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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Vous voulez cultiver des OGM? Pour perdre de l’argent?

Directeur de Recherche à L’INRA, Jean-Pierre Berlan a écrit une lettre ouverte aux agriculteurs. Ce scientifique leur explique que, s’ils se laissent tenter par les OGM après avoir adopté les “hybrides”, ils se feront avoir un peu plus sur le plan financier.

Jean-Pierre Berlan met le doigt là où ça fait mal : le portefeuille des «gros» agriculteurs. Il réduit à néant l’aspect financièrement intéressant des OGM. En agriculture, on a d’abord utilisé des semences «normales», naturelles, puis des «hybrides», c’ est-à-dire des semences issues de «croisements» et qui rendent les cultures stériles. Ce sont les semences employées en France à l’heure actuelle et, chaque année, les agriculteurs doivent repasser commande aux semenciers. Avec les OGM, ce sera pire encore. À nos lecteurs de faire des photocopies de cette «lettre ouverte» pour la diffuser le plus largement possible!

Lettre ouverte aux agriculteurs qui s’apprêtent à cultiver du maïs OGM

À l’heure actuelle, les semences conventionnelles de “variétés hybrides” de maïs coûtent environ 150 euros par hectare (100 fois plus cher que des semences non hybrides), ce qui représente environ le prix de 15 à 20 quintaux de production. Imaginons que vous cultiviez 100 hectares, si vous utilisiez des semences grains (non hybrides), vous économiseriez environ 15 000 euros. Je ne crois pas qu’il y ait de désaccord sur ces chiffres.

Investissement ou dépense mal calculée?

Évidemment, ce n’est pas de gaîté de cœur que vous avancez une somme aussi considérable sans doute votre premier poste de dépenses. Vous renouvelez chaque année vos semences auprès de “semenciers” tels que Monsanto, DuPont (Pionner), Syngenta ou Bayer tous fabricants d’agrotoxiques et de «coopératives» comme Limagrain, Euralis et autres.

Bref, vous renouvelez vos semences chaque année parce que vous n’avez pas le choix. C’est, vous a expliqué le Généticien, à cause de la pingrerie de la Nature: il existe chez le maïs un phénomène, «l’hétérosis», toujours inexpliqué et peut-être même inexplicable dont les mystères ne peuvent être scrutés que par des scientifiques. Améliorer le maïs, vous a-t-on affirmé, exige de mettre en oeuvre ce phénomène mystérieux qui, hélas, vous interdit de semer le grain récolté.

Vous avez donc cru cette fable que, pour améliorer un organisme vivant, il faut l’empêcher de se reproduire dans votre champ! Je vous rassure: tout le monde y croit. J’y ai cru moi-même pendant longtemps.

Des décennies de propagande scientifique ont imposé cette superstition.

À la fin des années 1930, les paysans américains avaient déjà fait preuve de lucidité en surnommant “maïs-mule” ces “variétés hybrides” révolutionnaires, qu’ils ne pouvaient ressemer à la différence des variétés cultivées jusque-là. Mais leurs enfants agriculteurs, passés par les écoles d’agriculture, férus de progrès, éclairés par les lumières de la Génétique, comme sans doute vous-même, ont rejeté comme obscurantiste le bon sens biologique de leurs parents paysans. Pourtant! Comment croire cette énormité qu’améliorer un être vivant exigerait, en quelque sorte, de le stériliser? Et Terminator ne révèle-t-il pas avec éclat que cette stérilité est l’objectif de tout sélectionneur/semencier? Oui, pour créer une nouvelle source de profit, les semenciers ont séparé ce que la Vie confond: la production, réservée à l’agriculteur, et la reproduction, qu’ils se sont confiée à eux-mêmes.

Un peu de logique

Je fais l’hypothèse qu’un agriculteur moderne comme vous cherche à maximiser ses propres bénéfices (par contre, si ce sont ceux des marchands de semences, d’agrotoxiques ou des coopératives que vous voulez maximiser à vos dépens, ce qui suit ne vous concerne pas).

