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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Des poireaux en hiver

Légume des régions tempérées, il a l’avantage d’être disponible presque toute l’année, sur les étals comme au jardin. Il se cultive un peu partout. Le facteur limitant est souvent l’eau dont il est gourmand, au moins à la plantation.

Allium porrum est une plante vivace qui, depuis fort longtemps, est cultivée comme une an- nuelle. Assez rustique, elle supporte des températures négatives sans problèmes, pouvant aller, pour certaines variétés, jusqu’à -18 à -20°C. Du semis à la récolte, comptez en moyenne 5 mois de culture.

CHOISIR LES VARIÉTÉS DE POIREAUX ADAPTÉES

Le critère de choix des variétés à cultiver dépend de la période de culture et donc de la capacité à supporter l’hiver ; ne négligez pas cependant la grosseur et les qualités gustatives.
Les poireaux d’été : Gros long d’été, Jaune gros du Poitou, Premier, Géant précoces…
– Les poireaux d’automne résistent moyennement aux gelées : de Genneviliers, Monstrueux de Carentan, Monstrueux d’Elbœuf, Electra (se récolte dès juillet)…
– Les poireaux d’hiver doivent supporter le froid et résister à des gels assez forts : Géant d’hiver, De Caren- tan, Bleu de Solaise, Long de Mézières, Bleu de Liège, de Saint-Victor…
– Les poireaux de printemps (dits “poireaux baguettes”) : Bleu de Solaise, de Liège…

ACHETER OU FAIRE SON PLANT

– Faire du plan de poireaux prend un peu de temps, mais n’est pas difficile.
– Pour manger des poireaux en continu sur l’année, échelonnez les semis ; lorsque le sol est froid (entre novembre et avril), travaillez sous abri.
– Selon les climats, utilisez une serre froide, un tunnel ou une couche chaude, la température visée pour une levée dans les délais normaux (10 à 15 jours) est de 12-15°C.
– À ces périodes, il est parfois plus facile d’acheter des plants. Ils s’achètent en mini-mottes ou racines nues (comptez entre 2 et 4€ les 50 plants, selon les marchés).
– Pour une culture précoce, semez à l’abri de janvier à mi-février.
Pour les cultures plus tardives : 

Pour un semis en pépinièreOn sème en placeOn repiqueet on récolte
en marsavril-mai3 mois aprèsd’août à décembre et de décembre à avril
fin aoûtfin aoûten novembred’avril à juin

Faut-il semer en place ou en pépinière ?

> Le semis en place peut paraître plus simple. À noter cependant que, pour une production familiale régulière, la surface bloquée pendant le temps de croissance des plants est importante ; par ailleurs, on obtient moins facilement de longs fûts blancs.

> En pépinière, 1 à 2m2 de semis suffisent pour assurer la couverture des besoins familiaux. Les graines sont petites (poids de 1000 graines = autour de 2,5 g) et se sèment en ligne ou à la volée sur une terre fine bien humidifiée, on les recouvre de 5 mm de terreau bien plombé. Désherbez régulièrement, assurez un arrosage régulier et éclaircissez lorsque les plants approchent le diamètre d’un crayon.

CULTIVER EN ASSOCIATION

L’association des cultures a fait ses preuves ; globalement, elle favorise le développement et la bonne santé des plantes cultivées lorsqu’elle est bien réfléchie.

 – Pour le poireau, associez-le avec des plantes qui le protègent des parasites : carottes et oignons répulsifs de la teigne du poireau (les carottes sont à leur tour protégées de la mouche). Laitue, mâche, céleri, tomate, oignon, asperge ou fraise ont une bonne influence sur le développement des poireaux.
– Séparez-le des Fabacées en général (pois, haricots, fèves…) qui ralentissent sa croissance, des Chénopodiacées (betteraves, bettes, panais…) qui lui font une trop grande concurrence.
– Le voisinage des choux n’est pas recommandé, certains déconseillent aussi celui de la pomme de terre.
– Évitez la proximité d’un pied de ciboulette qui risque d’héberger des larves de mouche mineuse du poireau.

