Les globules rouges, mode d’emploi
Hématie, érythrocyte… deux noms différents pour un même élément : le globule rouge.
L’organisme en compte des milliards! Sans eux, la vie ne serait pas possible car leur rĂ´le essentiel est l’apport d’oxygène Ă l’organisme et l’Ă©puration du gaz carbonique et ce, grâce Ă l’hĂ©moglobine, un pigment rouge contenu dans chaque globule rouge et qui capte facilement ces deux gaz.
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Plein feu sur ce petit disque rouge
Les globules rouges sont issus de la moelle osseuse. Plus exactement, ils proviennent de cellules souches de la moelle qui Ă©voluent en se diffĂ©renciant. Au passage, le futur globule rouge se charge d’hĂ©moglobine. Au dernier stade de la maturation, juste avant d’ĂŞtre relâchĂ© dans le flot sanguin, le globule rouge perd son noyau! Le globule ainsi obtenu prend le nom de “rĂ©ticulocyte”, un jeune globule rouge en quelque sorte, un globule rouge nouveau-nĂ© de moins de 48 heures. C’est donc le rĂ©ticulocyte qui passe dans le sang. Progressivement, il perd sa forme sphĂ©rique, se transforme en disque et devient biconcave, comme le disque utilisĂ© par le discobole et dont on aurait Ă©crasĂ© les deux faces.
Ă€ quoi servent-ils?
Tout simplement Ă approvisionner l’ensemble de l’organisme en oxygène et Ă l’Ă©purer de son gaz carbonique grâce au pigment qu’ils contiennent et qui leur donne leur teinte rouge: l’hĂ©moglobine. En pratique, l’hĂ©moglobine se charge en oxygène lors de son passage au niveau du poumon et y largue le gaz carbonique captĂ© lors de son passage dans les tissus. L’hĂ©moglobine est constituĂ©e d’une molĂ©cule ferrique appelĂ©e “hème”, entourĂ©e d’une protĂ©ine, la globine. C’est l’hème qui capte les deux gaz.
Leur nombre
Leur nombre varie selon le sexe… et le laboratoire choisi pour l’examen (d’oĂą l’intĂ©rĂŞt de toujours faire ses analyses sanguines dans le mĂŞme laboratoire). On le trouve dans le chapitre “NumĂ©ration Formule Sanguine (NFS)” situĂ© gĂ©nĂ©ralement en tĂŞte de l’analyse sanguine.
Chez la femme : de 4,1 Ă 5,1 millions par mm3 de sang.
Chez l’homme : de 4,5 Ă 5,9 millions de globules rouges par mm3 de sang.
Quand peut-on parler d’anĂ©mie?
Une fatigue extrĂŞme, une pâleur de la peau ou de l’intĂ©rieur des paupières, un essoufflement… ces signes traduisent peut-ĂŞtre une anĂ©mie. Contrairement Ă l’idĂ©e reçue, le “concept” d’anĂ©mie ne porte pas sur le nombre abaissĂ© de globules rouges, mais sur la baisse de la quantitĂ© d’hĂ©moglobine qu’ils contiennent!
Souffrir d’anĂ©mie, c’est manquer d’hĂ©moglobine! Pour autant, moins de globules rouges, c’est aussi souvent moins d’hĂ©moglobine. Autrement dit, parler d’anĂ©mie, c’est Ă©voquer un chiffre d’hĂ©moglobine infĂ©rieur Ă la normale et qui correspond souvent, mais pas obligatoirement, Ă une baisse du nombre des globules rouges.
Chez la femme, on estime le taux normal d’hĂ©moglobine entre 12,3 et 15,3 grammes pour 100 ml de sang.
Chez l’homme, on estime le taux normal d’hĂ©moglobine entre 14 et 17,5 g/100 ml.
On peut donc parler d’anĂ©mie lorsque le taux d’hĂ©moglobine est infĂ©rieur Ă :
– 12 g/100 ml chez la femme.
– 13 g/100 ml chez l’homme.