Trois méthodes peuvent vous permettre de faire vos semences et d’améliorer vos marges.

Une remarque préalable : vous pouvez accepter une baisse de rendement d’au moins quinze quintaux/ha si vous faites vos propres semences. Ces quinze quintaux supplémentaires que vous devez produire pour payer les semences “hybrides” vous coûtent en réalité plus cher en irrigation, en engrais, en agrotoxique que ce qu’ils vous rapportent. Ils contribuent aussi au mauvais état de santé de vos sols. Mais peu d’agriculteurs se rendent compte du coût de ces quintaux supplémentaires et qu’il est économiquement profitable de ne pas les produire.

La première méthode consiste à faire des “hybrides doubles”, ce que les semenciers faisaient il y a une vingtaine d’années.Vous prenez des “hybrides” de même précocité et de firmes différentes. Vous semez, dans un champ “d’hybride A”, des rangées “d’hybrides” B, C et D. Vous castrez les rangées B, C, D et vous les récoltez séparément. Elles fourniront la semence de l’année suivante.Vous pouvez ainsi déterminer la meilleure combinaison (AxB, AxC, AxD, etc.) pour votre exploitation.

La deuxième solution est de semer en mélange plusieurs “hybrides” de même précocité et de firmes différentes pour faire une variété dite synthétique. Ensuite, pour faire vos semences, vous sélectionnez chaque année dans la descendance de cette variété des épis moyens, sains, denses, sur des plantes indemnes de maladies et bien enracinées. Cette solution a l’avantage de ne pas demander de castration. La baisse de rendement sera sans doute supérieure à celle consistant à faire des “hybrides doubles”. Mais, encore une fois, même si vous perdez 15 quintaux/ha, vous êtes gagnant.

La troisième consiste tout simplement à trouver des variétés de maïs traditionnelles que vous pourrez ressemer sans craindre de chute de rendement, pour peu que vous fassiez un peu de sélection. Il semble qu’il en existe qui ont un rendement excellent, mais je ne sais pas si ces variétés sont adaptées à votre région et votre exploitation. Plusieurs groupes de paysans travaillent déjà en France à sélectionner de telles variétés.

Partagez vos expériences

Ces essais peuvent ou plutôt devraient être faits avec vos voisins. Ce renforcement des liens de voisinage, de coopération, de partage entre agriculteurs est bien nécessaire au moment où la mondialisation menace d’ensevelir ce qui reste du monde rural et où les relations humaines dans les campagnes se dégradent. Savez-vous que Monsanto invite les agriculteurs d’Amérique du Nord à dénoncer, anonymement bien entendu, leurs voisins “pirates” ceux qu’ils soupçonnent de cultiver des “variétés” transgéniques sans payer la redevance?

Ne comptez évidemment pas sur les conseillers agricoles ni sur vos coopératives pour vous aider. Ils sont là pour vous vendre des semences et des agrotoxiques, pas pour vous permettre de préserver votre avenir.

Fuyez les clones

Un dernier point : vous avez pu observer que j’ai mis «hybride» et «variété hybride» entre guillemets. Le terme «variété» dit bien ce qu’il veut dire : selon le dictionnaire,“le caractère de ce qui est varié ; contraire de l’uniformité ; diversité”. Or, ce que vous cultivez sous le nom de «variété hybride» de maïs est constitué de plantes qui sont toutes les mêmes du point de vue génétique. C’est donc précisément le contraire d’une variété (!) et le terme qu’il faudrait utiliser est celui de clone.Vous cultivez donc des clones.

