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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Jardiner dans la rue…

...pour le plaisir du partage

Jardiniers, découvrez un nouveau territoire ! Cette année, tentez l’aventure du jardinage de rue. Voici quelques pistes d’action et de réflexion…

C’est une pratique qui se développe, nombreuses sont les communes qui autorisent ou favorisent les « jardins de rue ». Cela correspond à la fois à une demande importante de « ville verte » puisqu’elle émane d’environ 60 % des Français et à la reconnaissance de la plus-value qu’apporte la présence de végétaux en milieu urbanisé.

Voici quelques bonnes raisons de végétaliser la ville :

=> Embellir le cadre de vie et contribuer au bien-être des habitants
=> Améliorer la qualité de l’air et donc la santé des habitants
=> Limiter l’effet « îlot de chaleur », car les végétaux contribuent à la baisse des températures et au confort climatique des habitants
=> Restaurer la biodiversité et certains équilibres écologiques
=> Favoriser la rétention des eaux pluviales
=> Créer des cheminements et des espaces agréables qui favorisent les déplacements « doux »
=> Contribuer à ralentir la circulation, à sécuriser certains déplacements, à faciliter l’aménagement de la voierie
=> Favoriser l’activité physique des habitants et donc prévenir diverses maladies liées à la sédentarité
=> Créer du lien social et partager des savoirs
=> Créer des emplois.

Une multitude de façons de jardiner en ville ou dans sa rue

­On peut s’impliquer dans les jardins partagés, dans l’installation et l’entretien d’arbres, de parterres ou de bacs¹, dans la création d’une rue végétale². Ou plus simplement : jardiner sur son trottoir, au pied de sa porte, installer des plantes sur son toit, ses murs, son balcon…

Un espace particulier avec des règles…

Dès qu’il y a interface avec l’espace public, demandez l’autorisation auprès des services techniques de votre commune. Effectivement, pas de fosse de plantation sur le trottoir car mieux vaut savoir où passent les réseaux en sous-sol et quelles sont les normes pour la circulation des piétons ! Une fois l’accord obtenu et si vous avez une municipalité réellement partante pour améliorer la vie de ses habitants, vous aurez en général l’aide technique des services communaux : réalisation de trou, fourniture de terre végétale, éventuellement de plants, de conseils… L’engagement du jardinier varie aussi suivant les lieux, il repose en principe sur la signature d’une « charte de végétalisation » ou quelque chose de ressemblant. Globalement, voici quelques règles de base que l’on retrouve presque partout :

=> Certaines plantes sont interdites car dangereuses ou incommodantes pour les habitants (urticantes, toxiques, allergènes…), d’autres le sont car elles sont envahissantes (buddleia, verge d’or, herbe de la pampa), invasives, ou quand leur développement est trop important pour le lieu (glycine), ou présente des inconvénients pour le bâti (arbuste à enracinement puissant).
=> Les plantes peu consommatrices d’eau, peu sensibles aux problèmes sanitaires sont souvent privilégiées.
=> Des normes concernant le volume occupé sont données de façon à faire cohabiter plantes et usagers de la rue.
=> Les droits de propriétés sont reprécisés ; ainsi, les végétaux plantés par la ville restent sa propriété et vous ne pouvez pas les arracher ou en couper les branches ou les racines à votre guise.
=> L’entretien de vos plantations : utilisation de compost³ ou de terreau, arrosage économe, pas de pesticides, nettoyage des plantes (taille, fleurs fanées…) et du lieu.

Une aventure collective et civique

Le jardin de rue est une aventure teintée de logique de par­tage et de collaboration. Bien végétaliser une rue, c’est créer un ensemble de lieux de culture distants, mais coordonnés et cohérents pour faire émerger une unité écologique la plus efficiente possible. C’est-à-dire planter en pensant biodiversité, économie d’eau, étalement de la floraison, charge pollinique limitée pour le risque allergique, fructification pour nourrir les oiseaux, faible sensibilité aux risques sanitaires… Bref, les jardiniers de la rue doivent se parler !

