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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Les haricots

Une valeur sûre du potager

Assez facile à cultiver, le haricot nourrit le jardin tout autant que le jardinier !

Le haricot, originaire d’Amérique latine, est une plante potagère assez extraordinaire, introduite en Europe au XVIe siècle et qui prospère plutôt en zone tempérée. Elle capte l’azote de l’air via une symbiose avec une bactérie (1) contribuant ainsi à la fertilité du sol tout en offrant une source de protéines alimentaires de qualité. Vous êtes pressés ? Deux mois suffisent pour récolter de belles gousses. Comptez deux mois supplémentaires pour récolter des graines sèches à retrouver en hiver.

De nombreuses variétés

Il existe un vocabulaire fourni pour désigner les différents types de haricots. Au fil du temps, on a sélectionné les haricots pour produire soit des gousses (haricots verts) soit des graines (haricots secs ou à écosser). Dans les deux cas, ils peuvent être nains ou grimpants, et la couleur des gousses et des graines peut varier.

Là où cela se complique, c’est pour désigner, chez le haricot vert, les caractéristiques des gousses.

On a :
♦ les haricots filets dont on récolte les gousses jeunes avant l’apparition du fil et du parchemin (2)
♦ les haricots mangetout qui n’ont ni fil, ni parchemin, et restent tendres jusqu’à un stade de croissance avancé
♦ les haricots filets sans fil qui donnent des gousses plus grosses et moins filandreuses que les haricots filets. Ce sont les plus cultivés.

Critères à prendre en compte pour choisir une variété

• La précocité et la rusticité.
• Le développement (nain ou grimpant).
• Le type de production (en vert ou en grains frais ou en grains secs).
• La résistance à certaines maladies.
• Les caractéristiques des gousses : longueur, forme, nombre de grains dans la gousse, tendance et rapidité à « prendre le fil ».
• La productivité et l’étalement de la récolte.
• La facilité de récolte (les fleurs sont situées au-dessus du feuillage).

Quelques variétés

Haricots nains : Aiguillon – Cupidon – Delinel – Argus – Pongo
Haricots grimpants (à rames) : Phénomène ou Fortex
Haricots beurre nains ou à rames : Talor – Rocquencourt – Fructidor
Haricots nains à écosser : Cocagne – Linex – Lingo suisse
Haricots à rames à écosser : Coco Sophie.

Des exigences climatiques à connaître

=> La température optimale de croissance est à 25 °C. Au-delà de 35 °C, la fécondation et la formation des gousses se font mal.
=> Le haricot craint les fortes chaleurs et encore plus les températures fraîches ; il ne supporte pas les gelées printanières. Son cycle cultural court, entre 60 et 80 jours, dépend fortement du cumul des températures supérieures à 10 °C (3), comptez entre 50 °C et 750 °C selon les variétés.
=> Cette légumineuse apprécie des sols sains, drainants, plutôt aérés et peu pierreux ; elle accepte un pH entre 5,5 et 7,5 mais supporte mal d’être installée après une autre légumineuse.
=> Les besoins en eau sont de 150 à 200 mm sur les 2 à 4 mois de culture : un apport juste après le semis, puis à partir de la floraison jusqu’à la récolte des gousses en vert ou à la fin du grossissement des grains en sec. Attention aux excès d’eau qui lui sont fatals.

Une mise en place facile

=> Le semis se fait en sol bien meuble, plutôt en ligne, par poquets espacés de 20-25 cm sur le rang et de 40 cm entre les rangs.
=> Installez la graine – après un trempage dans de l’eau à température ambiante pendant 36 h – à 3 ou 4 cm de profondeur si vous n’avez pas la possibilité d’arroser.
=> Avec un arrosage sur plusieurs jours qui va maintenir la terre humide, semez à 1,5 à 2 cm de profondeur. L’intérêt : certains maraîchers ont constaté que cela limitait le risque d’attaque de mouches des semis.
=> Semez tous les 10 jours à partir du 15 mai jusque fin juillet pour échelonner la récolte et laisser de l’azote dans le sol pour le démarrage des cultures de l’automne (salades, poireaux…). Pour une levée rapide (6-8 jours) et homogène, ce qui est idéal pour la récolte, il faut un sol chaud à 11-12 °C et humide sans excès et, s’il fait chaud et sec, il est nécessaire d’arroser au semis.
=> Par précaution sanitaire (sclérotinia, rhizoctonia, mouche des semis…), attendez de 3 à 5 ans entre deux cultures de haricots au même endroit. Notez qu’il est conseillé de faire suivre une culture de haricots par une culture de légumes gourmands en azote, car les haricots laissent d’importants reliquats d’azote dans le sol.

