Cancer des champs
La malchimie
Gisèle Bienne
Éd. Actes Sud
256 pages
10 x 19 cm
22 €
Le jour où Gabrielle tombe, à la médiathèque, sur le livre de David Rieff, “Mort d’une inconsolée, les derniers jours de Susan Sontag”, autour du cancer et du décès de sa mère, elle apprend que son petit frère Sylvain est atteint d’une leucémie aiguë. Cet ouvrier agricole aura, pendant des décennies, manipulé sans aucune précaution les produits qu’on appelait mensongèrement « phytosanitaires » quand ça n’était que du poison. « Des produits de guerre en temps de paix », écrit Gisèle Bienne qui retrace aussi la genèse de ces produits chimiques soutenus par les politiques agricoles des gouvernements depuis 50 ans.
Dans le service de cancérologie du CHU de Reims, les deux tiers des patients sont des agriculteurs. Pourtant, la majorité de ceux qui ont encore la force de demander justice à Bayer ou Monsanto sont déboutés par la justice face aux armées de juristes des multinationales, les rois de la triche. Que reste-t-il à faire d’autre que raconter ? Les souvenirs bucoliques de l’enfance tranchent avec les visites à l’hôpital, tandis que la chimio traite le corps fraternel comme les pesticides dans les champs. Rien ne repoussera plus sur les sols stériles. La mort approche inexorablement portée par ce témoignage bouleversant.
Un « j’accuse », terrible, véritable plaidoyer pour une prise de conscience contre la « malchimie », celle qui empoisonne les champs, l’air, l’eau et les gens.