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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’hypocondrie

Une maladie imaginaire, une souffrance bien réelle…

Ils passent un temps incalculable chez leurs médecins et dans les pharmacies. Au moindre doute, ils sollicitent un examen plus poussé… Leur sujet de prédilection? Leur santé. Ou plutôt, leur mauvaise santé! Persuadés d’être atteints de maux aussi divers que variés, avec une préférence pour les troubles mortels, les hypocondriaques peuvent, tour à tour, nous émouvoir, nous inquiéter, nous faire sourire, nous exaspérer voire, pire, nous rendre malades.

Article écrit par Alix Leduc

«C’était atroce, je me suis réveillée avec des palpitations, une sensation d’étouffement, la nausée, j’étais terrifiée. Dans la panique, j’ai juste eu la force d’alerter mon conjoint et de le supplier de m’emmener aux Urgences. Là-bas, le médecin m’a assuré que tout était normal. Pour cette fois! Car, moi, je sais que mon cœur est fatigué, et que, d’un moment à l’autre, je risque l’ attaque cardiaque», confie Zoé, dans un grand soupir. Qu’ est-ce que l’hypocondrie? Comment la reconnaître? Cela se soigne-t-il? Comment peut-on aider ces malades imaginaires à ne plus souffrir? Éclairages de spécialistes sur ce mal de plus en plus répandu…

VIEUX COMME HÉRODE…
Connue depuis l’Antiquité, l’hypocondrie reste, encore aujourd’hui, entourée de mystères. Le Petit Robert la décrit comme un «état d’anxiété habituelle et excessive à propos de sa santé». Le terme hypocondrie a été créé par Hippocrate pour désigner des sujets qui se croyaient victimes de maladies affectant les organes abdominaux appelés les hypocondres.
Aujourd’hui, les médecins s’accordent à définir l’hypocondrie comme une maladie psychique qui provoque une souffrance à la fois morale et physique. «Il faut reconnaître l’ hypocondrie comme une maladie, insiste le Professeur Michel Lejoyeux. La personne qui souffre de ce trouble ne fait pas du cinéma, il faut la prendre au sérieux.»

LA COURSE À LA CONSULTATION, L’APPEL DU VERDICT: UNE QUÊTE SANS FIN
«Pendant que mes collègues vont à la piscine ou partent pique-niquer au parc, je fais la tournée des spécialistes : ophtalmologistes, rhumatologues, gynécologues… Je passe la plupart de mes déjeuners à angoisser dans les salles d’attente et à relire les mêmes revues… avec, bien sûr, une prédilection pour les rubriques santé qui m’apportent de nouvelles angoisses de maladies», raconte Sylvie, en riant «jaune». «Je suis consciente du côté excessif de ces rendez-vous. Parfois, cela frise le pathétique. Mais c’est plus fort que moi, j’ai besoin de me rassurer en vérifiant, en gardant le contrôle sur ma santé.»

Adepte des dictionnaires médicaux, lecteur assidu des sites Internet spécialisés, membre actif de forums dédiés à la santé, l’hypocondriaque voue un culte à la médecine, sa religion. Il adhère à la croyance magique selon laquelle il est d’autant mieux protégé qu’il est plus informé, son besoin de savoir est obsessionnel. Il est, comme le surnomme Michel Lejoyeux, professeur en psychiatrie, «un drogué de médecine, un toxicomane du soin», qui est incapable d’être rassuré.

UNE CONDUITE À RISQUE
La peur obsessionnelle de la maladie et de la mort entraîne, bien souvent, une conduite excessive. À force de vouloir se surprotéger, tout contrôler, l’hypocondriaque peut se mettre en danger. Clients de tous les remèdes et placebo possibles et imaginables, il peut ainsi subir des effets secondaires pour un mal souvent inexistant!
Paradoxalement, les hypocondriaques adoptent, souvent, une conduite à risque. En effet, le professeur Lejoyeux remarque qu’ ils n’appliquent pas forcément les principes sanitaires de base. «Ils ne mettent pas forcément de préservatifs pendant un rapport sexuel…» Que de contradictions…

JE SUIS HYPOCONDRIAQUE, DONC JE SUIS
Selon la psychologue clinicienne Michèle Declerck, on ne naît pas hypocondriaque, on le devient. L’hypocondrie masque toujours des angoisses plus profondes que la peur d’avoir attrapé le virus de la grippe. Quand le corps va mal, de manière répétée, c’est souvent la traduction d’un mal caché à découvrir. Car, même si on ne peut pas scientifiquement expliquer les causes de cette maladie psychique qui touche aussi bien les hommes que les femmes, on peut souvent en trouver l’origine dans l’enfance du patient.

COMMENT SOIGNER?
Les proches doivent savoir trouver la bonne distance entre l’exaspération, l’inquiétude et le rôle de l’infirmier. «Dans les couples, le compagnon d’un hypocondriaque est souvent l’ange-gardien, celui qui peut témoigner de sa souffrance, celui qui l’écoute et s’apitoie sur son sort», observe Michèle Declerk. Cela peut fonctionner car, malgré les difficultés, si le couple est solide, chacun a une fonction complémentaire. Le plus important est que l’entourage ne se pose pas en rival du médecin mais, au contraire, en allié. Les proches doivent l’encourager à se confronter à la source du problème, à travailler sur ses angoisses en acceptant le fait que le mal vient d’ailleurs et en entamant une thérapie

À LIRE
=> Overdose d’info, guérir des névroses médiatiques, Professeur Michel Lejoyeux, Éditions du Seuil.
=> Le malade malgré lui, comprendre et aider un hypocondriaque, Michèle Declerck, Éditions Eyrolles.

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