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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Soigner son mal de terre

Comment rester écolo sans finir dépressif
Laure Noualhat
Éditions Tana
14,5 x 22 cm
256 pages
18,90 €.

Pour qui s’intéresse aux prévisions climatiques, il y a du souci à se faire. Le monde d’avant ou d’après la Covid-19 n’y changera pas grand-chose. La catastrophe et le mur s’annoncent droit devant. « Plus 7 degrés, putain ! », répète Laure Noualhat en référence aux projections pour l’horizon 2100 publiées dans les prochains rapports du GIEC de 2021. La journaliste se livre ici sans concession, dans un style franc, direct, vivant, vibrant, à la fois drôle et désespérant. Comment traiter le deuil du monde tel que nous le connaissons ?

Comment calmer les angoisses d’un avenir si chaotique ? Avec beaucoup d’humour, Laure éclaire sa propre expérience d’écolo radicale en menant une enquête très sérieuse auprès de spécialistes du monde entier sur les conséquences psychologiques de l’effondrement qui nous attend. Un nouveau malaise se répand sur les divans des analystes qui accueillent de plus en plus nombreux les éco-anxieux, les dép’écolos, ceux qui souffrent de solastalgie, du burn out bio. L’épidémie Greta Thunberg fait des ravages chez les jeunes générations. Pourtant, être lucide et voir la réalité en face ne conduit pas nécessairement à la dépression.

Pendant 15 ans, Laure a animé les pages de la rubrique environnement de Libération. Un voyage à Tchernobyl et un autre au Groenland ont joué comme des électrochocs. En Cassandre noyée sous les mauvaises nouvelles, Laure a cherché à conjurer le sort, elle s’est déguisée en Bridget Kyoto sur Youtube pour tenter d’alerter le grand public. Le résultat est mitigé, ses blagues de fin du monde ne font rire que les convaincus. « On a tous un petit Trump qui sommeille en nous ! », prévient-elle, et le déni est toujours plus confortable que le désespoir.

Mais alors que faire ? Comment dépasser l’abattement, l’impuissance, sans céder non plus à la compensation maniaque et obsessionnelle qui vous métamorphose en « Mario Bros de l’écogeste ». Comment rester écolo sans être dépressif ? Avec style, Laure met des mots sur ce mal du siècle, ce mal de terre. Elle préconise de s’asseoir sur un tabouret à trois pieds, solidement relié au sol, à soi-même et aux autres avant de s’envoyer un petit tour dans la machine à laver. Elle lessive, elle rince, elle essore tambour battant pour sécher sous un tilleul centenaire et se laisser emporter par un vent d’optimisme. On « tombe » en écologie et contre la chute il n’y a pas de remèdes, mais il y a notre capacité à remonter la pente ici et maintenant, en se trouvant des connivences pour agir et penser.

En distillant pistes de réflexion et informations tout au long de son témoignage, Laure s’attaque peut-être ainsi à la racine du mal, au vertige, à la paralysie, à la sidération, qui empêchent d’aller de l’avant. « On ne va pas se laisser abattre ! » disaient les Kennedy.

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Pour nous prémunir du risque de nouvelles pandémies…

« Voir un lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la Covid-19 relève du surréalisme, pas de la science », déclarait Luc Ferry dans L’Express du 30 mars 2020, contredisant ce qu’affirme pourtant la soixantaine de scientifiques du monde entier que Marie-Monique Robin a pu interroger pendant le premier confinement. Son livre La Fabrique des pandémies réunit ces entretiens dans une enquête passionnante qui explique comment la déforestation, l’extension des monocultures, l’élevage industriel et la globalisation favorisent l’émergence et la propagation de nouvelles maladies. Non seulement la pandémie de Sars-CoV-2 était prévisible, mais elle en annonce d’autres.