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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’Accouchement à l’Occidentale

Une histoire féminine de la douleur et de la délivrance

Qui oserait contester les progrès accomplis par la médecine occidentale dans le domaine de l’accouchement ? La médicalisation a écarté le danger de mort, mais hérite de traditions anciennes, révélatrices de la société.

En photo : le mannequin de démonstration de Madame du Coudray (XVIIIe siècle)

LA FEMME SERAIT-ELLE LE PROPRE DE L’HOMME ?
Pour la majorité des mammifères placentaires, les femelles s’isolent pour mettre bas. L’accouchement chez les humains a toujours été collaboratif, une pratique observée aussi chez certains primates, les rhinopithèques de Roxellane et les semnopithèques en Chine, ainsi que chez les bonobos. Cette assistance à l’enfantement constitue les fondements d’une pensée métaphysique qui lie, par la naissance et l’expérience de l’autre, la conscience de la vie à celle de la mort, la reproduction à la normalisation des sociétés.

DONNER LA VIE, RISQUER LA MORT
Nancy Huston a dit : « C’est en raison de leur pouvoir terrifiant de vie et de mort que les femmes ont été contrôlées et soumises par les hommes depuis la nuit des temps. » Les préjugés sexistes ont présidé à l’écriture de l’Histoire et des connaissances anthropologiques, schématisant un discours de domination masculine infantilisant la femme dans la course à l’évolution.

UNE AFFAIRE DE FEMMES DANS LA TRADITION ANTIQUE
Le nom d’obstétrique (science de la grossesse et de l’accouchement) provient d’ « obstetrix », ces sages-femmes formées à Rome, aidées par des gynécologues, le plus souvent, elles-aussi, des médecins-femmes.
En écho, la légende d’Agnodice à Athènes, au IVe siècle avant J.- C., raconte l’histoire de cette aristocrate qui se déguisa en homme pour suivre des cours de médecine et devenir gynécologue. Accusée de viol et soutenue par ses patientes, elle serait à l’origine de la loi qui autorise les femmes à étudier et pratiquer la médecine. Mythe ou réalité ? Dans la pratique, les femmes agissent lors des naissances, les hommes s’en tiennent aux théories.

MATRONES, SAGE-FEMMES ET ACCOUCHEURS
L’accouchement reste une affaire de femmes. Il est confié à « la matrone  », « ventrière », « commère » (avec la mère), « la femme qui aide », « la mère mitaine ». Souvent une femme d’âge mûr qui a déjà accouché elle-même.
Elle se distingue à partir du XIVe siècle de la sage-femme (la femme savante) qui a reçu une formation, sans avoir forcément accouché elle-même.
En 1692, Louis XIV publie un décret qui fixe les conditions requises pour exercer le métier de sage-femme. L’évolution des sciences modernes et les découvertes anatomiques conduisent les hommes-médecins à s’intéresser de nouveau à l’obstétrique. Jules Clément devient le premier accoucheur attitré de la cour.

DES HOMMES ET DE LA DOULEUR
« Tu enfanteras dans la douleur ». Le commandement biblique caricature dans la chrétienté la souffrance expiatoire nécessaire de la femme en couches. Les débats sur la sainte vierge fixent le sexisme religieux. La naissance de Jésus est associée à la pureté de sa mère, dont le concile de Chalcédoine, en 451, précise qu’elle n’a pas de règles, à l’inverse de la femme, marquée à la puberté par le péché originel qu’elle expie dans la douleur. Le risque mortel de l’enfantement devient une fatalité inévitable, quand la naissance est conçue comme un miracle.
Longtemps, les progrès médicaux ne remettent pas en cause la douleur comme mal nécessaire. Très peu se soucient de soulager la femme qu’on charcute, qu’on saigne ou sacrifie.

ACCOUCHEMENT NATUREL OU ACCOUCHEMENT SANS DOULEUR
En 1933, l’obstétricien britannique Grantly Dick-Read (1890-1959), auteur de « L’Accouchement sans peur », est à l’origine de la technique de l’hypnonaissance. En préparant psychologiquement les futures mères, il montre que la crainte de souffrir accentue les douleurs.
Fernand Lamaze (1890-1957) met au point, en 1952, une méthode inspirée d’Ivan Pavlov pour agir sur l’anxiété. La méthode est reprise aux États-Unis, mais refusée par l’Assistance publique, car jugée « trop coûteuse en personnels et en locaux ».
En France, la durée de l’accouchement dans les hôpitaux est passée de 24 heures en 1968 à 8 heures en 2004. La diminution horaire fait craindre la volonté d’accélérer le processus pour augmenter la rentabilité des naissances. En réaction, le mouvement pour l’accouchement naturel émerge aux États-Unis, dans les années 1980. Des maisons de sages-femmes essaiment surtout en Allemagne, mais en France, le projet avorte.

Cet article s’appuie sur les chiffres de la conférence de Roger Gay : L’enfantement du paléolithique à nos jours, au CHAR (Club de l’Histoire de l’Anesthésie et de la Réanimation).

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