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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Des douleurs au niveau du sternum…

Et si c'était le syndrome de Tietze ?

Rien de tel qu’une douleur aiguë et soudaine au niveau du sternum pour s’inquiéter et composer le 15 : et si c’était un infarctus ? Mais dans certains cas, il s’agit tout simplement d’un syndrome de Tietze, autrement dit d’une pathologie des cartilages sternaux.

Pathologie bénigne, le syndrome de Tietze* est l’un des diagnostics différentiels de la douleur d’infarctus du myocarde ou d’angine de poitrine, et ce pour plusieurs raisons : il se localise au niveau des cartilages reliant les côtes au sternum, en regard de la zone cardiaque. Et lorsque la douleur siège à gauche plutôt qu’à droite, le doute reste permis, d’autant que le phénomène s’accompagne souvent d’une anxiété similaire à celle de l’infarctus du myocarde. De nombreux appels au SAMU correspondent à cette pathologie d’ordre rhumatologique, plus fréquente qu’on ne le croit. Encore faut-il l’identifier !

Origines diverses

Dans la majorité des cas, ce syndrome ne connaît pas de cause évidente et survient de façon soudaine, chez l’adulte d’âge moyen le plus souvent. Pour autant, il peut accompagner de nombreuses situations : lors du sport, au cours d’un faux mouvement (secouer un tapis, faire un mouvement soudain de l’épaule…) ou dans la pratique musicale (guitare). Parfois, il est le fait d’une usure ou d’une inflammation localisée du cartilage concerné. Enfin, une fracture cartilagineuse, voire osseuse au niveau sternal ou costal, peut tout à fait simuler un syndrome de Tietze. L’existence d’un traumatisme direct (coup, ceinture de sécurité, chute…) permet d’orienter le diagnostic.

Sternum, clavicules et côtes…

Difficile d’aborder ce syndrome sans se pencher quelques instants sur cette zone thoracique particulière. Composé de 3 parties distinctes, manubrium en haut, corps du sternum au milieu et appendice xiphoïde en bas (pointe du sternum), le sternum est un os vertical situé au milieu de la face antérieure du thorax. C’est une sorte de bouclier protecteur du cœur qui a également et surtout pour fonction d’unir les 2 clavicules ainsi que les 7 premières paires de côtes. On parle d’ailleurs de l’appareil sterno-costo-claviculaire. Rappelons que le corps humain comporte 12 paires de côtes, dont 2 sont flottantes (aucune attache antérieure) et 3 autres reliées à la base du sternum par un cartilage commun. Le sternum est un os spongieux qu’on peut donc ponctionner pour étudier la fameuse moelle osseuse à l’origine de la production de cellules sanguines.

… Reliés par des cartilages 

La spécificité de l’appareil sterno-costo-claviculaire est que les attaches sont cartilagineuses. Le cartilage correspond à un tissu de liaison qui joue également un rôle d’amortisseur flexible. Ce n’est donc pas de l’os, car il n’est pas calcifié. Mou, il n’est pas visible à la radio. En clair, les pathologies des cartilages, et notamment celui du syndrome de Tietze, ne sont donc pas accessibles à la radiographie.

Un phénomène douloureux…

La pathologie est essentiellement un phénomène douloureux, analogue à un pincement, localisé au niveau cartilagineux, en général situé en regard de la 2e ou de la 3e articulation sterno-costale. S’il touche plutôt les cartilages costaux, unissant donc les côtes au sternum, il peut être également localisé au niveau claviculaire. En pratique, il s’agit d’une douleur vive, parfois syncopale, ou d’une simple sensibilité en regard parfois d’un œdème ou d’une rougeur localisés sur une articulation sterno-costale. En général, l’atteinte est unique et ne concerne donc pas l’ensemble des articulations. Le syndrome n’est pas infectieux.

…Reproductible à la palpation 

Si la douleur d’origine cardiaque est plutôt diffuse, dans le syndrome de Tietze en revanche, elle est ponctuelle. Elle s’accentue lors de certains mouvements (flexion, position couchée…), lors de la respiration ou de la toux. Surtout, la douleur est reproductible à la palpation, et notamment lorsqu’on appuie assez fortement sur le cartilage concerné avec la pulpe d’un doigt. L’autopalpation permet d’être rassurante quant à l’absence de pathologie d’origine cardiaque, pulmonaire (pneumonie, pleurésie…) ou digestive (reflux gastrique…). Pour autant, et dans le doute, une consultation médicale s’avère indispensable pour la réalisation d’un électrocardiogramme afin de poser le bon diagnostic et de ne pas laisser évoluer une angine de poitrine ou un infarctus.

Normalité des examens complémentaires

L’examen clinique attentif prend toute sa valeur, car il n’existe aucun examen complémentaire habituel qui permet de faire le diagnostic positif de syndrome de Tietze. En effet, les paramètres inflammatoires sanguins (VS, CRP, etc.) sont normaux, de même que la radiographie du sternum ou le scanner. Seule l’IRM permettrait de retrouver un épaississement du cartilage ou un œdème de la moelle osseuse du sternum. Précisons toutefois que l’IRM ne fait pas partie des examens de première intention dans ce cas. L’examen clinique suffit dans la plupart des cas. Ce n’est qu’en cas de doute qu’elle peut être prescrite.

Infiltrations 

Dans la majorité des cas, le syndrome disparaît spontanément en quelques jours, semaines, voire mois. Il peut toutefois récidiver. Les antalgiques, type paracétamol ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie orale ou en pommade, permettent de hâter la guérison. On peut aussi essayer les glaçons sur la zone douloureuse. Ce n’est que lorsque les douleurs persistent qu’il convient de recourir aux infiltrations de corticoïdes ou d’anesthésiques locaux, sous guidage échographique. Les lésions régressent généralement en une semaine. Enfin, en cas de douleurs récidivantes ou persistantes, une intervention chirurgicale peut être envisagée.

 

* Ce syndrome porte le nom d’un médecin allemand, Alexander Tietze, qui en fit une description détaillée au début du 20e siècle.

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