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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La bouffée délirante aiguë

Une pathologie psychiatrique à haut risque

Comme son nom l’indique, la bouffée délirante aiguë correspond à l’apparition brutale d’un délire. Plus que le délire lui-même, ce sont ses conséquences qui en font une urgence.

Une personne de 20 à 30 ans qui se met à tenir des propos délirants accompagnés d’hallucinations et d’une agitation, le tout dans un contexte de facteur déclenchant (« la goutte qui fait déborder le vase »), comme un stress brutal (syndrome de stress post-traumatique notamment), un choc émotionnel (deuil, séparation…), une pathologie organique (cancer…), ou un épuisement professionnel ? Il n’en faut pas beaucoup plus pour évoquer une bouffée délirante aiguë*, une pathologie d’ordre psychotique rencontrée plutôt dans cette tranche d’âge et chez les adolescents, sans antécédents psychiatriques particuliers, mais qui apparaissent plutôt fragiles psychologiquement, socialement ou professionnellement. Si la crise est souvent unique, la succession de crises peut être un mode d’entrée dans une schizophrénie. Parfois, certaines bouffées laissent place à une profonde dépression. D’où l’importance du diagnostic et de la surveillance ultérieure.

Un délire…

Difficile de passer à côté d’une bouffée délirante aiguë, tant les symptômes sont spectaculaires et caractéristiques, a fortiori lorsque le tableau clinique est au complet. Le délire est au premier plan. Les thèmes sont variés : mystique, religieux, persécution (quelqu’un s’introduit dans la tête du malade et lui vole ses idées), paranoïa, mais aussi érotomanie (la victime est persuadée d’être aimée ou admirée), idées de grandeur (mégalomanie), jalousie, interprétation délirante de faits bien réels, impression de toute puissance, sensation de clairvoyance extrême… Le délire est souvent désorganisé et incohérent, onirique et sans fil conducteur, de sorte qu’il est difficile pour l’entourage d’y adhérer, au contraire du délire paranoïaque pur, mieux construit et argumenté. Pour autant, le malade y croit totalement et a du mal à s’en dégager et à prendre du recul sur son état.

… mais pas seulement

L’insomnie précède souvent la crise délirante. Outre le délire, la personne s’agite soudainement, sans véritable raison, adopte un comportement irrationnel, et ce d’autant qu’elle peut être soumise à des hallucinations auditives (elle entend des voix), visuelles (elle voit des choses inexistantes), ou même tactiles (elle sent des choses anormales). Parfois, c’est la dépersonnalisation (impression de ne plus être soi-même) ou un dédoublement de la personnalité qui sont au premier plan. La bouffée s’accompagne souvent d’une angoisse intérieure forte avec une désorientation temporo-spatiale. Chez les filles/femmes, s’y ajoutent un arrêt des règles et une anorexie. 

L’importance du diagnostic différentiel

Avant de diagnostiquer la maladie, et donc de recourir à un traitement approprié, encore faut-il s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une pathologie neurologique organique, ou d’une intoxication.

Diagnostic de certitude

Si la bouffée délirante aiguë ne fait guère de doute, il va quand même falloir éliminer toutes ces pathologies. Un examen clinique attentif est donc indispensable avec prise de température, prise de sang, examen d’urines, voire électroencéphalogramme ou scanner lorsqu’une atteinte cérébrale organique est suspectée. 

Hospitalisation de principe

La bouffée délirante aiguë est une urgence car le patient peut fuguer, attenter à ses jours ou être agressif vis-à-vis de son entourage. Elle nécessite une double prise en charge psychiatrique et médicamenteuse. L’hospitalisation est donc de mise. 

Évolution

La moitié des patients ne connaîtront qu’une bouffée dans leur vie ou quelques rares crises par intermittence, les autres en revanche évoluent vers une schizophrénie, une psychose chronique ou une maladie bipolaire à court ou long terme.­­­

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