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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Bien connaître son sol

Argileux, calcaire, limoneux, sableux...

Bien connaître son sol, c’est savoir s’il est adapté aux plantes que l’on y fait pousser, c’est aussi surtout pouvoir anticiper son comportement et son évolution.

 Le sol est une composante active de l’écosystème jardin, son fonctionnement dépend du climat, de la faune qui l’habite et des plantes qui s’y développent. Toutes ces interactions contribuent à sa fertilité potentielle, encore faut-il que, connaissant bien les caractéristiques de son sol, le jardinier fasse des choix techniques appropriés pour préserver, développer cette fertilité.    

On parle de sol ou de terre

Le vocabulaire n’est pas figé, au moins chez les jardiniers, semble-t-il ! Le sol ou la terre est la couche plus ou moins épaisse d’éléments, issus de la dégradation de la partie superficielle de la roche mère (1) sous l’effet de l’eau, de l’air et de la matière organique.
La diversité des sols est grande, elle dépend du type de roche mère (granite, schiste, grès, sables, argiles) et de l’histoire de leur formation : transfert de matières (érosion, par exemple), mécanismes physico-chimiques liés au climat, activité microbienne, fongique, celle des plantes et de la faune. Le sol est une structure qui évolue et l’activité des humains aujourd’hui y est pour beaucoup : déforestation, culture sur brûlis ou intensive et… jardinage biologique !

Des indices pour repérer la nature et la texture de votre sol

Observez les caractéristiques et le comportement de votre sol et faites trois petits tests faciles pour le caractériser.

Le test du toucher : prendre de la terre et écrasez-la entre vos doigts. Notez votre sensation.

Le test du malaxage : prendre de la terre légèrement humide et malaxez-la entre vos doigts. Notez votre sensation et la couleur de vos doigts.

Le test du boudin : prendre une poignée de terre, l’humidifier légèrement, faire une boule et roulez-la entre vos paumes pour faire un boudin avec lequel vous faites un anneau.

On détermine la texture par un test de sédimentation et « le triangle des textures » (voir ci-dessous).

Le test de sédimentation : prenez la terre d’un carottage de 40 cm de profondeur, mélangez et tamisez l’échantillon, ne gardez que la terre fine (pas de cailloux). Dans un bocal, mélangez-la avec de l’eau, remuez longuement et laissez décanter 4 jours. Les différentes phases apparaissent : au fond les sables grossiers, au-dessus les sables fins, puis les limons et les argiles qui sont les particules les plus fines (dessin 1). Déterminez le pourcentage et reportez-vous au triangle des textures ci-dessous.

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Des pistes pour déterminer  le comportement de votre sol

Cinq paramètres interdépendants conditionnent en grande partie la fertilité du sol et sont indispensables à connaître pour adapter ses pratiques de jardinage.

1) La texture (voir Triangle des textures) : elle indique si votre sol est lourd ou léger, compact ou aéré, collant ou non lorsqu’il est humide, s’il manque de cohésion ou pas, s’il est drainant ou pas.

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2) La structure : c’est la façon dont sont assemblés les agrégats entre eux

On recherche une structure grumeleuse (poreuse) pour une bonne perméabilité. Les sols imperméables sont asphyxiants et défavorables au développement des racines, de la microfaune, au stockage des éléments minéraux, ils restent froids et favorisent les maladies.

La structure du sol

Le sol est constitué d’assemblages de particules minérales (argiles, limons…), de ciments et d’espaces vides. Ces assemblages élémentaires de quelques millimètres sont appelés agrégats. L’assemblage des agrégats entre eux par les argiles, les produits de l’activité microbienne et les exsudats racinaires constituent la structure du sol. Savoir si la structure est stable est intéressant pour le jardinier qui pourra éventuellement engager un travail d’amélioration.

Le test de perméabilité (dessin 2) peut vous donner une idée du type de structure.