Plusieurs cas de figure
On peut ĂŞtre anĂ©mique et avoir un taux de globules rouges Ă©levĂ© si les globules rouges, en nombre pourtant, sont plus petits que la normale et moins chargĂ©s en hĂ©moglobine. Ă€ l’inverse, on peut ne pas souffrir d’anĂ©mie lorsque les globules, pourtant moins nombreux qu’ils ne devraient, sont plus gros qu’Ă l’habitude et plus riches en hĂ©moglobine. Se baser sur le seul chiffre des globules rouges ne permet donc pas de trancher en faveur ou non d’une anĂ©mie et le cas Ă©chĂ©ant de son origine. Le taux d’hĂ©moglobine est essentiel. De la mĂŞme façon, l’analyse comparĂ©e du chiffre de l’hĂ©moglobine, du VGM, de la CCMH, de la TCMH (voir encadrĂ© ci-dessous) ainsi que du nombre de rĂ©ticulocytes permet d’orienter vers l’origine de l’anĂ©mie. D’oĂą l’intĂ©rĂŞt pour le mĂ©decin d’avoir tous les paramètres de la NFS avant de se prononcer sur l’origine possible de l’anĂ©mie et du bilan complĂ©mentaire qu’il compte demander. Dans la majoritĂ© des cas, toutefois, l’anĂ©mie est liĂ©e Ă un dĂ©ficit en fer, chez la femme surtout.
Fiche signalĂ©tiqueUne nomenclature dite “internationale” tend Ă remplacer progressivement les unitĂ©s de mesure classiquement utilisĂ©es jusque-lĂ .
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Et l’hĂ©matocrite, kezako?
L’hĂ©matocrite (Ht) est un autre paramètre sanguin rendu cĂ©lèbre… par le Tour de France! Il correspond au volume occupĂ© par les globules rouges dans 100 ml de sang. L’hĂ©matocrite est estimĂ© :
– Entre 35% et 47% chez la femme (ou 0,35 Ă 0,47).
– Entre 40% et 54% chez l’homme (ou 0,40 Ă 0,54).
Chez l’homme, 45% d’un volume de 100 ml de sang sont donc constituĂ©s de globules rouges. Le reste Ă©tant constituĂ© par le plasma qui surnage. Un taux bas doit faire rechercher une anĂ©mie. Un taux excessif peut faire penser au dopage.
Hématocrite élévé
Un taux Ă©levĂ© d’hĂ©matocrite, supĂ©rieur Ă 50%, indique un excès de production de globules rouges (“polyglobulie”) comme on peut l’observer après un sĂ©jour en altitude, lors de certaines maladies comme la maladie de Vaquez oĂą les globules rouges sont naturellement en excès, dans les dĂ©shydratations très avancĂ©es (moins de plasma car moins d’eau)… ou après le dopage Ă l’Ă©rythropoĂŻĂ©tine, comme c’est le cas chez les cyclistes dopĂ©s du Tour de France par exemple. Un dopage destinĂ© Ă augmenter les capacitĂ©s d’oxygĂ©nation des muscles via l’augmentation du nombre des globules rouges, et qui les oblige Ă boire Ă©normĂ©ment afin de diluer leur sang. L’augmentation du volume du plasma fait baisser l’hĂ©matocrite de façon mĂ©canique..
Maladies de l’hĂ©moglobine
Certaines pathologies, congĂ©nitales pour la plupart, se manifestent par une anomalie de l’hĂ©moglobine (on parle d’hĂ©moglobinopathie) qui va se manifester notamment par des anomalies morphologiques du globule rouge :
– DrĂ©panocytose, ou anĂ©mie dite “falciforme”, du fait de globules rouges en forme de faucille, frĂ©quente en Afrique, aux Antilles, au BrĂ©sil ou encore aux États-Unis.
– ThalassĂ©mie, une autre maladie de l’hĂ©moglobine qui concerne surtout les populations du pourtour mĂ©diterranĂ©en, mais aussi la Chine et l’Asie du Sud-Est.
– HĂ©moglobinose C, frĂ©quente dans la population noire d’Afrique ainsi qu’aux Antilles.
Monoxyde de carbonne
L’hème de l’hĂ©moglobine ne fixe pas que l’oxygène ou le gaz carbonique, elle adore Ă©galement et surtout le monoxyde de carbone (CO) qui a beaucoup plus d’affinitĂ© pour elle que l’oxygène! RĂ©sultat, le CO se fixe Ă l’hème de l’hĂ©moglobine qui va dĂ©laisser l’oxygène. Pire, en prĂ©sence d’une molĂ©cule de monoxyde de carbone, l’hème va carrĂ©ment larguer son oxygène au niveau des poumons pour aller capter ce CO! L’affinitĂ© du monoxyde de carbone est 230 fois supĂ©rieure Ă celle de l’oxygène. En d’autres termes, on estime qu’une molĂ©cule de CO perdue dans l’atmosphère au milieu de 230 molĂ©cules d’oxygène gagnera quand mĂŞme le combat de la fixation sur l’hème ! En prĂ©sence de CO, on risque donc l’asphyxie.