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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les vrais dangers de l’aluminium

Il n’en finit plus de faire débat et polémique, particulièrement quand il est présent en cosmétique sous forme de sel dans les antitranspirants. L’aluminium est-il dangereux en application cutanée ? Faut-il le bannir des cosmétiques sous toutes ses formes ?

Il est en cosmétique comme il est ailleurs… pratiquement partout. Cet élément chimique, en effet, est dit « ubiquitaire », ce qui signifie qu’il est présent partout et en tous lieux. C’est le troisième élément constitutif de la croûte terrestre (qu’il compose à hauteur de 8 %), après l’oxygène et le silicium. Dans la nature, il se rencontre rarement sous sa forme pure, mais généralement combiné à d’autres éléments, organiques (citrate, acides carboxyliques, sucralfates…) ou inorganiques (chlorures, nitrates, sulfates, silicates…) : il forme ainsi des minerais comme la bauxite dont on extrait l’aluminium à des fins industrielles, et il est aussi présent dans les argiles (silicates d’aluminium) ou dans les aluns de roche (sulfates doubles d’aluminium et de potassium)… généralement, donc, sous forme de sels d’aluminium.

LA TOXICITÉ DE L’ALUMINIUM
En la matière, la dose a une importance cruciale. Car c’est surtout en cas d’exposition importante à de fortes doses d’aluminium que sa toxicité est avérée.

> Chez l’animal
Des cas de neurotoxicité (action sur le système nerveux) ont été décrits lors de nombreuses études effectuées sur les animaux, ainsi que des effets sur le poids, les testicules, l’embryon et le développement du système nerveux, après administration d’aluminium par voie orale.

> Chez l’homme
Dans son « Évaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques » (octobre 2011), l’Afssaps rappelle que « les effets chez l’homme (neurotoxicité, atteinte osseuse, anémie) sont connus chez les insuffisants rénaux exposés de façon chronique à l’aluminium, ainsi que chez les prématurés alimentés par voie parentérale ».
– Des cas d’encéphalopathie chez les dialysés et les insuffisants rénaux, ainsi que la présence de troubles cognitifs consécutifs aux expositions professionnelles chez des travailleurs fortement exposés par voie respiratoire, ont ainsi été répertoriés.
– Des cas d’ostéodystrophie (atteinte des os) ont également été observés chez des dialysés.
– Un cas de grave anémie, fatigue et douleurs osseuses a enfin été rapporté par une équipe de chercheurs français en 2004 chez une femme qui utilisait quotidiennement un antitranspirant contenant un sel d’aluminium (chlorhydrate d’aluminium).

ALUMINIUM ET CANCER DU SEIN
La suspicion d’un lien entre exposition à l’aluminium (notamment par le biais des antitranspirants) et cancer du sein est apparue au début des années 2000.
Régulièrement relancée, en 2004 par une étude du Dr Darbre, et encore récemment par une expérimentation menée in vitro par des chercheurs de l’Université de Genève, elle est cependant battue en brèche par les autorités sanitaires.
Ainsi, dans son évaluation de 2011, l’Afssaps maintient que « les études chez l’animal ne mettent pas en évidence de potentiel cancérogène. Les données épidémiologiques ne permettent pas d’établir un lien concluant entre l’exposition cutanée à l’aluminium et l’apparition d’un cancer ».

ALUMINIUM ET ALZHEIMER
Autre suspicion persistante : le lien entre aluminium et maladie d’Alzheimer. Elle est née de la publication d’une étude de chercheurs anglais en 1994, qui montrait que les cellules du cerveau des patients atteints d’Alzheimer contenaient de 10 à 30 fois plus d’aluminium que la normale.
– Santé Canada, ministère fédéral de prévention et de promotion de la santé, affirme en 2001 que « les résultats des recherches qui laissent entendre qu’il existe une association entre l’accumulation élevée d’aluminium dans le corps et la maladie d’Alzheimer ne sont pas considérés comme concluants. »
– Un rapport conjoint de l’Afssaps, l’INVS et de l’Afssa souligne en 2003 qu’ « aucune relation causale ne peut être raisonnablement envisagée. »
Opinions confortées en 2005 en Allemagne, puis à nouveau en France en 2008 et, la même année, par l’EFSA qui considère que l’exposition par voie alimentaire (la plus importante) ne constitue pas un risque de développement de la maladie.

L’ALUMINIUM DANS LA RÉGLEMENTATION COSMÉTIQUE
Il n’en reste pas moins que l’aluminium peut être dangereux pour la santé. On s’attendrait donc, ne serait-ce qu’au nom du principe de précaution, à ce qu’il soit strictement réglementé et à ce que son usage soit limité. On notera à ce propos qu’en alimentaire, une dose « tolérable » (la seule qui soit définie) n’est pas une dose maximale autorisée. Et quand on cherche les références à l’aluminium dans les textes qui régissent les cosmétiques en Europe (actuelle Directive ou Règlement qui la remplacera totalement en 2013), on trouve… assez peu de choses.
> Ainsi, le fluorure d’aluminium est limité, dans les produits d’hygiène buccale, à 0,15 %.
> Les hydroxychlorures d’aluminium et de zirconium hydratés sont, eux, limités dans les antitranspirants à 20 % (en hydroxychlorure d’aluminium et zirconium anhydre) et à 5,4 % (en zirconium).
> Enfin, on trouve encore quelques traces d’aluminium dans la liste des colorants pour les teintures capillaires non oxydantes (limitation entre 0,4 et 0,5 %) et les autres colorants admis en cosmétiques, mais sans restrictions d’utilisation.

DOSAGE ET PASSAGE
Tout le problème est de savoir si, comment, et en quelles proportions, l’aluminium cosmétique peut passer la barrière cutanée et pénétrer dans l’organisme. Et le problème n’est pas simple.
Même si on laisse de côté la problématique peau saine / peau lésée, rasée ou épilée (la pénétration de l’aluminium étant évidemment bien plus importante sur une peau dont l’intégrité est amoindrie), mesurer son passage percutané n’a rien d’évident.

ALORS, QUE FAIRE ???
Comment alors établir un seuil limite de concentration dans un produit cosmétique ? N’est-ce pas tout simplement impossible si on ne dispose pas d’une base scientifique chiffrée fiable sur laquelle s’appuyer ?
L’Europe ne s’y est pas risquée, qui n’a pas imposé de limite de concentration dans l’utilisation de l’aluminium cosmétique.
L’Afssaps, elle, a tenté l’exercice en 2011, et publié une Recommandation préconisant de limiter les concentrations à 0,6 % en aluminium dans les produits antitranspirants. Une recommandation qui suscite bien des débats quant à sa pertinence scientifique, et qui reste à ce jour loin d’être une obligation pour les fabricants.
Que peut faire alors le consommateur ? Doit-il éviter absolument l’aluminium ? Se tourner vers la pierre d’alun, souvent présentée comme « l’alternative naturelle et saine aux sels d’aluminium » ?

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