INSTALLER LES POIREAUX DANS VOTRE JARDIN

Comme pour toutes les cultures du potager, le respect de la rotation est important : laissez passer 4 ans entre deux cultures de poireaux sur une même zone, à la fois pour des raisons sanitaires et pour une utilisation optimale des ressources du sol.

– Les poireaux peuvent succéder à une culture de chicorée, de chou cabus, d’épinard de printemps ou d’hiver, de laitue, de fèves, de poirées
– Après avoir récolté, vous pourrez cultiver : radis, carottes, betteraves, navets, aneth ou des bulbes (ails, oignons…).
– Pour avoir de bons résultats, on doit réserver à la culture de poireaux une terre drainante, aérée en profondeur et humifère.
– Avant le repiquage, on travaille en profondeur le sol sur 20 à 30 cm pour le décompacter et l’aérer.
– Évitez toutes les zones où l’eau s’évacue mal, où les risques d’asphyxie racinaires existent ; plus la terre est sableuse, plus les apports de matières organiques devront être conséquents et fréquents.
– Dans la perspective de cultiver des poireaux, prévoyez, deux ans avant, de cultiver un engrais vert et d’enfouir du paillage et du compost pour assurer une teneur en fumure organique suffisamment bien décomposée.
– La technique du bois raméal fragmenté est aussi une bonne solution.

REPIQUER : UN POINT DÉLICAT


– Arrachez vos plants lorsqu’ils ont le diamètre d’un crayon, laissez-les ressuyer sur le sol au soleil pendant 48 h, vous réduirez ainsi les attaques de teigne, voire de mineuse en climat doux.
– Secouez la terre, coupez les feuilles à 15 cm et les racines à 1 cm.
– Trempez les racines dans un pralin (bouse + argile + décoction de tanaisie) pendant plusieurs minutes pour faciliter la reprise.
– Creusez des sillons espacés de 30 cm, assez profonds, entre 10 et 15 cm, pour avoir de longs fûts blancs.
– Arrosez copieusement le fond de chaque sillon avec un mélange de purin de consoude dilué à 5% et de décoction de tanaisie pour lutter contre la mineuse du poireau.
– Installez les plants tous les 10-12 cm, rebouchez à mi-hauteur, arrosez à nouveau et finissez de combler et butter. Cette opération se fait en lune descendante. Il est essentiel de veiller à une bonne alimentation en eau pendant les 15-20 jours qui suivent sans pour autant être dans l’excès : arrosez dès que le billon est sec sur les 5 premiers centimètres avec, en alternance une fois sur deux, du purin d’ortie dilué à 10% et de la décoction de prêle.

SOIGNER EN COURS DE CULTURE

Le buttage

C’est le blanc du poireau qui est apprécié en cuisine, donc pas de bons poireaux sans buttage. Cette opération commence dès la reprise, on constitue le billon lors du premier sarclage avec une binette ou, mieux, un buttoir ; il faut veiller à ne pas blesser les pieds ; on peut butter deux à trois fois encore suivant les situations. Le buttage limite la concurrence des mauvaises herbes sur le rang, économise l’eau et favorise la croissance ; ces effets positifs sont renforcés avec un paillage.

Le désherbage

Prévoyez un ou deux sarclages en début de culture ; dès que les plants sont bien enracinés, que le billon est mis en place, le poireau n’est plus sensible à la concurrence avec les autres plantes.

Au contraire, dans un jardin bio, il est logique de laisser un léger enherbement entre les lignes qui assure une couverture naturelle du sol et une source de biodiversité.

