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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Acides et bases : des précisions

J’apprécie votre revue. J’ai quelques questions. M. Le Bail avait écrit que chez les sujets en bonne santé, le pH sanguin est acide et celui du terrain alcalin et, chez les cancéreux, le sang est alcalin et le terrain acide. M. Bölling, dans le n° 139, a écrit : “On sait que le terrain acide produit par l’activité physique empêche les cellules cancéreuses de se développer”. Chez les cancéreux, c’est le sang qui devrait être acidifié, pas le terrain ? (…). Autres questions : les médicaments introduits par piqûre intramusculaire acidifient-ils le sang ou le terrain ? On dit aussi que la vitamine C est favorable en cas de cancer, mais ne s’agit-il pas ici de la vitamine C injectée dans les veines donc dans le système sanguin, qui est alors acidifié ? (…) »

Mme K. du Bas-Rhin

Il est facile de s’emmêler les pinceaux avec ces histoires d’acides et de bases. Pour sortir de la confusion, je vous invite à lire attentivement l’article du naturopathe Christopher Vasey ci-dessous. On ne peut vraiment pas exprimer les choses plus clairement.

Le rôle fondamental du pH de l’organisme, c’est-à-dire son degré d’acidité ou d’alcalinité a été mis en évidence ces dernières années comme un facteur déterminant pour la santé. Les méfaits de l’acidification ont été dénoncés comme responsables d’une foule de maux et les moyens d’alcaliniser l’organisme pour rétablir un pH normal ont été largement diffusés.
Or, malgré le rôle néfaste et évident de l’acidification, on a pu lire, ces derniers temps, juste l’opposé de ce qui se dit habituellement à ce sujet, à savoir que l’acidification de l’organisme devait être recherchée, qu’elle était un moyen curatif et préventif excellent contre le cancer et différentes maladies dégénératives.
Comment cela est-il possible ? Comment deux affirmations si contradictoires peuvent-elles être faites à propos d’une même chose.

Pourquoi alcaliniser ?

Quelles sont les raisons qu’invoquent les partisans de l’alcalinisation pour affirmer qu’il est bon de désacidifier l’organisme pour le ramener à la santé ?
Tous les phénomènes vitaux qui ont lieu dans notre organisme sont effectués par des enzymes. Or, ceux-ci ne peuvent être actifs que lorsque le milieu dans lequel ils se trouvent possède un pH bien défini, variable d’un tissu à un autre, mais de manière générale légèrement alcalin, c’est-à-dire au-dessus de 7 (7,3). Lorsque le pH se modifie et devient acide, les enzymes sont entravés dans leur activité. Il s’ensuit un ralentissement des diverses fonctions organiques touchées et, par là, l’apparition des maladies.
L’organisme cherche donc toujours à maintenir un pH idéal pour garantir sa survie et se conserver en bonne santé. Pour corriger un pH qui devient trop acide, il puise des minéraux basiques dans les tissus pour neutraliser les acides excédentaires, selon le principe qu’une base combinée à un acide donne un sel neutre (système tampon). Le caractère neutre du sel obtenu, permet de corriger le pH mais aussi de protéger le corps du caractère agressif des acides. En effet, les acides irritent, enflamment, blessent et lésionnent les tissus lorsque leur présence devient trop importante dans l’organisme, ce qui est justement souvent le cas de nos jours à cause du mode d’alimentation et de vie que mène l’homme moderne.
Les méfaits de l’acidification sont donc triples : elle perturbe l’activité des enzymes, elle agresse les tissus et elle les déminéralise en les obligeant à céder des bases. Les maladies par acidose sont donc le résultat de cette triple influence et la thérapeutique consistera tout naturellement à diminuer les apports et la production des acides (régime alcalin), à neutraliser les acides présents dans l’organisme (prise de citrates alcalins) et à stimuler l’élimination des acides par les émonctoires spécialisés dans leur élimination (poumons, reins, peau).

