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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Zoothérapie : le chat et le prisonnier

« Honte de la République », les prisons françaises ne nécessitent pas seulement un grand programme de rénovation immobilière. S’impose également l’adoption de nouvelles approches psychothérapeutiques, à l’image de ce qui existe en Suisse.
Depuis vingt ans, les chats font le bonheur de détenus de longue durée, leur apportant équilibre et estime de soi.

Par Emmanuel Thévenon

Les animaux ne sont pas totalement absents des prisons hexagonales. En témoigne le documentaire de Bernard George diffusé récemment sur Canal Plus et intitulé : Prisons, la honte de la République. On y voit des cafards courir sur le sol, et des détenus répéter sans cesse que les «chiens sont mieux traités qu’eux», tant leurs conditions de détention sont inhumaines.

Heureusement, toutes les prisons du monde ne se ressemblent pas. De nombreux pays, comme la Suisse, le Canada, les États-Unis, l’Angleterre, l’Écosse, l’Australie ou l’Afrique du Sud, développent des expériences de zoothérapie, une pratique imaginée par l’Américain Boris Levinson, à la fin des années 50. Selon ce psychologue, les animaux sont particulièrement utiles pour les personnes qui sont à des stades vulnérables de la vie (maladie, perte d’autonomie, enfermement…). Sans être une médecine (la zoothérapie ne «guérit pas»), la méthode favorise les liens naturels et bienfaisants entre les humains et les animaux.

En milieu carcéral, les détenus, tous volontaires, s’occupent d’animaux d’espèces très variables. Dans leur cellule, certains élèvent souris, cochons d’Inde, oiseaux, poissons, voire serpents… D’autres dressent durant plusieurs mois des chiens destinés à des personnes âgées ou des handicapés. Ils leur apprennent à ramasser des objets tombés au sol, ou à alerter les malentendants quand retentit la sonnerie du téléphone ou de la porte. Fidèles, toujours disponibles, jamais fâchés… les animaux tendent à réduire sensiblement les sentiments d’isolement et de frustration des prisonniers. Leur présence suscite aussi généralement une plus grande communication parmi les détenus et contribue à détendre l’atmosphère dans l’établissement.

Lien affectif

En Suisse, le pénitencier de Saxerriet est un établissement semi-ouvert où les détenus travaillent aux champs ou dans les fermes alentour. Il y a une vingtaine d’années, s’y étaient installés des chats errants, qui s’approchaient volontiers des parties communes et des prisonniers. Ainsi est née l’idée de transformer ces matous en compagnons pour les détenus qui en faisaient la demande. Avec pour objectif de leur offrir une compagnie mais aussi l’opportunité d’avoir une responsabilité, de devoir prendre des décisions, d’apprendre à assurer le bien-être d’un autre être vivant. Depuis, 20 à 25 prisonniers sur 130 nourrissent quotidiennement leur chat, le brossent, changent sa litière, le sortent, appellent le vétérinaire en cas de besoin, lui parlent et le câlinent. Après leur peine, ils peuvent adopter définitivement l’animal ou le laisser à Saxerriet aux bons soins d’un autre volontaire. Au cours de leur séjour, les détenus développent un lien affectif très fort avec leur compagnon. Alors que dans l’univers carcéral mâle, il est difficile de laisser parler ses sentiments ou même d’en afficher, l’attachement à un animal est plutôt bien perçu. Même ceux qui refusent d’en prendre la responsabilité, apprécient leur présence dans la cour ou la salle de télévision. Certains répugnent aussi à «confiner ou punir l’animal comme un criminel».

Selon Nadine Nef, experte suisse des mesures d’encouragement par la présence d’animaux, «les chats aident les détenus à affronter la solitude. Ils leur procurent une présence familière dont ils n’ont pas à craindre les jugements de valeur. Les prisonniers apprennent aussi à assumer des responsabilités individuelles dans un milieu sinon strictement réglementé. Cela renforce leur amour-propre et leur confiance en eux, ce qui constitue une importante condition de resocialisation.» Peu à peu, cette relation avec l’animal leur permet d’accéder à un état émotionnel propice à la mise en place de traitements psychologiques.

Et la France ?

Les expériences de zoothérapie en prison sont rarissimes. L’un des premiers à avoir initié cette approche est Guy Gilbert, «le curé des loubards». Depuis 1974, il accueille des jeunes au passé judiciaire souvent chargé dans sa ferme des Alpes de Haute-Provence. Constatant leur comportement hostile vis-à-vis de l’adulte, mais particulièrement sensible aux bêtes, il leur confie, dès leur arrivée dans la communauté, la responsabilité (soins, élevage, nourriture, apprivoisement…) de 300 bêtes réparties en 29 espèces, du lama à l’autruche en passant par les sangliers, les paons, les kangourous et les daims.

Suzy Valentin, une jeune vétérinaire, a également présenté en janvier 2006 dans sa thèse de doctorat la faisabilité d’une expérience visant à placer des chats dans des prisons françaises, à l’image de ce qui se fait en Suisse. Mais le temps presse. Depuis plusieurs années, le taux des personnes dépressives et le taux de suicides en milieu carcéral ne cessent d’augmenter…

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