Pesticides dans votre jardin = abeilles en danger
On parle souvent des dégâts des pesticides de l’agriculture sur les insectes pollinisateurs, en particulier les abeilles dont les populations diminuent d’année en année, mais aussi les papillons. On sait moins ce qu’il en est de nos jardins. Il faut donc saluer l’étude française récemment parue dans la revue Biological Conservation qui a permis de faire un état des lieux en observant ce qui se passait dans environ 370 jardins privés de France métropolitaine.
Audrey Muratet, de l’Observatoire départemental de la biodiversité urbaine (ODBU) de Seine-Saint-Denis, et Benoît Fontaine, du Centre des sciences de la conservation, ont analysé les données de deux observatoires mis en place par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), celui des bourdons et celui des papillons des jardins, animés par des volontaires recensant, par espèce, le nombre d’individus volant dans leur jardin. Les propriétaires des jardins devaient aussi mentionner leur éventuel recours à des pesticides.
Résultat : comme on pouvait s’y attendre, l’utilisation d’insecticides et d’herbicides est inversement proportionnelle à la présence des bourdons et des papillons. Et les résultats sont plus nets encore à la ville qu’à la campagne, le milieu étant plus hostile à ces insectes.
En revanche, de manière surprenante, les fongicides, dont la bouillie bordelaise autorisée en agriculture biologique, et les anti-limaces, semblent favoriser la présence de bourdons et de papillons. Mais attention : les chercheurs n’encouragent pas pour autant leur emploi en abondance : « L’effet sur la faune du sol ne doit pas être sous-estimé. D’autres études ont par exemple montré que les lombrics sont moins abondants dans les parcelles agricoles traitées par des herbicides, des insecticides ou des fongicides qui ne les visaient pourtant pas directement. »
L’usage domestique de pesticides sera interdit, à l’exception, entre autres, de ceux utilisés en agriculture biologique et de ceux jugés à faible risque, à partir de 2022. Mais rien ne nous empêche d’anticiper la loi…
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