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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Être ZEN

Mot-clé de l’époque dans laquelle nous vivons, le zen personnifie un idéal de bien-être et de bien-vivre espéré par tout un chacun. Mais un mot détient-il le pouvoir de rendre heureux ? Certes non, pas plus qu’une attitude ni même la plus grande des aspirations. Le zen n’est pas qu’un mot, il est un chemin d’engagement personnel porteur d’une promesse d’apaisement de l’esprit. À l’entrée du chemin, une vision d’espérance sur une proposition d’accomplissement dans le meilleur de soi-même.

 La philosophie comme la pratique du zen remonte à une posture physique initiée par le Bouddha Shakyamuni il y a 2600 ans lorsqu’il s’installa sous l’arbre de la Bodhi pour méditer jusqu’à son éveil. Cette posture nommée zazen incarne à elle seule toute la sagesse de la conscience éveillée du Bouddha, c’est à elle que l’on doit l’entrée dans le chemin de la contemplation qui mène à la réalisation spirituelle. Zazen est donc une expérience pleinement vivante et active, disponible sans accompagnement dogmatique et adaptable à toute démarche intérieure sans condition autre qu’un engagement personnel de soi à soi. La pratique du zen est de « faire zazen » ce qui signifie : « s’asseoir, seulement s’asseoir ». 

Les bienfaits de la pratique zazen

Lorsque l’esprit se rend attentif à lui-même, l’agitation mentale cesse peu à peu pour faire place au lâcher-prise accueilli en soi comme une délivrance. La posture maintenue un certain temps dans le silence du corps et de l’esprit soulage les tensions en les libérant dans l’espace créé par la paix qui s’installe. La répétition fréquente de cette attitude de repli par rapport aux mouvements incessants de la vie quotidienne induit une qualité de bien-être calme, propice à l’évolution d’un meilleur état émotionnel, plus stable et donc plus résistant face aux intempéries de la vie. Même sans démarche spirituelle précise, tout le monde peut “faire zazen” et y trouver son compte d’apaisement.

La référence

Née de la culture chinoise et japonaise, cette pratique rend possible la progression intérieure par une simple attitude extérieure qui relie au plus profond de soi-même. Son précurseur fut un initié japonais, Maître Taisen Deshimaru (1914-1982), venu en Europe implanter cette culture de soi si répandue aujourd’hui. Formé à l’école Sôtô, Maître Deshimaru instaura le zen en Occident en fondant de nombreux « dojos » (lieux de pratique). Son enseignement accessible à tous insiste sur la pratique de la posture pour placer le corps et l’esprit dans l’ici et maintenant et y trouver la sérénité de l’instant.

Réaliser la sagesse par le corps

« Si quelqu’un demande ce qu’est le vrai zen, il n’est pas nécessaire que vous ouvriez la bouche pour l’expliquer. Exposez tous les aspects de votre posture de zazen. Alors le vent du printemps soufflera et fera éclore la merveilleuse fleur de prunier. » Daichi Sokei

Pousser le ciel avec sa tête

Avant tout, vous devez vous être procuré un coussin de méditation nommé zafu. Les plus confortables pour votre dos sont remplis d’écorces de graines de sarrasin qui épousent votre assise et soutiennent votre rachis vertébral. Assis au bord du coussin et non comme dans un fauteuil, votre bassin est basculé vers l’avant pour aider vos genoux à reposer sur le sol. Les jambes croisées en lotus, demi-lotus ou simplement en tailleur, il est recommandé de parvenir à vous sentir à l’aise. 

*

Ainsi positionné, redressez votre dos avec l’idée de dresser la colonne vertébrale telle une antenne entre terre et ciel. Le menton légèrement rentré, votre nuque est allongée dans le prolongement du dos. Repoussez le sommet de votre crâne vers le plus haut du ciel et respirez. Posez votre regard sur le sol devant vous sans nécessairement fermer les yeux et détendez vos épaules. Respirez. La pointe de votre langue touche le centre du palais et les mâchoires sont relâchées. Votre main droite est posée dans le creux de la paume gauche qui est tournée vers le haut. Ce qui est l’inverse pour les hommes, avec la main gauche au-dessus. La pulpe de vos pouces se touchent dans leur prolongement et les poignets sont au contact du ventre. 

