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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’art de la récup’

Découverte d’une artiste angevine

Aujourd’hui, les objets ont une drôle de vie ; tout juste fabriqués, ils sont achetés, utilisés ou non. Puis, vite, ils sont mis au rebut. À peine abîmés, ils sont déclarés irréparables. Parfois même en parfait état, car démodés ou tout simplement oubliés…

Il y a seulement quelques années, on récupérait, on réparait. Aujourd’hui, on jette, on change… Alors, quand on rencontre un personnage comme Françoise dont la passion est de donner une seconde vie aux objets, on s’arrête et on va explorer son atelier.

Dès le premier coup d’oeil, les oeuvres de Françoise séduisent.
Il y a des sculptures faites d’objets hétéroclites tels que le chat botté (photo 1),

la locomotive (image principale) ou le cheval de jardin (photo 3) qui nous ramènent directement à l’enfance.

Il y a aussi la collection d’horloges tout à fait fascinante : horloge personnage (photo 4),

horloge “message” comme celle que Françoise appelle “la machine à retenir le temps”.

Que dire de la série des boîtes en bois contenant des personnages variés : le couple “couteau-fourchette” (photo 5)

le “couple à la gare” (photo 6)

ou une femme bleue qui se love dans cet abri improvisé (photo 7).

Pas pour longtemps ! Car Françoise a fait sortir ses femmes bleues pour qu’elles prennent l’air sur des toiles : leur tête et leurs seins faits d’écumoires ou de paniers (photo 8).

Eh oui, la sculpture a envahi la toile et s’allie joliment à la peinture, aux collages. En constante évolution, le travail de Françoise s’inspire toujours de trois choses : les objets du quotidien, l’histoire des gens et le besoin de “bricoler”, de se confronter à la difficulté d’assembler les matières, les formes…

Boulons, boîtes et casseroles

La visite guidée de l’atelier de Françoise est un vrai régal ! Partout des caisses, des boîtes qui contiennent des objets de toutes sortes : ustensiles de cuisine, pièces mécaniques diverses, fragments de persiennes en bois, boîtes variées, engrenages… En fait, ce qui parait être un désordre n’en est pas un pour l’artiste ; elle trouve immédiatement la boîte contenant des ressorts, des clés, des accessoires de cuisine, des boutons de portes et mieux, elle peut, quasiment pour tous ces objets, dire où elle les a rencontrés et pourquoi ! Oui, il s’agit bien d’une rencontre, lorsque Françoise fait son tour chez les ferrailleurs, les brocanteurs ou dans les vides greniers, ces “choses” lui parlent et elle sait d’emblée qu’elles vont lui être utiles pour une réalisation. Son imaginaire fonctionne dès le premier coup d’oeil. Par exemple, aviezvous vu des visages gais ou tristes dans les boîtiers de réveils à aiguilles ? Elle oui, et elle les met en valeur de façon splendide (photo 6). Que dire des boîtes de pastilles qui deviennent les valises des personnages…

Elle soigne les gens…

et les objets Françoise est une jeune femme gaie, enjouée, passionnée. Infirmière dans la vie “de tous les jours”, elle n’a pas de formation artistique. Son désir de créer est venu progressivement. Ses premières tentatives lui ont tellement apporté sur le plan du bienêtre personnel que, depuis, elle n’a jamais cessé de se ressourcer dans son atelier. Ce sont les maisons de poupées de son enfance et l’exemple de son grand-père qui “gardait tout, absolument tout, y compris les emballages de colis qu’il recevait” qui l’ont conduite à créer à partir d’objets récupérés. Le cheval de bataille de cette artiste, c’est justement de dire à tout le monde : “lancezvous”. Pour elle, nous avons tous la capacité de faire des choses avec les objets, avec la matière, d’explorer cet espace de créativité qui est en nous et que nous ignorons trop souvent car “timides” ou inquiets du jugement des autres. Elle n’hésite pas à dire : “je ne sais ni dessiner, ni peindre mais j’en ai eu envie alors je tente ; mais je tente sans chercher à me faire reconnaître comme artiste, je tente pour moi parce que cela m’apporte du bonheur, du bien-être, par ce que dans ma tête je me sens mieux”; et Françoise sait de quoi elle parle puisque, travaillant dans un service de psychiatrie, elle organise des ateliers de peintures et sculpture pour ses patients et elle réfléchit beaucoup à “l’art thérapie”. Françoise a envie de développer un nouveau type de réalisation : une personne lui apporte un ou plusieurs objets ou fragments d’objets, raconte leur histoire et elle la met en scène dans un tableau.

Vous aussi

Pourquoi ne pas regarder autrement les objets que pour leur utilité, que pour leur valeur (je pense aux collections), pourquoi ne pas vous mettre à collecter des choses pour “les détourner” et en faire des vecteurs de vos ressentis, de vos émotions… ou plus simplement pour faire de la décoration ?

Pourquoi exposer ?

“En montrant mes sculptures, je dis non à l’abandon des histoires imprégnées dans les objets, explique Françoise. J’imagine une nouvelle histoire — j’ai envie de dire une nouvelle chance — à ces objets”. Construire, transformer, modeler, imaginer pour donner de la vie et du sens au monde inanimé des choses habitant des greniers, des bennes à ordures, des rebuts… Voilà ce qu’elle fait depuis longtemps. Ce sont ses amis qui l’ont poussée à montrer son travail. Depuis 5 ans, Françoise expose volontiers car cela lui permet d’échanger avec les visiteurs, d’observer leurs réactions et de faire évoluer son travail. C’est un temps de partage et de convivialité comme en témoigne cette proposition de ballade angevine faite à ses amis cet été : aller voir des oeuvres dispersées dans divers musées, restaurants, prieurés, caves de viticulteur… au fil de la Loire, avec un jeu de piste ! C’est aussi un moyen d’affirmer que la création est à la portée de tous, que tous nous avons un côté artiste qu’il nous faut développer pour être plus en harmonie avec nous-même, parce que la création, c’est aussi un accès à notre être profond et qu’il a une fonction thérapeutique. Françoise sait de quoi elle parle : pour certains de ses patients, le résultat est tout à fait intéressant.

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