Les partisans de l’acidification

Les raisons qui font préconiser la mise en acidose de l’organisme pour lutter contre le cancer et d’autres maladies dégénératives sont motivées par les travaux de trois scientifiques.
Les plus anciens travaux sont ceux d’Otto Warbury, prix Nobel, qui en 1913 expliquait que la différence essentielle entre la cellule cancéreuse et la cellule saine tenait à leur métabolisme. La cellule mutée ou cancéreuse est de type fermentatif et ne peut pas se développer lors d’acidose. L’acidose empêche le cancer d’utiliser le sucre qui lui est nécessaire. C’est ce qui fait que les diabétiques graves, non traités, qui ont une tendance à une acidose sanguine permanente, font très rarement ou peu facilement un cancer. En d’autre termes : l’alcalose sanguine favoriserait le développement de cellules cancéreuses.
Les deuxièmes travaux sont ceux de Louis-Claude Vincent. Dès 1948, ce chercheur français, créateur de la bio-électronique, science qui mesure les terrains biologiques à partir de trois facteurs objectifs : le pH, le potentiel oxydo-réducteur (rH2) et le facteur de résistivité (r ou r02), concluait aussi à la suite de ses travaux que l’alcalose sanguine était favorable au développement du cancer. Les mesures thérapeutiques et préventives qui découlent de cette constatation sont évidemment qu’il faut lutter contre l’alcalinisation du sang et chercher à l’acidifier.
C’est ce que confirme à son tour le savant américain Reding qui, se basant sur des statistiques faites au niveau mondial, déclare “L’acidose sanguine constitue un état défavorable au développement de la cellule cancéreuse ; la tendance à l’alcalose sanguine contribuant à son éclosion.
Reding a constaté en effet que les taux les plus élevés de non-cancérisation se trouve dans les groupements d’individus présentant une forte acidose sanguine, acidose dont les origines sont multiples : condition de vie restrictives (camps de concentration), habitudes alimentaires (monastères), maladies chroniques acidifiantes (urémie, artériosclérose, diabète), habitudes socio-culturelles (pratique rituel du jeûne).
Le dénominateur commun à ces différents groupes de population peu enclins à faire des cancers est que le sang est acide, ce qui crée des conditions adverses au développement des cellules mutantes ou cancéreuses. La thérapeutique anti-cancéreuse consistera donc à rechercher l’acidification, ceci par les moyens déjà mentionnés, les diètes et jeûne, mais aussi par l’exercice musculaire et les séjours en altitude.

Faut-il acidifier ou alcaliniser ?

En apparence, nous nous trouvons donc devant une énigme puisque les deux approches semblent radicalement opposées. En réalité, ce n’est pas le cas. Elles se rejoignent même et sont parfaitement conciliables, car les tenants des deux positions ne parlent pas… de la même chose !
Les tenants de l’alcalinisation parlent des tissus organiques (le terrain) alors que les tenants de l’acidification parlent du sang. Or, tissus et sang n’ont pas le même pH. Leurs pH sont au contraire opposés l’un à l’autre. On peut même dire que le pH de l’un est toujours le reflet inverse de l’autre.
Voici pourquoi :
Le sang est le liquide le plus précieux de l’organisme. Son pH ne peut varier que dans une infime mesure, sinon apparaissent rapidement des troubles organiques et des modifications de la conscience, puis la mort. L’organisme cherche donc constamment à maintenir un pH sanguin dans l’équilibre idéal. Lorsque le sang reçoit de grandes quantités d’acides, ceux-ci seront neutralisés par le système tampon et, lorsque celui-ci est dépassé, rejetés dans les tissus pour préserver l’équilibre acido-basique du sang. Avec le temps les acides s’accumulent donc dans les tissus et le terrain devient acide.
Dans cette situation, le corps lutte donc pour conserver un pH sanguin normal, face à cet environnement acide que représente le terrain acidifié. Les systèmes de protection qu’emploie le sang tendront à le rendre légèrement alcalin pour deux raisons. D’une part, parce que le sang augmente ses réserves alcalines pour faire face aux agressions « acides » et d’autre part, parce qu’il transporte des bases d’une partie du corps à une autre, bases destinées aux tissus acidifiés.
Ainsi, lorsque le terrain s’acidifie, le sang tend à l’alcalinisation. Il ne devient pas alcalin, mais tend seulement légèrement dans cette direction. En effet, le sang supporte aussi peu de devenir trop acide que trop alcalin.
Dans la situation inverse, lorsque le terrain a un pH normal, donc légèrement alcalin, le sang ne doit pas se protéger comme expliqué ci-dessus, et son pH est un peu plus acide. Il tend vers des valeurs plus acides pour équilibrer le pH alcalin du terrain (de là, la recommandation d’acidifier le sang).
Etant donné que le pH de l’un est le reflet inverse du pH de l’autre, on peut tout aussi bien affirmer qu’il faut acidifier ou qu’il faut alcaliniser, suivant que l’on parle du sang ou des tissus.
Ainsi, lorsque Reding ou Vincent disent que la tendance à l’alcalose sanguine contribue à l’éclosion de la cellule cancéreuse, c’est parce que le terrain est acide. En effet, ce qui est primordial pour une cellule, c’est moins le sang avec lequel elle n’est pas en contact direct, que les sérums cellulaires qui imprègnent les tissus et qui représentent son environnement immédiat.
Or, une cellule cancéreuse ne se développe pas dans un terrain sain, donc légèrement alcalin, alcalinité du terrain qui correspond, au niveau du sang, à un pH… acide. Lorsque les tenants de l’acidification disent que le cancer ne se développe pas lorsque le sang est acide, c’est tout simplement que dans cette situation le terrain est alcalin.
Les deux approches sont donc justes et correspondent toutes deux à la réalité. Ce ne sont que les explications qui ne sont pas assez précises, l’action d’acidification n’étant pas assez définie comme agissant sur le sang, et l’action d’alcalinisation, sur le terrain.
Que ces deux approches apparemment antagonistes correspondent est d’ailleurs confirmé par l’analyse des moyens thérapeutiques préconisés de part et d’autre.

