Le chanvre, la petite graine qui monte
Cultivé au XIXe siècle dans plusieurs régions françaises, puis délaissé, le chanvre retrouve, depuis quelques années, une deuxième vie grâce à l’éco-construction. Petit tour d’horizon d’une renaissance pas banale !
Son nom botanique est Cannabis sativa L. vulgaris. À ne pas confondre avec l’autre variété, tropicale, appelée Cannabis sativa L. indica… Les deux appartiennent à la même espèce, mais le premier est le chanvre à fibres et le second à drogue. Ce qui vaut à la culture chanvrière une réglementation draconnienne ! « Les producteurs sont obligés de s’approvisionner auprès de semenciers agréés et de conserver les étiquettes des sacs de semences, raconte Delphine Koffi, animatrice au CIVAM (1) et responsable de la filière chanvre en Auvergne. On leur demande également de déclarer le lieu d’implantation et l’utilisation de la parcelle à la Gendarmerie Nationale »… Bigre ! Et ce n’est pas tout : au moment de la floraison, une équipe du CEAPC (Comité économique agricole de la production du chanvre) vient contrôler une parcelle sur 3.
Mais cela ne semble pas décourager la trentaine de producteurs du centre de la France qui a relancé cette culture il y a quelques années.
Cordages et rouissage
Après avoir connu un bel essor grâce à la Marine Nationale qui l’utilisait pour les cordages, la production de chanvre avait quasiment disparu durant un siècle : seuls 10 ha étaient encore cultivés en 1960. Ce déclin, dû à l’arrivée massive des fibres synthétiques, a entraîné la perte du savoir-faire, alors que, dans les campagnes, nombre de lieux-dits portent encore le nom de « Chanvrière » ou « Cannebière », rappelant ainsi qu’à une époque, chaque ferme avait sa petite production pour usage local – liens et vêtements ; des tisserands itinérants passaient alors pour fabriquer chemises et toiles.
Écomatériau apprécié
Il y a quelques années, une poignée de cultivateurs auvergnats émet le désir d’introduire une nouvelle plante dans leurs rotations : le chanvre renaît !
Cette belle plante, qui peut mesurer jusqu’à 4 m de haut, a moult avantages : elle nettoie le sol sur lequel elle pousse et, grâce à son puissant système racinaire, le prépare à la culture suivante. En plus, lorsqu’elle perd ses feuilles, la parcelle sur laquelle elle pousse bénéficie d’un apport en matière organique fort appréciable.
En 2008, Patrick Vallat, maçon en Haute-Loire utilisant des écomatériaux, contribue à relancer cette production en sommeil et à donner un nouvel essor aux produits dérivés de cette culture.
Une graine d’avenir
Aujourd’hui, tiges et graines sont récoltées début septembre et transformées sur place en divers produits vendus directement aux professionnels du bâtiment et aux particuliers intéressés, favorisant ainsi une filière courte, sans intermédiaires.
Contacts :
Chanvre en Auvergne : www.chanvreauvergne.e-monsite.com
Chanvre en Alsace : www.can-art.fr et www.agnes.taf.free.fr
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