Une conduite de culture simple

=> Le sol doit être meuble au semis et le rester pour faciliter l’enracinement, la circulation de l’eau et de l’air.
=> La fertilisation organique : pas d’apport de matière organique (fumier, compost…) fraîche ou peu décomposée, son contact provoque les brûlures des racines et favorise les maladies (sclérotinia et rhizoctonia).
=> En tant que légumineuse, cette culture ne nécessite pas d’apport d’azote, sauf parfois un peu au démarrage (plutôt en sols sableux ou sablo-limoneux) ; tout excès risque de faire couler les fleurs ou les gousses en début de nouaison et favorise les maladies cryptogamiques (botrytis, rouille).
=> Le haricot est gourmand en potasse et apprécie le phosphore et le magnésium. Apportez l’hiver, avant le semis, des formes minérales (Patenkali®, poudre de roche…) puis, 10 jours après la levée, arrosez avec du purin de consoude.
=> Paillez pour éviter le désherbage, arrosez pour obtenir de la quantité et surtout des gousses bien formées et tendres.
=> Le palissage vertical concerne les variétés grimpantes. L’utilisation d’un filet tendu est une solution simple si vous ne voulez pas vous lancer dans les traditionnelles rames ; pour faciliter la récolte, certains maraîchers font du palissage horizontal pour les variétés naines (à 20-40 cm de haut).
=> Le buttage est toujours d’actualité. Dès que la plante fait une vingtaine de centimètres de haut, buttez-la en ramenant de la terre sur les pieds à hauteur de 15 cm environ.

Surveillance sanitaire

La surveillance sanitaire de la culture est indispensable car la plante est attractive. Il est donc prudent de disperser dans le jardin des rangs pas très longs et de mobiliser les auxiliaires.

=> Du côté des ravageurs, la mouche des semis est bien connue. La larve se développe dans le sol et détruit les jeunes plantes. Couvrir les semis avec un tunnel fermé ou un voile peut être une solution. Vous pouvez aussi pulvériser de l’essence de pin qui a un effet répulsif.

On observe également des pucerons noirs : vous pouvez utiliser le savon noir, option complémentaire d’un lâcher d’Aphidoletes aphidimyza et d’Aphidius.

Autres ravageurs à craindre, les chenilles (noctuelles) qui s’attaquent aux gousses et aux grains, aux feuilles ou encore aux racines. Pour lutter contre ces dernières, si vous avez constaté la présence de noctuelles au cours de la saison précédente, exposez les chenilles au froid.

Autrement, et dans tous les cas, paillez le sol avant la mise en culture, couvrez ensuite la culture avec un voile et pulvérisez une décoction de tanaisie à effet répulsif.

En curatif, pulvérisez le soir une solution insecticide de Baccillus Thuringiensis. Attention, cela ne fonctionne que sur les jeunes chenilles. L’utilisation de nématodes est sans doute à privilégier, car elles sont aussi efficaces sur les taupins qui peuvent également s’intéresser aux haricots.

=> Les maladies fongiques (anthracnose, botrytis, sclérotiniose) sont très liées à l’hygrométrie, à la présence de plantes malades dans le voisinage et à un excès d’azote dans le sol. La destruction des plants atteints doit être systématique et, en cas de dégâts importants, mieux vaut sacrifier la culture dans son entier. L’utilisation du cuivre est bien sûr à éviter ou à limiter dans un souci de respect de la faune du sol.

(1) Ce sont les rhizobiums qui captent l’azote de l’air et permettent à la plante de l’utiliser.
(2) Le fil et le parchemin (pellicule fibreuse) désignent la partie de la gousse qui lui permet de s’ouvrir seule à maturité.
(3) C’est la valeur du zéro végétatif : 10 °C = température au-dessous de laquelle la croissance est bloquée.

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