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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Des fourmis dans le cinquième doigt? Et si c’était…

… un syndrome de la loge de Guyon

Crise des carburants et pollution obligent, il est probable que de nombreux troubles musculo-squelettiques, les fameux TMS, risquent d’apparaître dans les années à venir du fait de la pratique croissante du vélo. Parmi eux, le syndrome de la loge de Guyon. Il s’agit de la compression d’un nerf du poignet, le nerf cubital, qui se manifeste par des fourmillements désagréables dans le 5ème doigt. Une pathologie qui concerne également l’activité professionnelle

Explications

Le vélo, c’est la santé ! C’est sûr ! Pour autant, sa pratique intensive expose à de nombreuses pathologies que les cyclistes connaissent bien. Parmi elles, les syndromes canalaires, comme la névralgie pudendale ou névralgie d’Alcock (Belle Santé n° 75) mais aussi le «syndrome de la loge de Guyon» (SLG), une pathologie neurologique liée à la compression du nerf cubital du fait de la tenue du guidon. Mais le vélo n’est pas le seul en cause. Toute activité qui se traduit par un appui prolongé sur le poignet, des mouvements répétés ou prolongés d’extension du poignet ou de préhension de la main (tenue d’objets) ou de pression prolongée ou répétée sur le «talon» de la main, peut s’accompagner d’un SLG, une maladie professionnelle à part entière.

Syndrome canalaire… Kézako?

Un syndrome canalaire (de canal!) correspond à la compression d’un nerf au sein du trajet qu’il emprunte. En effet, les nerfs cheminent bien souvent dans des espaces réduits et inextensibles dits «ostéofibreux». Toute compression extérieure (hématome, cal osseux exubérant…) ou tout processus expansif à l’intérieur même de ces tunnels (tumeurs bénignes ou malignes, anévrismes artériels, neurinome…) s’accompagne alors de symptômes neurologiques d’irritation du nerf concerné.

La loge à la loupe

Difficile de comprendre le SLG sans se pencher quelques instants sur cette région anatomique particulière du poignet qu’on appelle «loge de Guyon» (du nom de son «découvreur» en 1861). Cette loge, assez superficielle, est une petite gouttière située à la face antérieure du poignet et sur son côté interne, limitée par des ligaments, ainsi que par deux petits os du poignet (pisiforme et os crochu) et un muscle (fléchisseur du 5ème doigt). En clair, la loge de Guyon se situe sur le talon de la main. Dans cette loge circulent l’artère cubitale ainsi que le nerf cubital. Ce nerf se sépare en deux branches dans la loge, l’une motrice et l’autre sensitive, chacune d’entre elles pouvant être comprimée.
Bien souvent, les deux branches sont concernées en même temps par la compression, d’où des signes moteurs et sensitifs associés.

Cinquième doigt surtout

L’atteinte du nerf cubital se manifeste donc par des symptômes sensitifs et moteurs, d’abord un engourdissement progressif au niveau du 5ème doigt et à la partie interne de l’annulaire, une sensation de froid et des douleurs. Le SLG peut aussi se manifester par des difficultés à l’écriture et une perte de la force au niveau du 5ème doigt, surtout lors de la flexion. Mieux vaut ne pas laisser évoluer la compression au risque de voir apparaître une atrophie des muscles fléchisseurs. Autrement dit une fonte musculaire.

Quand le cœur parle à votre petit doigt gauche

Attention. Dans certains cas, des fourmillements ou une sensation de brûlure dans l’auriculaire gauche traduisent non pas un SLG mais un problème cardiaque : infarctus ou angine de poitrine ! En clair, n’hésitez pas à consulter un médecin en urgence si les symptômes surviennent brutalement, sans raison objective (pas d’activité à risque), a fortiori en cas de signes respiratoires et de douleur thoracique!

Appui sur le guidon

C’est l’appui sur le guidon main à plat qui provoque la compression, car la loge est superficielle et donc mal protégée. On appuie sur le nerf cubital, et ce d’autant plus que le poignet est en position dite «cassée» (hyperextension) et la main dirigée vers l’extérieur. Des raisons qui expliquent que l’atteinte touche souvent les deux poignets. Elle demeure plus importante sur la main qui reste le plus en contact avec le guidon.

Électromyographie

Fortement suspecté à l’examen clinique, le diagnostic est apporté par l’électromyographie (le tracé obtenu est l’électromyogramme), le maître examen qui permet de déceler un ralentissement de la vitesse de la conduction nerveuse sur le trajet du nerf cubital comprimé. 20 % de réduction seulement suffisent à porter le diagnostic.

Arrêt de l’activité

Seul l’arrêt de l’activité responsable (vélo ou activité professionnelle) permet de soulager la compression et donc de faire régresser les signes. C’est très efficace, à condition d’attendre plusieurs mois avant la reprise. Une immobilisation pendant 4 à 6 semaines est parfois nécessaire, de même que des infiltrations de corticoïdes. En cas d’échec, il faut se résoudre à une intervention chirurgicale qui consiste à décomprimer la loge.

Prévention en vélo

Difficile de réduire son kilométrage lorsque le vélo est un moyen de transport professionnel! D’où l’intérêt de la prévention, à condition d’avoir repéré le ou les facteurs favorisants : route cahoteuse ou bosselée, selle trop haute, guidon trop plat ou trop bas. Changez souvent la position de vos mains sur le guidon. Le port de gants de protection avec un matériau anti-choc sur la paume permet aussi d’absorber les chocs liés à une route accidentée (pavés, VTT…).

Canal carpien, l’autre fourmilière

Lorsque les fourmis et les engourdissements surviennent dans les trois premiers doigts, on parle de «syndrome du canal carpien». Il s’agit alors d’un autre syndrome canalaire dû à la compression d’un autre nerf au niveau du poignet, le nerf médian. Un syndrome possible également lors de la pratique du vélo et dans certaines professions (secrétariat notamment). Les signes sont quasiment identiques à ceux du SLG. L’arrêt de l’activité est indispensable. Des infiltrations de corticoïdes peuvent être nécessaires. Si elles ne suffisent pas, la guérison est obtenue par une intervention chirurgicale qui consiste également à libérer le nerf comprimé.

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