Un peu d’humilité
En Occident, on mise sur les innovations scientifiques et les nouveaux vaccins développés en un temps record pour parvenir à contrôler la pandémie. Les sommes qui y ont été consacrées depuis un an se comptent en milliards d’euros ou de dollars. Après s’être montrés extrêmement réticents, la plupart des Français prennent d’ailleurs leur ticket pour être les premiers piqués depuis qu’ils savent qu’il n’y a pas assez de doses de vaccin pour tout le monde. Imaginons que des Martiens nous regardent, ils doivent se moquer…
Côté traitements, ça piétine… À l’automne dernier, on a entendu parler d’une molécule testée à l’Institut Pasteur, un antibiotique en suppositoire retiré du marché il y a quelques années… Le groupe de luxe LVMH a fait un don en octobre de 5 millions d’euros à l’Institut Pasteur pour financer les travaux sur ce médicament bon marché… Depuis, pas de nouvelles, ni sur les avancées de l’étude, ni sur d’éventuels essais cliniques… Et on peut se demander pourquoi il faut aller piocher dans un portefeuille Dior ou Vuitton quelques millions d’euros pour cette recherche alors que les gouvernements en distribuent des milliards ailleurs…
À Madagascar, depuis le début de la pandémie, les autorités distribuent à la population un traitement fabriqué selon les principes de la médecine traditionnelle, le Covid-Organics, une boisson à base d’artémisia. Alors, j’entends d’ici le mépris de nos experts… Quoi ? Des plantes pour soigner une maladie mortelle ? Mais, au moment où j’écris ce texte, les statistiques officielles sont troublantes : alors qu’on attribue au covid plus de 76 000 décès pour environ 67 millions d’habitants en France, à Madagascar on n’en recense « que » 281 pour un peu plus de 26 millions d’habitants (chiffres Reuters). Proportionnellement, c’est plus de 100 fois moins… Certes, la population malgache est bien plus jeune que la nôtre, peut-être le climat joue-t-il un rôle, mais après un an de crise sanitaire, ces chiffres ne méritent-ils pas tout de même qu’on s’interroge ? Ne serait-ce pas faire preuve enfin d’un peu d’humilité que de demander aux Malgaches quelques caisses de leur produit pour le tester chez nous ? Je suis certaine qu’on serait nombreux à postuler pour participer à l’expérience !
Les perce-neige sont en fleur et les oiseaux chantent, la mode vue par Magali Moulinet-Govoroff (voir le bel entretien de Lucie) donne envie de coudre de jolies broderies sur les habits troués, on sent venir le printemps et le soleil pointer… Je rêve que revienne avec eux la liberté de s’embrasser, de retourner au ciné et de vivre démasquée…
Sophie Lacoste