Une façon de jardiner différente

Au-delà des règles, jardiner à l’extérieur de chez soi, c’est aussi une façon de donner à voir son savoir-faire, ses découvertes de jardinier, et de partager, de faire plaisir… Conséquences : vous allez être tenté de planter des plantes déjà « belles », bien développées et fleuries. Attention : car, dans ce cas, il faudra plus de soins et notamment plus d’arrosage.

Un jardin sur le trottoir…

Les jardins de rue peuvent prendre différentes formes et avoir une emprise plus ou moins grande sur l’espace pu­blic : cela va de l’appui de fenêtre garni de pots ou de bacs à la culture d’un espace aménagé sur le trottoir, en passant par la culture d’un jardinet au pied des arbres ou quelques pots posés sur le trottoir, sans oublier les suspensions qui permettent d’agrémenter les petits espaces et donnent une autre perspective à la rue.

Quelles plantes cultiver ?

Les plantes peu exigeantes, familières des murs, des zones sèches et pauvres, sont à réserver aux pieds de façade, dans les zones peu ou pas aménagées. Parlons des plantes de murs qui, pour la plupart, ont de toutes petites graines transportées par les insectes (fourmis…) le vent : Asplenium ceterach qui a une allure de mini fougère, la cymbalaire des murailles avec ses petites fleurs violettes et ses tiges rampantes, la pariétaire, la valériane qui peut avoir un fort développement, les saxifrages pas toujours faciles à cultiver sauf si vous utilisez les espèces locales, les joubarbes, les sedums…
Autre possibilité, les plantes de rocailles : céraiste, campanules, aubriète, alysse, arabette, giroflées des murailles…

Si vous disposez d’une fosse de plantation sur le trottoir, garnissez-la d’une bonne terre assez riche en matière organique pour bien retenir l’eau, choisissez des plantes peu gourmandes en eau et ayant un développement limité.

Faut-il semer ou planter ?

Les semis permettent de limiter le travail et parfois s’adaptent mieux, mais les graines peuvent être dérangées : oiseaux, chats…
Les plants ont l’avantage d’assurer une occupation de l’espace et un rendu esthétique rapide ; mais ils sont plus coûteux.

Entre vivaces et annuelles, que choisir ?

Dans l’idéal, un mélange des deux est intéressant :

– Vous construisez une structure de l’espace qui demeure au fil des saisons avec les vivaces : lavandes, asters, mini conifères, roses de Noël, Artemisia stelleriana au feuillage gris, très lumineux, romarin, sauges… Pensez également aux bulbes, ou griffes, ou rhizomes. Pour l’hiver, mettez des jacinthes, perce-neige, crocus… Au printemps, des anémones, des narcisses, du muguet, des tulipes… Et, en été, des alstromères, calanthes, dahlias de petite taille qui se prolongeront en automne.

– Vous changez de jardin au fil des saisons ou des années en introduisant des annuelles pour varier les couleurs, le type de floraison, l’espace occupé… La liste des plantes possibles est longue, il est prudent de bien vérifier l’adaptation au lieu. Ne négligez pas l’exposition, car certaines rues offrent peu de lumière, ni les matériaux qui, proches du lieu de plantation, peuvent restituer beaucoup d’énergie (mur qui renvoie la chaleur, par exemple) et donc créer un microclimat artificiel.

Un jardin de rue très écolo

Adoptez dans votre jardin les plantes des friches locales ou qui se sont naturalisées dans votre ville (Viola cornuta, erigeron, belle de jour…).
C’est la garantie d’un jardin facile à réussir et peu gourmand. Le plus difficile est peut-être de repérer les espèces et de récupérer les graines ou les boutures de celles répondant le plus à vos attentes et aux contraintes de l’espace à cultiver.

