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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Le vélo chevillé au corps

Pour la renaissance d’un moyen de transport

Stein Van Oosteren est intarissable et passionné par le vélo, surtout depuis qu’il est porte-parole du Collectif Vélo Île-de-France.
Ce groupement, créé en 2019, a mis en lien 39 associations qui entendent faire de l’Île-de-France une région facilement et largement cyclable.

Le Collectif Vélo Île-de-France, tout comme la Fédération française des Usagers de Bicyclette (FUB), constitue un lobby de plus en plus écouté par les pouvoirs publics. En marge de leur travail de fond qui commençait à porter ses fruits, les activistes du vélo, comme Stein Van Oosteren, ont vu la crise du Coronavirus propulser le vélo au premier plan, avec une éclosion inespérée de pistes cyclables.

Stein a un avantage de taille en affichant ses origines : il vient du paradis du vélo sur terre, les Pays-Bas. Arrivé en France à l’âge de 23 ans, dans les années 1990, il réalise que l’Hexagone n’est pas le paradis du vélo qu’il a connu au plat pays. Il décide alors de créer une association de vélo dans sa ville, Fontenay-aux-Roses (92), dans l’idée de sortir le vélo d’un usage limité aux sports et aux loisirs. C’est un vrai moyen de transport qu’il veut faire émerger à travers la bicyclette. Ses talents de diplomate – il est attaché d’ambassade à l’Unesco – lui sont précieux pour fédérer les personnes, les projets et convaincre ses interlocuteurs. Tout en militant pour le vélo, Stein ne perd jamais son humour et son enthousiasme. À coup de vidéos virales et de tweets optimistes ou ironiques sur nos petits travers, il s’est forgé, sur les réseaux sociaux, une place de prosélyte du bicloune. Dans son premier livre Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable, il s’est amusé à lister les fausses bonnes raisons de ne pas développer le vélo.

Pour Rebelle-Santé, Stein Van Oosteren revient sur sa passion…

Que s’est-il passé en Île-de-France pour le vélo avec le Covid ?

*Stein Van Oosteren : Pendant le premier confinement, le Covid nous obligeait à rester loin les uns des autres. Le gouvernement savait que le 11 mai 2020, quand la France allait redevenir mobile, il faudrait trouver une solution, car les transports publics n’étaient plus forcément une bonne option.

En tant qu’associations citoyennes, on avait déjà imaginé un réseau de pistes cyclables. Et puis, il y avait des exemples de « coronapistes » dans des grandes villes à l’étranger. Alors, le gouvernement a décidé de suivre le mouvement. En 10 jours, on a fait plus pour le vélo qu’en 10 ans.

Avant cela, comment s’était amorcée la renaissance du vélo en France ? 

En 2017, la FUB a créé le baromètre des villes cyclables en demandant aux Français ce qu’ils pensaient de leur ville en matière de vélo. C’était une première. Avant, le vélo n’était pas un sujet. Ce baromètre a donné un palmarès – et la presse adore les palmarès. Alors, il y a eu une compétition entre les villes et le débat s’est ouvert. On avait réussi à mettre le vélo dans l’opinion publique. Cela a créé une force qui nous rendait davantage audible par les politiques. Ça a été un moment déclencheur dans cette révolution.

Le Collectif Vélo Île-de-France est-il vraiment un lobby ? 

Oui. Avant, il y avait des associations de vélo qui faisaient des propositions mais ne travaillaient pas ensemble. En 2017, quand j’ai fondé l’association de vélo à Fontenay-aux-Roses, je me suis vite aperçu qu’il y avait d’autres associations de vélo dans la banlieue sud, et qu’elles ne se connaissaient pas. J’ai donc décidé de les réunir. Puis, nous nous sommes mis à travailler ensemble sur une proposition d’aménagement de la RD 920 (axe arrivant au sud de Paris par la porte d’Orléans) et ça a marché, car notre proposition était solide. On s’est adressé au Département des Hauts-de-Seine, puis, rapidement, on a visé la Région. En mars 2019, nous avons lancé le Collectif Vélo Île-de-France dont je suis le porte-parole. Désormais, les politiques ont un interlocuteur unique pour le vélo.
La cause devient davantage crédible.

Vous venez de publier un livre Pourquoi pas le vélo ?, un plaidoyer pour le vélo, mais aussi un cri de colère ?

Je ne dirais pas que c’est un livre de colère. J’aime la pédagogie et faire en sorte que ça aille mieux. Améliorer les choses, pour moi, passait par le vélo. En m’intéressant à ce sujet, je me suis rendu compte que c’était une remise en question fondamentale de la façon dont nous vivons, dont nous nous déplaçons, dont nous traitons nos enfants, etc. Grâce à mes amis français, je me suis aperçu que je venais d’un pays où il y a une liberté extraordinaire, liée au vélo, unique au monde. Grâce à eux, j’ai découvert la particularité de mon pays et, par contraste, ce qui manquait en France.

Par quoi faut-il commencer pour rendre une ville cyclable ?

**

Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas par l’aménagement de pistes cyclables, mais par l’adaptation des carrefours. Ce sont les endroits les plus dangereux pour les cyclistes, car c’est là que les flux se croisent. A contrario, sur le carrefour néerlandais, le vélo est séparé des voitures, il y a des îlots en amande dans les coins qui séparent et protègent les vélos des véhicules motorisés. Pour croiser sans danger le chemin des voitures, le vélo fait tout le tour du carrefour sur une piste cyclable protégée à chaque intersection par un “cédez-le-passage”. C’est un peu plus long pour les cyclistes, mais on y gagne en sécurité. Ce type d’aménagements commence à se développer en France.

Le vélo est très bon pour la santé, mais il y a aussi le bien-être…

Derrière chaque raison d’aimer le vélo se cachent le plaisir et la liberté. Aujourd’hui, en France, la moitié des autocars est utilisée pour transporter des enfants comme des petits légumes, pour aller à l’école. On les prive dès leur plus jeune âge de leur liberté de se déplacer tout seul. On les empêche de développer leurs capacités cardio-vasculaires, leur musculature, mais aussi leur appétit d’aventure pour devenir des gens qui prennent des décisions. Car, quand on est sur un vélo, on prend le guidon de sa vie, on est responsable de son cheminement. Alors qu’un enfant assis sur la banquette arrière d’une voiture ou d’un bus devient un objet qu’on déplace et qui n’est pas encouragé à prendre des initiatives. Et puis, à vélo, on n’est pas dans une coque. Il n’y a plus de séparation entre moi, les autres et l’environnement. Cela favorise une société de contact. Résultat : plus de convivialité, de créativité et de confiance en soi.

*

À lire :

* Pourquoi pas le vélo ?
De Stein Van Oosteren
Éditions Écosociété
16 €.

À voir

Why we cycle – documentaire du Néerlandais Gertjan Hulster

Liens 

• Collectif Vélo Île-de-France : velo-iledefrance.fr
• Le RER V : rerv.fr
• Fédération française des Usagers de la Bicyclette (nationale) : www.fub.fr

(1) Loi LOM : Loi d’Orientation des Mobilités du 24 décembre 2019

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