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3) La stabilité structurale : la structure d’un sol peut évoluer. Des pluies abondantes sur une période longue, la disparition de la matière organique, une faune du sol pauvre… et voilà un sol qui se tasse. Il est important de savoir si votre sol a une bonne stabilité structurale. Faites le test (dessin 3) et, si besoin, passez à l’action.

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4) Le pH : il permet de déterminer l’acidité (<7) ou l’alcalinité d’un sol (>7) : les sols calcaires ont en général un pH >7 et les sols sableux et humifères sont acides. Choisissez les plantes adaptées (acidophiles ou alcalinophiles), sachant que la plupart des plantes apprécient un pH autour de 6 à 7,5… Le pH influence les micro-organismes, les champignons, la microfaune du sol et les réactions chimiques qui se produisent lors de la dégradation naturelle de la matière organique. L’acidité peut nuire à la stabilité structurale et à la rétention des éléments minéraux par les agrégats.

Pour avoir une idée rapide du pH, achetez un test en magasin spécialisé et/ou observez :

• La flore spontanée en sol acide : prêle, rumex (petite oseille), digitale, bruyère, plantin lancéolé, fougère… et en sol alcalin : géranium vivace, primevère officinale, mauve…
• La présence des vers de terre réduite en sol acide.
• L’apparition de symptômes de carences minérales sur les plantes (exemple : en milieu basique limoneux = blocage du bore, et en milieu acide = mauvais fonctionnement des nodosités, les légumineuses seront chétives).

À noter que l’acidité favorise la solubilisation de certains éléments (plomb, aluminium, radionucléides…). Absorbables par la faune et la flore, ils risquent d’entraîner des perturbations et s’accumulent dans la chaîne alimentaire.

5) La teneur en matière organique : la matière organique se décompose sous l’effet de la faune, des micro-organismes et des champignons du sol, et libère des éléments minéraux pour les plantes. D’origine animale, elle enrichit le sol en azote organique et celle d’origine végétale forme l’humus, acteur essentiel de la fertilité.

Les conseils spécifiques

Sol sableux : la perméabilité impose des apports en eau et en fertilisants fractionnés (surtout pour l’azote).
Pour la structure : chaulage nécessaire (150 g /m²) associé à 3 kg/m² de fumier de bovin pailleux ou de compost de fumier de bovin.

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Sol limoneux : risque de formation d’une croûte de battance imperméabilisante plutôt en hiver, sol à cultiver toute l’année ou à couvrir d’un paillage.
Pour la structure : apports annuels de compost et de fumier tous les 2-3 ans avec un chaulage léger au printemps (150 g/m²) ; travail du sol superficiel et réalisé en plusieurs fois.

Sol argileux : sensible au compactage, ne pas provoquer de pressions (roulage, piétinements) sur le sol lorsqu’il est humide.
Apport de fumier tous les 3 ans à raison de 4 kg/m² et de compost tous les ans (5 kg/m²) pour améliorer la perméabilité et la souplesse du sol.
Possibilité d’apport de sable grossier ou de gravier en fond de trou pour les plantations.

Sol calcaire : ne pas travailler le sol trop profondément, pailler avec un mélange de compost et de tourbe blonde pour acidifier légèrement le sol, c’est une bonne façon de lutter contre la chlorose (blocage du fer qui est inaccessibles pour les plantes).
Cet apport de matière organique augmentera aussi la capacité à retenir les éléments minéraux et l’eau.

Sol humifère : ortie, digitale, bouton d’or, fougère, mouron blanc sont les espèces bio-indicatrices. Pour diversifier les cultures, relever le pH par des apports de chaux tous les 2-3 ans.
Pour réduire l’instabilité structurale, apporter des phosphates mélangés à de la terre argilo-calcaire. Travailler le sol superficiellement et au printemps.
S’il est situé sur une couche d’argile imperméable, prévoir un drainage pour éviter l’effet marécage.

Notes :
(1) Roche mère : couche minérale superficielle de la croûte terrestre.

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