Le syndrome de l’odeur de poisson
Une maladie génétique aux conséquences sociales importantes
Le syndrome de l’odeur de poisson n’a rien à voir avec un quelconque manque d’hygiène. Cette pathologie bénigne correspond à l’émission d’une odeur très particulière semblable à celle du poisson pourri. Cette maladie d’origine génétique a un fort retentissement social et professionnel et mérite un véritable accompagnement psychologique.
Plusieurs douches par jour, des changements de vêtements en permanence, des déodorants divers et variés… Rien n’y fait. À défaut d’un traitement curatif, celle ou celui qui souffre du syndrome de l’odeur de poisson (SOP) aura bien du mal à supprimer cette odeur ou à la masquer efficacement. Pour autant, il existe des solutions pour atténuer la maladie. Le SOP est une pathologie bénigne, sans autre conséquence que l’odeur, extrêmement handicapante du point de vue social, professionnel et familial. Elle provoque un isolement croissant des patients, qui peuvent être si déprimés qu’ils en viennent à penser au suicide. L’accompagnement psychologique est donc essentiel et fait partie intégrante de la prise en charge.
Déficit enzymatique
À l’instar de nombreuses maladies rares, le SOP est d’origine enzymatique. Plus précisément, il correspond à un déficit en mono-oxygénase à flavine 3 (FMO3), une enzyme chargée de dégrader dans le foie une substance d’origine alimentaire appelée triméthylamine (TMA). Ce produit est issu de la dégradation des aliments riches en carnitine et choline. L’organisme du malade ne parvient pas à transformer la TMA en TMAO (oxyde de triméthylamine). Mais si le TMAO est inodore, la TMA, elle, sent très mauvais.
Maladie génétique
Le SOP touche moins de 1 % de la population, avec une nette prédominance féminine qui pourrait être liée à l’imprégnation hormonale (progestérone et œstrogènes).
Mécanisme d’accumulation
La TMA s’accumule dans l’organisme pour être éliminée dans les urines (voir encadré), la sueur, la salive, l’haleine et même l’air expiré. Autre problème, la quantité de sueur augmente dans le SOP. Pire, elle ne se cantonne plus aux paumes des mains – que des gants peuvent masquer – ou aux plantes des pieds, que les chaussures protègent. La conséquence est mécanique : et davantage de sueur, c’est encore plus d’odeur…
Suppression des aliments à risque…
L’éviction des aliments les plus riches en précurseurs de TMA, à savoir ceux qui contiennent de la choline et de la carnitine, permet de diminuer l’odeur de poisson.
Parmi les aliments à éviter, on retrouve :
• Les poissons, d’eau de mer surtout
• Les cacahuètes et autres arachides
• Les œufs
• Les crucifères (brocolis, choux, choux de Bruxelles, choux-fleurs…)
• Les haricots
• Les petits pois
• Les abats (foie, rognons)
• La moutarde à l’ancienne (graines de moutarde)
• Le soja.
… et mesures de précaution
Tout ce qui augmente la sudation exacerbe la maladie ou plus exactement, sa perception. En cas de SOP, il faut donc : • Éviter les situations à risque, comme la pratique des sports à fort potentiel de sudation (course à pied, sports collectifs, etc.) ou les exercices physiques que l’on peut s’éviter (montées d’escaliers, courir après le bus…) lorsqu’on doit évoluer en société dans les heures qui suivent.
Vers une solution médicamenteuse ?
À défaut d’un traitement médicamenteux spécifique de fond ou d’une thérapie génique, certains spécialistes recommandent la prise de charbon actif ainsi que la prise d’aliments contenant un complexe de cuivre et de chlorophylle afin de diminuer le SOP. Il s’agit du colorant E141. D’autres préconisent certains anti-infectieux (métronidazole, néomycine). Ils diminueraient la concentration de TMA en détruisant les bactéries intestinales responsables de cette synthèse.
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