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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Manger anti-cancer

L’alimentation au coeur de la prévention contre le cancer.

Toutes les 3 secondes, une personne est diagnostiquée “cancéreuse” sur la planète. Et toutes les 5 secondes, une personne succombe à la maladie. Or, près d’1/3 des cancers pourraient être évités en mangeant “mieux” ! Entretien avec le Dr Béliveau (1), biochimiste, sommité mondiale en cancérologie.

Comment en êtes-vous venu à travailler sur ce sujet ? Comment avez-vous fait le rapprochement entre « aliments » et « cancers » ?
Depuis longtemps, les chercheurs étaient intrigués de constater davantage de cancers dans certains pays que dans d’autres. Par exemple, les occidentaux sont bien plus souvent victimes des cancers de la prostate, du sein et du côlon que les Japonais ou les Africains. Or, quand ces populations préservées se déplacent pour venir vivre en Occident, elles augmentent automatiquement leur risque de faire un cancer. Tout n’est donc pas génétique, loin de là ! Les habitudes de vie sont au moins aussi importantes. Voilà pour ces premières données, dites «épidémiologiques». Les autres données, dites « de laboratoire» , datent d’il y a 7 ou 8 ans : elles ont montré que certaines molécules du thé, du vin, des choux… possédaient des propriétés anti-cancer. À condition d’en avaler suffisamment chaque jour ! Hélas, l’alimentation fortement industrialisée depuis 50 ans ne nous permet plus d’en profiter.

Vous voulez dire que nous mangeons mal ? Trop raffiné ?
Pour le cœur et les artères, on est malade de ce qu’on mange (trop gras, trop sucré, trop salé), mais pour le cancer, on est surtout malade de ce qu’on ne mange pas. Ou de ce qu’on ne mange pas assez, en l’occurrence, des fruits et des légumes. 5 par jour, c’est vraiment le minimum. Pour une protection optimale, c’est plutôt 8 à 10 ! Les végétaux renferment 20 à 30 000 substances phytochimiques, dont certaines sont anti-cancer. Il faut vraiment en consommer à chaque repas. Surtout ceux qui apportent beaucoup de molécules actives !

Tous les aliments anti-cancer s’attaquent à tous les cancers ? Ou chacun possède ses constituants spécifiques ?
Certains aliments s’attaquent à des cibles communes. Par exemple, tous les cancers ont besoin de vaisseaux sanguins pour se développer, c’est l’angiogenèse. L’acide ellagique (framboises) et les catéchines (thé vert) s’y opposent, coupant ainsi les vivres aux cellules cancéreuses en général. Les tout derniers médicaments anti-cancer fonctionnent d’ailleurs sur ce mode, en bloquant l’angiogenèse. Certains aliments sont aussi hautement anti-inflammatoires, par exemple les poissons gras (riches en oméga 3) et le curcuma, or 40 % des cancers ont une composante inflammatoire. Mais il y a aussi des aliments « spécifiques ». C’est le cas des choux, dont la molécule « indole 3 carbinol » empêche la formation d’œstrogènes, donc limite le risque de cancers dits « hormono-dépendants » (prostate, sein).

Les épices ? Pourquoi, et lesquelles ?
Trois familles se distinguent par leur contenu en molécules anti-cancéreuses. Celle des zingibéracées (curcuma, gingembre), des lamiacées (menthe, thym, marjolaine, origan, basilic, romarin…) et des apiacées (persil, coriandre, cerfeuil, fenouil, cumin…). Mais pour profiter de leurs bienfaits, il faut connaître certaines astuces. Ainsi la curcumine (une des molécules les plus anti-cancer) a besoin d’être solubilisée dans l’huile pour être absorbée par l’organisme. Sa puissance est telle qu’elle explique sûrement en partie le faible taux de cancer en Inde, pays traditionnellement gros consommateur de curcuma et d’autres épices. Problème : elle est assez mal assimilée. Si vous désirez rajouter du curcuma à une soupe, faites-le d’abord revenir avec de l’oignon et de l’ail dans un peu d’huile d’olive. Il ne rejoindra le bouillon qu’ensuite ! Et sachez qu’en ajoutant du poivre dans la même recette, vous multipliez par 1 000 (voire plus) l’absorption de cette chère curcumine ! Quant au poivre, il contient de la pipérine, un composé empêchant l’intestin d’éliminer la curcumine…

Vous mangez anti-cancer, vous ?
Oui, bien sûr ! Chaque jour, je bois 3 tasses de thé vert, par plaisir, pas juste pour éviter la maladie ! Et je consomme 5 à 10 fruits et légumes. Par exemple le matin, je mange un fruit, je bois un jus de fruits et je mets des canneberges séchées dans mes céréales… en un seul repas j’atteins déjà mes «3 portions de fruits» ! Pour les repas principaux, je mange 3 fois par semaine au Chinois, au Japonais ou à l’Indien des cuisines historiquement et traditionnellement riches en végétaux. J’évite tout ce qui est frit, même si de temps à autre j’adore un bon hot dog et une bonne portion de frites. Mais une fois par mois, pas plus !

Vos 3 recommandations principales ?
=> Manger beaucoup de fruits et légumes. Tous ont une action intéressante, ceux du livre ont simplement été déjà identifiés «anti-cancer», d’autres suivront sûrement.
=>Varier l’alimentation.
=> Consommer régulièrement et si possible quotidiennement les aliments du Top 17.

LE TOP 17 DES ALIMENTS LES PLUS ANTI-CANCER Source – Dr Béliveau

ALIMENTQUANTITÉ RECOMMANDÉE/JOUR
choux de bruxelles1/2 tasse
brocoli, chou-fleur, choux1/2 tasse
ail2 gousses (1 c. à café)
oignon, échalote1/2 tasse
épinard, cresson1/2 tasse
soja (fèves de soja)1/2 tasse
graines de lin fraîchement moulues1 c. à soupe
tomates (en pâte)1 c. à soupe
curcuma1 c. à thé
poivre noir1/4 de c. à café
myrtilles, framboises, mûres1/2 tasse
canneberges (séchées)1/2 tasse
raisin1/2 tasse
chocolat noir 70%40 g
jus d’agrumes1/2 tasse
thé vert (infusé 10 minutes)3 tasses de 250 ml
vin rouge1 verre

Et aussi : algues marines, artichaut, aubergine, avocat, basilic et romarin, bokchoi (variété de chou chinois), câpres, céleri, cerise, clou de girofle, épinard, fenouil, anis, coriandre, gingembre, laitue, lentilles, luzerne, mangue, orge, pamplemousse, persil, piment chili, poire, pomme, shiitaké (variété de champignon japonais), son de blé, thé noir, thym.

(1) Auteur du livre : Cuisiner avec les aliments contre le cancer (Robert Laffont).

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