Quelques exemples de sauvageonnes urbaines : la molène ou faux bouillon-blanc, assez grande et élégante, la petite saxifrage à trois doigts, les fraisiers sauvages, la potentille rampante avec ses petites fleurs jaunes, la clématite des haies belle grimpante, les véroniques (des champs ou de Perse), la linaire commune, les coquelicots, la chélidoine, la mauve, l’origan vulgaire, le lierre terrestre (Glechoma hederacea), le millepertuis, les géraniums, les orpins (blanc et âcre), le séneçon du cap, très attractif pour les insectes…

Un jardin sur les murs

Différentes surfaces verticales peuvent être végétalisées : mur de façade ou d’enceinte, clôture, grille ou grillage. Optez soit pour une grimpante qui s’accroche seule (lier­re ou vigne vierge, par exemple) avec quelques conséquences sur le mur, de l’entretien (feuilles mortes) et un contrôle de la croissance plus compliqué, soit pour une grimpante sur support. Parmi ces dernières, la diversité des espèces et des coloris est intéressante. Un bémol : certaines ont besoin d’être attachées au support au fur et à mesure de leur croissance (clématites, jasmin humile, ipomée…). Pour choisir et implanter votre grimpante, pensez à l’exposition, s’il s’agit d’une plantation en plei­ne terre ou en bac, au volume et à la nature de la terre, à l’encombrement du bac, aux arrosages (plus fréquents en bac), à l’exposition à la lumière, à l’état du support (nature, couleur, présence d’autres plantes…), à la proxi­mité des réseaux souterrains et aériens et aux contrain­tes d’entretien que vous serez capable de tenir (hauteur, fréquence, coût du support et arrosage…).

Pour le support, un impératif : tenez compte de la vigueur de la plante (en cas de forte croissance, doublez les espacements indiqués plus loin) et de son poids, possiblement augmenté de celui de l’eau ou la neige.

Cela influe sur le nombre et la fixation des points d’ancrage du support. Les matériaux sont divers : bois, métal, corda­ge, fil de fer, fil inox… ; les fils ont l’avantage d’être plus discrets sous la végétation, mais tout dépend de l’effet recherché.

Pour les grimpantes volubiles, comptez entre 10 et 15 kg/m² pour les ligneuses (chèvrefeuille, clématite, glycine, houblon, jasmin étoilé, jasmin humile, pois de senteur vivace, renouée d’Aubert…) et moins pour les non ligneuses (Akebia quinata, aristoloche, fraisiers) ou les annuelles (capucine, cobée, haricot d’Espagne, ipomée, jasmin du Chili, Mina lobata, pois de senteur…). Dans l’idéal, utilisez des fils verticaux espacés de 20 à 40 cm pour une croissance moyenne.

Les grimpantes à crampons ou à ventouses, souvent sarmenteuses et plus lourdes (15 à 20 kg/m²), se conduisent sur un treillage de bois ou un grillage de 20 x 25 cm. On cultive ainsi la bignone, l’hortensia grimpant, la vigne vier­ge Parthenocissus tricuspidata qui laisse moins de traces sur les murs que Parthenocissus quinquefolia, la vigne de Coignet à grand développement…

Les grimpantes palissées courent volontiers le long de fils horizontaux espacés de 25 cm comme le céanothe, le jasmin d’hiver, les rosiers (attention aux épines !), et pourquoi pas une passiflore, du kiwi ou de la vigne pour leurs fruits. Attention toutefois à prendre en compte les travaux de taille, de ramassage des feuilles mortes et autres déchets végétaux produits.

Bonnes plantations !

¹ Bacs dans l’esprit des « Incroyables Comestibles »
² C’est un concept plus global : la circulation est réduite, on laisse pousser l’herbe y compris sur des zones asphaltées
³ Une bonne occasion de favoriser le compostage en ville ! Encore faut-il avoir sa boîte à compost !

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