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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Un jardin plein de champignons

Étonnant légume et auxiliaire biologique précieux, le champignon n’est pas très présent dans nos jardins. Quelques pistes pour changer les choses…  

Il y a les champignons que l’on mange, il y a les champignons responsables des maladies fongiques qui ennuient les jardiniers, mais ils ne sont pas si nombreux que cela, et il y a tous les autres qui sont de précieux auxiliaires biologiques qu’il faut absolument favoriser pour jardiner encore plus bio.    

Faisons connaissance avec les champignons pour mieux les associer à nos pratiques de jardinage

Le champignon, classé dans le règne fongique, ne fait pas de photosynthèse, il a donc besoin de matière organique pour se développer. Un champignon, c’est surtout un écheveau dense de filaments – le mycélium – qui, dans certaines conditions, produit des organes reproducteurs – les sporophores – que nous ramassons.

Le cycle de vie commence par la germination d’une spore qui produit un mycélium primaire sexué. La rencontre avec un mycélium primaire de l’autre sexe donne naissance à un mycélium secondaire fertile qui croît par ramifications et accumule des réserves. Lorsque celles-ci sont suffisantes et que se produit un choc thermohydrique apparaissent les « primordias (ou ébauches) » puis les sporophores (ou champignons), organes reproducteurs sexués qui vont libérer à leur tour des spores dans l’environnement.

Plusieurs paramètres conditionnent la formation des sporophores. C’est un point important pour envisager une production de champignons.

⇒ L’humidité élevée doit diminuer un peu dès que commence la formation des primordias.

⇒ L’aération fait baisser le taux de dioxyde de carbone, ce qui favorise le nombre de primordias formés.

⇒ La diminution de température jusqu’à un seuil critique est nécessaire à la formation des primordias.
Les conditions d’éclairage et la durée d’éclairement conditionnent la formation des organes reproducteurs. Pour obtenir une récolte en milieu artificiel, il convient de se rapprocher des conditions naturelles spécifiques de chaque espèce.

Identifions les effets positifs des champignons au jardin

Nombreux et divers, ils sont à relier, le plus souvent, au fonctionnement biologique des champignons présents.

Les champignons mycorhiziens

Ils vivent en symbiose avec de nombreuses plantes arbustives ou herbacées. Ils améliorent la nutrition minérale, notamment pour le phosphore, pour les oligo-éléments, surtout en situation de carence, et pour l’azote où ils agissent en partenariat avec des bactéries. Ils améliorent l’accès à l’eau car le mycélium peut extraire du sol une grande quantité d’eau. Ils produisent des hormones stimulant la formation des racines et fournissent aux plantes hôtes des antibiotiques protecteurs (1). Les champignons mycorhiziens, pour certains, produisent des sporophores comestibles (bolet, girolle, truffe, lactaire, chanterelle…).

Les champignons recycleurs ou saprotrophes

Ce sont essentiellement les champignons non mycorhiziens. Ils se développent sur la matière organique morte qu’ils dégradent, restituant au sol les éléments minéraux. Vous les voyez à l’œuvre dans le compost (filaments blancs), dans les litières de feuilles mortes, les paillis ou le bois mort. Certains sont comestibles (champignon de Paris, pleurote, shiitaké…) et se cultivent sur des substrats variés : paille, bois raméal fragmenté, compost… et aussi sur des billes de bois.

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Améliorons nos pratiques favorisant les champignons auxiliaires biologiques

Certes, les jardiniers bio sont sensibilisés aux pratiques culturales respectueuses de la vie du sol, mais il s’agit d’être toujours plus rigoureux !

⇒ Limitez le travail du sol : pas de mélange, pas de retournement de terre, du décompactage non mécanique avec des cultures adaptées (exemple, le radis chinois).

⇒ Couvrez le sol, utilisez des litières de déchets végétaux (paillis végétaux, bois raméal fragmenté, fumier…).

⇒ Développez la litière souterraine : laissez les racines après récolte dans le sol, cultivez des vivaces, protégez la faune des premiers centimètres.

⇒ Favorisez la biodiversité végétale, cultivez des espèces indigènes, le sol doit toujours porter une culture vivante, en croissance.

⇒ Apportez des nutriments uniquement si c’est nécessaire, choisissez des engrais naturels. Les apports massifs rendent les plantes dépendantes et nuisent à la symbiose avec les champignons mycorhiziens !

⇒ Limitez le traitement des plantes (choisissez des variétés résistantes, adaptées aux conditions locales, associations bénéfiques, pas de stress nutritionnel ou hydrique, surveillance et prophylaxie, utilisation d’auxiliaires…).

Attention, mal utilisée, une substance naturelle peut avoir des effets négatifs sur la faune du sol.

⇒ Surveillez vos plantes.
Les carences ou excès de nutriments minéraux se traduisent par des symptômes de malnutrition, des défauts de coloration ou morphologiques.

Cultivons nos champignons pour manger plus sain

Pour cultiver ses champignons, on choisit un substrat (support de culture) auquel on ajoute le mycélium du champignon choisi…

Mais attention, les champignons ont tendance à concentrer dans leurs tissus des éléments nocifs ou toxiques contenus dans le substrat de culture (métaux lourds). Soyez vigilants : les champignons achetés sont cultivés sur paillis, sciures, papiers, fibres diverses, voire compost ou substrats issus de déchets de l’industrie ou du recyclage.

Quant à la cueillette dans la nature, elle n’est pas toujours faite dans les zones les moins polluées !

Produire avec son propre substrat ou avoir des garanties sur sa provenance s’impose !

Comment produire son substrat ?

Avec de la paille, des copeaux de bois, des déchets végétaux compostés, du terreau, du marc de café, ou d’autres matières d’origine organique (carton, fibres) ou des mélanges. Ces composants doivent être bio.

Autre point sensible : les risques sanitaires pour le mycélium et les champignons si votre substrat bio n’est pas stérilisé avant d’être mélangé avec le mycélium d’ensemencement.

Cultivons des champignons à l’intérieur

⇒ Les « kits » du commerce ont un mode d’emploi simple. Selon l’espèce produite et ses besoins en température, lumière et hygrométrie, le kit sera installé dans une cave, un garage, une remise ou dans la cuisine. Par exemple, en 10 jours, produisez dans votre cuisine des pleurotes gris, roses ou jaunes, ou des pholiotes, et en 20 jours, dans une pièce sombre à 15-16 °C, des champignons de Paris…

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⇒ Vous pouvez aussi installer votre propre culture en mélangeant dans un contenant du substrat à du mycélium. Il faut plus de temps pour obtenir une récolte, la phase d’incubation sera suivie de la phase de fructification déclenchée par un stress thermohydrique ; pour cette étape, suivez au pied de la lettre le protocole fourni avec le mycélium.

Cultivons des champignons au jardin

L’aventure est intéressante, mais plus aléatoire ! Les possibilités sont diverses : on achète ou on recueille des spores ou du mycélium pour ensemencer un substrat. Et vous trouverez peut-être (2) des plants fruitiers ou forestiers inoculés avec du mycélium qui dans quelques années, vous fourniront une récolte de cèpes (pommiers) ou de truffes (chêne, tilleul…).

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Vous pouvez aussi cultiver selon des méthodes plus traditionnelles.

Notes :
(1) On a observé que les champignons du genre Peniophora fournissaient des antibiotiques antagonistes vis-à-vis de champignons pathogènes
(2) Ils sont encore peu commercialisés pour les particuliers

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