Le Jeûne

Les partisans de l’acidification préconisent le jeûne comme technique de mise en acidose (du sang). Après ce qui a été dit précédemment, nous devons cependant nous poser la question : les effets thérapeutiques proviennent-ils de l’acidification du sang ou de l’alcalinisation des tissus qui en résulte ?
Que se passe-t-il pendant le jeûne ? La restriction des apports oblige l’organisme à puiser dans ses tissus. La dégradation des tissus produit des acides qui seront acheminés vers le sang, puis éliminés par les émonctoires. L’intensification du travail d’élimination que déclenche le jeûne, conduit aussi les acides des tissus vers les émonctoires en passant par le sang. S’il y a augmentation de l’acidité tissulaire tout au début du jeûne, la désacidification du terrain, environnement direct de la cellule, en est la conséquence à long terme. Le sang, lui par contre, a tendance à s’acidifier pendant le jeûne.
Le jeûne permet donc bien de lutter contre le cancer puisqu’il :
– acidifie le sang (diraient les partisans de l’acidification)
– parce qu’il alcalinise le terrain (diraient les partisans de l’alcalinisation).
Le processus est le même et les conclusions qu’on peut en tirer aussi lorsqu’il s’agit de jeûne partiels ou des régimes restrictifs préconisés (diminution des viandes, graisses et sucre). Dans ces cas, il y a aussi désacidification du terrain et acidification du sang.

L’exercice musculaire

Un autre moyen d’acidifier préconisé par les tenants de l’acidification est l’exercice musculaire. Certes, les contradictions musculaires produisent de l’acide lactique, mais l’acidification des tissus musculaires est de courte durée puisque l’acide lactique va être conduit au sang (ce qui se traduit par l’acidose sanguine), puis aux reins pour être éliminé comme en témoigne l’acidification des urines après l’exercice. Cependant, tout exercice musculaire provoque aussi une accélération des métabolismes respiratoires et circulatoires et par là une meilleure oxygénation des tissus. De nombreux acides sont ainsi oxydés à la faveur de l’exercice. Comme dans le jeûne, le résultat final est une désacidification des tissus profonds après l’acidification passagère du début. Or, ce qui sera déterminant pour les cellules cancéreuses dont on veut entraver le développement, ce n’est pas l’acidification passagère du terrain ou du sang, mais l’alcalinisation durable du terrain qui suivra.

Séjour en altitude

Il en va de même pour les séjours en altitude également préconisés. Le manque d’oxygène disponible en altitude oblige le corps à augmenter son métabolisme de base. L’amplitude respiratoire est plus profonde, l’oxygénation des tissus aussi et les acides sont ainsi plus facilement oxydés et éliminés, ce qui alcalinisera le terrain.

Cancer : faut-il acidifier ou non ?

La réponse à notre question du départ est maintenant simple à donner. Oui, il faut acidifier, si on parle du sang. Non, il ne faut pas acidifier, si l’on parle du terrain.
La logique voudrait que l’on mette en priorité le phénomène de fond et que l’on parle donc plutôt du terrain. En abordant d’abord la question par le pH du sang en sous-entendant et en occultant le déclenchement du phénomène inverse au niveau du terrain – on ne fait que troubler les esprits et semer la confusion.
Ce qui est à rechercher ce n’est pas acidifier, mais alcaliniser, c’est-à-dire alcaliniser le terrain, ce qui, en définitive, est le but recherché aussi bien par les tenants de l’alcalinisation que de l’acidification.

Christopher Vasey

Remarque : le pH du terrain est l’inverse de celui du sang. Le pH urinaire, lui, correspond au pH du terrain, car si un organisme est chargé d’acide, son terrain est acide par accumulation et ses urines acides par l’élimination des acides excédentaires.

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