Ces clones sont-ils «hybrides»? L’adjectif «hybride» qualifie-t-il sans ambiguïté la plante de maïs que vous semez? Non, cette plante est tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Le sélectionneur a simplement extrait, des variétés cultivées par les paysans, des plantes de maïs dont il a fait des copies (des clones) lorsqu’il tombait par hasard sur une plante supérieure à la moyenne. Le terme “variété hybride” est donc une double tromperie. Il faudrait parler de “clone captif ” ou “propriétaire” puisque, comme vous le savez, ces derniers appartiennent au sélectionneur et ne peuvent se reproduire dans le champ du paysan. C’est l’intérêt des “semenciers” d’entretenir la confusion en parlant de «variétés hybrides». Avec la “vigueur hybride”,“l’hétérosis” et autres falbalas soi-disant scientifiques, ils détournent votre attention de la réalité de ces clones captifs dont ils vous vendent les semences cent fois plus cher que ce qu’elles coûteraient si vous semiez, comme vos parents, le grain récolté.

Et surtout, ne croyez pas une seule seconde que les «hybrides accroissent le rendement» et donc vos bénéfices, comme on vous le répète. Non, les clones captifs accroissent les profits des semenciers à vos dépens. C’est le travail de sélection qui permet d’accroître le rendement. On pouvait améliorer le maïs en continuant à sélectionner des variétés, mais cela n’intéresse pas les semenciers puisque l’agriculteur aurait pu en ressemer le grain.

Ils vous font cultiver des monstres

En réalité, que se passe-t-il? Si vous faites de la consanguinité chez les mammifères (organismes à fécondation croisée, qui ont donc un papa et une maman différents), vous savez qu’il se produit une dépression consanguine. Un éleveur qui ferait de la consanguinité dans son troupeau devrait rapidement le mettre à la casse. Eh bien! Le maïs est comme un mammifère. C’est une plante à fécondation croisée (une plante de maïs a, en général, un papa et une maman différents) et la consanguinité se traduit par une baisse de la vigueur de la plante. Ceci avait été observé et décrit par Darwin dès 1868.

Les variétés paysannes cultivées par vos parents étaient constituées de plantes différentes. Ils pouvaient en ressemer le grain sans craindre la consanguinité. Ce que le sélectionneur doit à tout prix empêcher. Comment y parvient-il?

Il fait d’abord, au hasard, 6 générations d’autofécondation pour obtenir des «lignées pures». Croisées deux à deux, ces lignées pures donnent des plantes de maïs ordinaires dont la caractéristique n’est pas d’être «hybrides», mais de pouvoir être copiées (clonées) à volonté puisqu’on en connaît les parents «lignées pures». Le sélectionneur teste ces clones pour sélectionner le meilleur. Il vous en vend les semences. Vous semez ces clones dans vos champs. On vous serine les bobards du Généticien sur l’hétérosis. Vous les croyez. Et pour faire bonne mesure, on vous fait admirer l’uniformité de ces clones dans vos champs si «propres» grâce aux phytosanitaires chimiques. C’est beau, ces plantes uniformes, comme militarisées, poussant dans un désert!

Au moment de la fécondation, les plantes du clone se fécondent bien les unes les autres, mais comme elles sont génétiquement identiques ou presque, c’est comme si vous faisiez une autofécondation.Vos clones merveilleux d’uniformité sont des machines à autoféconder le maïs, donc à le détruire. Vous ne pouvez plus semer le grain récolté.

Pourquoi ne pas essayer le maïs «grain»?

La sélection de variétés de maïs (le «maïs population») permettrait pourtant d’aussi bons résultats agronomiques sans vous obliger à racheter votre semence chaque année. Quant à la sésamie ou à la pyrale, les bonnes pratiques agricoles (rotations, lutte biologique…) en viennent à bout sans aller chercher des semences de clones transgéniques encore plus chères.

Qu’au nom du Progrès, les fabricants d’agrotoxiques, les «coopératives», l’État, la FNSEA, l’Inra vous poussent dans cette même voie ruineuse avec le maïs et les autres plantes transgéniques ne devrait pas vous étonner. Ces chimères génétiques les soi-disant OGM ont cette remarquable caractéristique d’être brevetées, ce qui met légalement fin à la pratique fondatrice de l’agriculture, semer le grain récolté.

Plutôt que le héros du Progrès que vous croyez être, si vous en étiez le dindon? 

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