurbains puisqu’il travaille à l’agence régionale de biodiversité d’Île-de-France. C’est un organisme public, présent dans chaque région, qui joue d’abord un rôle d’observatoire de la biodiversité en récoltant des données sur la faune, la flore, et différents groupes d’espèces. Ensuite, elle met à disposition du public et des élus ces connaissances sous forme de guides, d’études ou de formations. Elle accompagne aussi les acteurs de terrain pour adopter des pratiques plus favorables à la biodiversité.

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Des bénéfices pour les humains

À travers ses travaux, Marc Barra essaie de trouver et de faire connaître des solutions pour améliorer la situation de la nature en ville qui ne se limite pas à un rôle décoratif. Son intégration en bonne intelligence apporte une série de bénéfices aux bipèdes dominants que nous sommes. Entre purification de l’air, rafraîchissement de l’atmosphère, limitation des inondations et rechargement des nappes phréatiques, la nature en ville est notre alliée N°1, sans oublier ses bienfaits directs sur la santé. Marc Barra nous en dit plus sur son métier.

Rencontre

Quelle différence y a-t-il entre un écologue, un agronome et un paysagiste ? 

Un écologue étudie le vivant, son évolution, ses processus écologiques. Pour simplifier, là où un agronome va s’intéresser à la productivité des sols dans les champs, un écologue va plutôt s’intéresser aux organismes vivants qui habitent ces sols, aux fonctions utiles apportées à l’agriculture, mais pas forcément à la productivité. En ville, un paysagiste s’intéresse parfois seulement au végétal plutôt dans le sens esthétique, dans le sens de l’horticulture. Un écologue va considérer le vivant dans son ensemble (faune, flore, fonge) et aux conditions pour qu’il prospère en ville. Ce sont des visions assez différentes et la société méconnaît encore le métier d’écologue.

Comment se porte la nature en région parisienne ? 

On y observe à peu près le même recul que sur l’ensemble de la planète : un déclin de la biodiversité en accélération. En Île-de-France, les oiseaux communs ont diminué de 22 %, en nombre d’individus. Les oiseaux sont des espèces dites parapluies. Quand elles ne se portent pas bien, c’est qu’il y a un impact sur le reste de la chaîne du vivant. Les insectes sont également en déclin. Les papillons enregistrent des baisses jusqu’à -33 % dans les villes. Ils sont de bons indicateurs de la façon dont on gère nos espaces verts. En revanche, le milieu forestier se porte plutôt bien. Les forêts augmentent en France et en région parisienne. Deux tiers des forêts sont privées et donc pas trop gérées. Cela entraîne une certaine naturalité qui permet l’épanouissement des espèces.

En ville, concrètement, que faut-il faire, arracher le bitume ? 

C’est beaucoup plus complexe que cela. Il faut prendre le sujet sous plusieurs aspects en même temps. Aujourd’hui, la ville s’étale sur des terres agricoles, sur des milieux naturels parce que c’est moins cher. Le concept de « zéro artificialisation nette » recommande de ne plus étendre les métropoles. Cela revient à sensibiliser les responsables politiques au fait qu’il faut densifier la ville et augmenter également les surfaces en espaces verts. Il faut utiliser les nombreux logements vacants, surélever les immeubles qui le supportent. Il y a des friches bétonnées et des bâtiments vétustes que l’on pourrait réinvestir. Dans un premier temps, il faut optimiser l’existant. Ensuite, il faut imposer à chaque opération d’aménagement un minimum de pleine terre, de nature. Enfin, il existe un gisement important d’anciens parkings, des cours d’école, des places de ville, des trottoirs pour désimperméabiliser les sols et revégétaliser tout ça.

Et pour la santé ? 

Il y a énormément de liens entre bien-être, apaisement, santé et biodiversité dans les villes. Des études montrent clairement qu’un environnement davantage végétalisé est considéré comme plus apaisant par les populations, qu’il réduit le stress et l’anxiété. D’autres études montrent que les arbres améliorent la qualité de l’air en réduisant les taux de particules fines, de polluants, d’oxyde d’azote. Les collectivités qui développent une politique en faveur de la nature en ville mènent une politique de santé publique. Nous avons recruté une personne en apprentissage, entre l’agence régionale de la biodiversité et l’observatoire régional de santé. Elle va travailler sur les liens entre santé et biodiversité et essayer de les traduire en outils opérationnels et faire converger les politiques publiques.

(1) Disponible gratuitement sur le site Internet de l’agence régionale de la biodiversité Île-de-France : www.arb-idf.fr

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