L’arrosage

Le stress hydrique est à éviter impérativement, il ralentit le grossissement des plants et fait perdre tout le côté fondant de ce beau légume lors de la cuisson ; à l’inverse, les excès d’eau favorisent les maladies. Pour trouver le juste milieu, employez toutes les méthodes d’économie d’eau : buttage complété par un paillage, éventuellement un sarclage sur le rang si le couvert végétal est trop envahissant, en laissant sécher sur place ce qui est arraché. En principe, on considère que les arrosages sont nécessaires s’il fait sec : à raison d’un arrosage tous les 10 jours sans paillage et toutes les 3 semaines avec paillage.

La fertilisation

Le poireau est un légume exigeant, notamment pour la fumure organique. Il est important de ne pas apporter de fumure organique fraîche, mais il faut prévoir d’enfouir, l’automne précédent la plantation, environ 5 à 7 kg/m2 de compost ou de fumier mûr et bien décomposé. C’est aussi le moment de mettre en terre un peu de chaux si le pH est inférieur à 6 et, pour les sols pauvres en potasse, des cendres de bois ou du Patenkali®. En cours de culture, apportez de l’azote sans excès (risque de développement de rouille) ; pour un effet starter, juste avant la plantation, incorporez 100g/m2 de corne broyée ou de sang séché puis, en cours de culture, prévoyez un ou deux arrosages avec du purin de consoude dilué à 5% en mélange avec de la décoction de tanaisie. On évitera le purin d’ortie qui, semble-t-il, attire le vers du poireau.

PROTÉGER DES MALADIES ET DES PARASITES

Sur les poireaux, trois maladies cryptogamiques essentiellement peuvent causer quelques soucis au jardinier :
La rouille, favorisée par une saison pluvieuse, par des plantations peu aérées ou des apports d’azote excessifs.
– Le mildiou, qui provoque des taches jaunes allongées sur les feuilles ; il se développe à la faveur d’hivers doux et humides. Les traitements préventifs avec de la décoction de prêle ou de la bouillie bordelaise sont efficaces. La difficulté pour le jardinier est la durée de vie du champignon dans le sol ; elle oblige à augmenter les durées de rotation parfois au-delà de 4 ans si l’infestation a été importante.
– L’alternariose, qui se traduit par des taches blanches en losange sur les feuilles ; intervenez en préventif avec de la décoction de prêle.

Le poireau a son cortège de parasites dont les plus connus sont sans doute la mineuse et la teigne, ou vers du poireau.

1. La mouche mineuse (Napomyza gymnostoma) est une petite mouche qui, depuis quelques années, envahit les jardins et pond sur les feuilles de poireaux dont la larve se nourrit en progressant vers les racines. En jardinage biologique, c’est la prévention qui, à long terme, protègera vos cultures :
– Couvrez-les en période de vol et de ponte des mouches (mars-avril et septembre-octobre) avec un filet anti-insectes ou un voile de forçage. On peut mettre en place des arceaux ou des piquets de taille adaptée pour supporter le filet.
– Toujours à titre préventif, pulvérisez une décoction de tanaisie.
– Éliminez les déchets de culture et ne mettez pas au compost toutes les parties susceptibles d’être contaminées ; le brûlage est recommandé.
– Éloignez, voire renoncez à la ciboulette qui est aussi parasitée par la mouche et donc contribue à augmenter les populations de ce parasite.
– Respectez la rotation.
2. La teigne du poireau, c’est le vers qui se développe après la ponte du papillon qui est responsable des dégâts : feuilles minées, jaunies, installation de maladies fongiques de « faiblesse ». Les méthodes préventives sont : la culture de carottes en association, la pose de filet anti-insectes pendant les périodes de vols, la pulvérisation de décoction de tanaisie.

RÉCOLTER

Les poireaux peuvent se récolter toute l’année, au fur et à mesure des besoins.
La récolte par temps de gel est possible, même si on peut s’organiser avant pour ne pas être contraint à mettre en œuvre des stratégies particulières : un arrosage des poireaux à l’eau tiède pour faire dégeler autour des pieds à récolter, ou un buttage et un paillage épais semblent être suffisants pour les climats de nos jardins !

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