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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Faut-il craindre les médicaments?

Le 8 mars dernier, une victoire judiciaire a été remportée par les victimes du Distilbène. Cette grande première juridique ouvre une voie nouvelle à la lutte inégale qui oppose les victimes aux laboratoires pharmaceutiques tout puissants. Ce combat digne de David contre Goliath ne fait que commencer et risque de donner quelques sueurs froides aux géants de l’industrie pharmaceutique.

Alix Leduc

Prendre un médicament contre les bouffées de chaleur et se retrouver intoxiqué, le corps meurtri, abattu, en proie à des douleurs psychiques insupportables… Un remède qui serait pire que le mal? Cherchez l’erreur!

MÉDICAMENT, REMÈDE OU POISON?
Pourquoi ne pas carrément ajouter sur la boîte du médicament une étiquette avec écrit en lettres capitales «ATTENTION DANGER»? Il faut, finalement, une certaine dose d’inconscience pour accepter d’avaler une gélule dont la notice annonce des effets secondaires dont on pourrait amplement se passer! Oui, vous vous délivrerez de cette migraine, mais vous prenez aussi le risque de souffrir, à la place, de nausées, de brûlures d’estomac et d’autres maux plus graves encore. Le pire, c’est que vous ne pourrez même pas vous plaindre de ne pas avoir été prévenu!

DES SCANDALES À RÉPÉTITION…
L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE DANS LA LIGNE DE MIRE

On ne compte plus le nombre d’accidents qui mettent en cause certaines classes de médicaments. Benzodiazépines, anticholestérols, anti-inflammatoires, coupefaims… la liste des médicaments défectueux, aux effets secondaires dangereux, nocifs, voire mortels, est longue et ne cesse de s’allonger.

Une molécule anticholestérol fatale. En 2001, le laboratoire Bayer s’est débarrassé précipitamment de sa molécule anticholestérol (la cérivastatine), commercialisée en France sous les noms de Staltor et Cholstat, suite au décès d’une cinquantaine de patients.
Isoméride, le coupe-faim mortel. Ce coupe-faim «miracle» qui avait connu son heure de gloire à la fin des années 1980 dans le monde entier, distribué par le laboratoire Servier, a été retiré du marché mondial en 1997 pour risque d’atteintes cardiaques et d’hypertension artérielle. Une étude française révèlera des centaines de cas d’effets secondaires, dont une dizaine de morts, des femmes essentiellement.
Le Distilbène, une hormone toxique. Ce médicament, distribué par le laboratoire UCB-Pharma, a provoqué des dizaines de milliers de cas de cancers, de malformations et de stérilité chez les jeunes femmes dont la mère avait été traitée. Censée prévenir les fausses couches, cette hormone de synthèse a été prescrite de 1950 à 1977 aux femmes enceintes avant d’être interdite à la vente. Il avait été interdit aux USA en 1971.
Le Vioxx, un antidouleur qui attaque le coeur. Lancé en 1999 comme un anti-inflammatoire révolutionnaire qui devait soulager les douleurs de l’arthrose sans provoquer, comme l’aspirine à haute dose, de trous dans l’estomac, le Vioxx allait finalement être retiré du marché après avoir augmenté considérablement les accidents cardio-vasculaires. Les autorités sanitaires avaient, pourtant, toutes les données en main. Une étude publiée en 2000 montrait même que le risque d’accident cardiaque était multiplié par cinq comparé à celui que présente un anti-inflammatoire classique!
Les benzodiazépines, des désinhibiteurs qui peuvent être destructeurs… Les benzodiazépines figurent parmi les médicaments les plus vendus en France. Ils apaisent les angoisses, facilitent le sommeil et atténuent les troubles de comportement liés à ces états. Mais les soupçons grandissent sur cette catégorie de tranquillisants, appelés «benzos», dont la consommation pourrait être à l’origine de tueries et de suicides! «Les benzodiazépines, qui désinhibent, facilitent le passage à l’acte meurtrier ou suicidaire», martèle Georges-Alexandre Imbert, Président de l’Association d’Aide Aux Victimes des Accidents des Médicaments (AAA-VAM), et qui demande, depuis des années, le retrait de ces médicaments à risque. «La tuerie de Nanterre n’aurait sans doute jamais eu lieu si cet homme n’avait pas été sous Valium. Sans cet anxiolytique, il ne serait peut-être pas passé à l’acte…»

