communauteSans
Communauté
boutiqueSans
Boutique
Image décorative. En cliquant dessus, on découvre les différents abonnements proposés par Rebelle-Santé
S’ABONNER

La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Europe : l’indépendance de l’Agence du Médicament

Les responsables des deux revues Prescrire et British Medical Journal – connues pour leur indépendance – ont envoyé une lettre au Président de la Commission européenne le 16 septembre dernier :

M. Juncker, le médicament n’est pas une marchandise…

Monsieur le Président de la Commission européenne, en 2009, le Président Barroso a enfin décidé de rattacher la politique des produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux) et l’Agence européenne du médicament (EMA) à la direction générale Sanco (santé et consommateurs) plutôt qu’à la direction générale Entreprises. En 2009, de très nombreuses voix se sont fait entendre, dont la nôtre, pour saluer ce rattachement, réclamé depuis longtemps, meilleur gage d’une priorité donnée à la santé publique et aux patients, plutôt qu’aux intérêts industriels et économiques à courte vue.

Incompréhensible retour en arrière. Votre décision de rattacher à nouveau la politique du médicament et l’EMA à la direction générale Entreprises est une immense déception et suscite l’incompréhension de tous ceux qui donnent la priorité à la santé publique en Europe. Quelles sont les raisons d’un tel retour en arrière ? Quelle nouvelle direction cela va-t-il signifier pour l’EMA et les patients européens ?
Nous observons avec attention l’activité de l’EMA depuis son origine (1995). Les intérêts industriels y sont en permanence puissamment défendus. Pour assurer une politique équilibrée, il faut que l’EMA soit davantage sensible aux intérêts des patients et à la protection de la santé publique. Nous ne prendrons qu’un seul exemple récent.
En 2010, l’EMA a annoncé une politique volontariste de transparence et d’accès public aux données sur lesquelles l’agence base ses avis, qui intéressent la santé des Européens. Cette politique était en phase avec une évolution internationale inéluctable de transparence. En phase aussi avec ce que les eurodéputés et le Conseil européen ont voulu dans le cadre du nouveau règlement sur les essais cliniques. À la stupéfaction des observateurs et des acteurs les plus impliqués dans cette évolution positive, la position de l’EMA s’est retournée de manière spectaculaire au cours des derniers mois, concomitamment avec la prise de fonction à l’agence d’un responsable juridique issu des firmes. L’EMA a aussi expliqué son revirement en disant qu’elle devait prendre en compte la position de la Commission dans le cadre des négociations commerciales transatlantiques en cours.

Ne pas sacrifier l’intérêt général. L’expérience prouve que l’intérêt général de la santé publique et les intérêts particuliers des firmes pharmaceutiques ne coïncident que si ces dernières sont orientées vers les besoins réels et prioritaires de santé, si elles sont obligées d’évaluer suffisamment leurs médicaments et si elles sont contrôlées dans leurs activités marketing. Trop de médicaments mis sur le marché européen ne représentent pas de progrès tangible pour les patients, voire sont de véritables régressions.
M. le Président Juncker, rapprocher encore davantage l’EMA des firmes met en danger la protection de la santé des citoyens européens. Nous avons l’impression que votre décision a été prise sous l’influence d’intérêts commerciaux, mais il vous est encore possible d’en prendre une meilleure, mieux tournée vers l’avenir, dans l’intérêt des patients européens et de la santé publique.

Nous comptons sur vous et le monde entier vous regarde.

Fiona Godlee, rédactrice-en-chef du British Medical Journal
Bruno Toussaint, directeur de la revue Prescrire

J’ai publié ce courrier sur la page Facebook de Rebelle-Santé et un internaute a réagi un peu vivement avec le commentaire suivant :
« Je n’ai aucune confiance dans le “BMJ” ou “Prescrire” qui sont très dogmatiques et qui prônent des études cliniques monstrueusement chères et qui s’étonnent que l’argent soit nécessaire… ». Et, même s’il est important que des avis indépendants puissent ainsi tenter de peser sur les décisions européennes, ses arguments me paraissent assez pertinents : « Ces revues contribuent à cette médecine des preuves qui ne laisse que la place à des structures financières, pour les dénoncer ensuite, mais c’est la même vision de la santé. C’est même un outil de “bonne conscience” pour les big pharma. D’accord pour les structures indépendantes, mais de qui ? Quand on lit les revues de consommateurs et leur manque de “travail” sur les sujets de santé, on peut être perplexe… Donc vive les rebelles ! »

Sophie Lacoste

Magazine

À lire aussi

Le NeuroGel

Nouvel espoir pour des milliers de tétraplégiques et paraplégiques du monde entier, le NeuroGel, un biomatériau synthétique, permettrait de refaire marcher les blessés médullaires porteurs de lésions anciennes, si l’on en croît son inventeur.

Linky, le refus qui monte

Nous vous avons déjà parlé des compteurs communicants (1) en évoquant notamment les inquiétudes liées à leur impact sur la santé. Devant les interrogations des usagers et l’augmentation du refus de ces objets communicants, nous nous sommes intéressés aux acteurs du mouvement anti-Linky et aux solutions juridiques pour échapper à ces appareils aussi indiscrets que perturbants.

Inscrivez-vous à
Pour ne rien rater
Notre lettre info
1 à 2 envois par mois