Cette attitude parfaite imprime son intention d’immobilité sans effort dans l’ordre de l’univers. À partir de là, respirez dans l’espace libre de toute contrainte.

 La respiration en zazen

Installé dans la juste posture, votre respiration va progressivement se ralentir d’elle-même. Prenez soin de porter davantage attention à l’expiration qui doit s’étendre dans une longueur limpide et puissante à la fois, tandis que l’inspiration s’effectue naturellement sans y penser sur une plus courte durée. En poussant le souffle vers le bas de votre ventre, vous produisez un massage interne qui restaure l’énergie des viscères. Inspirez de manière courte, expirez de manière lente. À chaque instant, le souffle conscient réalise la magie de l’œuvre de la vie.

Placer l’esprit en sa demeure

Si respiration et posture se soutiennent mutuellement, le placement de l’esprit dépend de la concentration attentive portée sur la posture et sur le souffle. 

Kin-hin, marcher sur la grande terre

Faire kin-hin, c’est prendre un temps de pause entre deux zazen. Il s’agit d’une marche lente au rythme de son souffle, les mains en placement du « Faîte suprême », c’est-à-dire : du toit sur la maison. Kin-hin participe à l’équilibre de la pratique qui régulièrement rompt l’immobilité absolue au bénéfice du mouvement. 

Une pratique qui donne goût à la vie

Zazen et kin-hin influencent favorablement le comportement au quotidien du fait de l’équilibre et de l’assurance d’une stabilité maintenue durablement dans toutes les activités de la vie habituelle. L’approche d’un ressenti du corps et de l’esprit inclus dans la vastitude de l’univers donne à goûter à la liberté intérieure et l’irrépressible envie d’y revenir en vivant ce nouvel état à tous les instants, quelles que soient ses occupations. Et c’est bien là la magie de zazen qui ancre dans le corps-esprit une mémoire de « zénitude » quand on a su l’installer. Le secret étant dans une pratique régulière. 

*

« Utiliser son corps tout entier pour l’univers lui-même est la pratique zazen. L’utiliser uniquement pour l’ego, c’est faire seulement ce que font les oiseaux, les chiens, les chats et les asticots. » Kodo Sawaki

Devenir intime avec soi-même

L’intérêt d’une telle pratique est de se familiariser au fil du temps avec cette attitude qui est d’être simplement bien, en accord avec soi-même au travers du calme que l’on s’emploie chaque jour à cultiver par l’art postural. 

« Dans notre monde perturbé, pratiquer zazen signifie revenir à la véritable dimension de l’être humain et retrouver l’équilibre fondamental de son existence. »Taisen Deshimaru

 Normalité

Quand on parle de pratiques spirituelles, on est souvent regardé avec suspicion, comme si l’on commettait un forfait au regard de la tradition religieuse la plus répandue en Occident. Zazen n’a rien de mystique et n’enfreint aucune règle de moralité, pas de rituel ni d’incantation, s’asseoir, seulement s’asseoir. Revenir à la plus authentique expression de soi-même, la condition originelle du corps et de l’esprit associés à la vie véritable, sans artifices. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, la culture de la philosophie zen développera en eux le non-attachement, soit le lâcher-prise. Ils sauront traverser la vie dans l’acceptation parce qu’ils comprendront la valeur du bonheur et du malheur. Ils apprendront à utiliser toutes choses et toutes situations, non à leur seul profit, mais à celui de la généralité. Dans le respect du moindre brin de vie, ils feront des orages comme des accalmies le temps le plus clément de leur évolution. La vie sera comprise comme un effort à accomplir joyeusement, la mort sera admise comme une porte à franchir au-delà de la peur et des regrets.

« C’est parce que nous sommes en continu avec l’univers que nous avons accès à la vie. La question est d’agir avec la vie. » Kodo Sawaki.

À lire :

*Zen
Pratique et enseignement, histoire et tradition, civilisation et perspectives

Aux éditions Albin Michel
20,30 €.      
*Soyez zen
De Charlotte Joko Beck
Aux éditions Pocket
D’occasion sur Internet.

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