UNE ASSOCIATION SE BAT AU CÔTÉ DES VICTIMES
Les victimes, de plus en plus nombreuses, restent, cependant, bien démunies face à la toute-puissance du lobbying des laboratoires. En France, depuis 1992, Georges-Alexandre Imbert lutte sans relâche pour les défendre.
“Mon fils s’est jeté par la fenêtre dans un accès de démence, juste après une injection de Valium, confie-t-il. J’ai appris, plus tard, que cette famille de médicaments (les benzodiazépines) pouvait provoquer des comportements criminels et le passage à l’acte suicidaire.” C’est après ce drame personnel qu’il crée son association et décide de lutter contre l’inadmissible. Porte-voix de victimes qui lui envoient des courriers et des témoignages des quatre coins de l’hexagone, il dénonce haut et fort les injustices et ne mâche pas ses mots, comparant, entre autres, les benzodiazépines à des «drogues légales», une «cocaïne light». Cet homme infatigable mène un combat de titan depuis 14 ans auprès des pouvoirs publics pour alerter sur les dangers des benzodiazépines et autres médicaments défectueux. Son association compte aujourd’hui 5 000 adhérents et, au fil des années, les dossiers s’empilent sur son bureau, les témoignages de victimes affluent et les rapports et contre-rapports d’experts se multiplient.

George-Alexandre Imbert représente les patients auprès de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé et des tribunaux. Il milite pour que les “risques” des médicaments figurant dans le RCP (Résumé des Caractéristiques des Produits) soient reconnus et indemnisés. Et, dès que les pouvoirs publics auront donné leur feu vert, il espère démarrer la première “class action”. Se regrouper pour se faire entendre.
Aux États-Unis, les victimes peuvent agir ensemble par le biais des «class actions» (regroupements de victimes) pour obtenir réparation. Ces indemnisations, conséquentes, compensent les préjudices économiques et leur permettent de mieux se soigner. Bon nombre de médicaments défectueux ont ainsi été retirés du marché ou sont en passe de l’être. En France, un accord des pouvoirs publics sur ce mode d’action pourrait fortement changer la donne…

DISTILBÈNE, UNE VICTOIRE POUR GARDER ESPOIR
Après quinze ans de procédure, la Cour de cassation a définitivement confirmé, le 8 mars dernier, la responsabilité d’UCBPharma, fabricant du Distilbène, dans la survenue de cancers chez deux femmes exposées, in utero, à ce médicament. Les 400 adhérentes de l’association DES, qui n’ont jamais baissé les bras, peuvent savourer cette première victoire. Le laboratoire, malgré sa puissance, ses batteries d’avocats, n’a pas pu venir à bout de leur détermination. DES-France a publié, le jour-même, un communiqué intitulé “Victoire!” où l’association estime que le débat judiciaire est clos. “Ces deux arrêts devraient sonner le glas des contestations infondées du laboratoire UCB-Pharma sur sa responsabilité. Il (le laboratoire) devra aussi répondre aux interrogations que posent les enfants dits de ‘troisième génération’ qui présentent des  malformations spécifiques ou des handicaps liés à la grande prématurité“, dit l’association.

POUR EN SAVOIR +
AAAVAM : www.aaavam.eu
Réseau DES France (victimes du Distilbène) – www.des-france.org
À LIRE
Tranquillisants, somnifères, neuroleptiques, ces faux-amis…, Georges-Alexandre Imbert, Éditions du Dauphin.

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