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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Microbiote intestinal

Des probiotiques pour réparer les ravages des antibiotiques

Trop de médecins n’ont pas encore le réflexe de prescrire des probiotiques en même temps que des antibiotiques. Regrettable habitude quand on sait que plusieurs mois peuvent être nécessaires au microbiote intestinal pour se remettre totalement d’un traitement antibiotique. Si votre médecin n’a pas encore acquis le réflexe probiotiques, n’hésitez donc pas à lui faire lire cet article !

Depuis des temps immémoriaux, nous entretenons une relation de type symbiotique avec les bactéries que notre intestin héberge et qui forment le microbiote intestinal, autrefois appelé « flore intestinale ». En échange de la nourriture que nous leur apportons au quotidien, ces bactéries nous servent de différentes manières, notamment en facilitant l’absorption des nutriments, en produisant certaines vitamines, en participant à la maturation et au bon fonctionnement du système immunitaire ou encore en s’opposant à la colonisation de l’intestin par des micro-organismes pathogènes. Plus étonnant, il est désormais prouvé que la composition du microbiote joue sur la capacité de l’organisme à résister à la toxicité de l’alcool !

Un microbiote sous influence

La composition tant qualitative que quantitative du microbiote intestinal dépend d’un grand nombre de facteurs, dont le mode d’accouchement (voie basse, césarienne), le mode d’alimentation après la naissance (lait maternel, lait maternisé), le mode de vie général (vie sédentaire, vie nomade), le niveau d’hygiène, le niveau de stress, l’âge et l’utilisation d’antibiotiques.

Des agresseurs majeurs du microbiote intestinal

L’impact des antibiotiques sur le microbiote se révèle désastreux :
=> perte de diversité microbienne conduisant à une diminution de la résistance aux micro-organismes pathogènes, d’où une plus grande vulnérabilité aux infections ;
=> retour très progressif à l’état initial du microbiote (compter plusieurs semaines à plusieurs mois) ;
=> dérégulation de l’immunité pouvant induire des phénomènes allergiques ou auto-immuns ;
=> constitution de réservoirs de gènes de résistance aux antibiotiques (il suffit d’une courte antibiothérapie pour favoriser l’hébergement de gènes de résistance jusqu’à 2 ans après le traitement !).

Êtes-vous “Pro ” ou “Anti” ?

Nous disposons d’un outil thérapeutique de premier choix pour atténuer les dégâts occasionnés au microbiote intestinal par les antibiotiques, surtout par ceux à large spectre (pénicillines, macrolides, quinolones, céphalosporines…) : les probiotiques. Leur terminologie l’indique clairement : ils sont « pour la vie », par opposition aux antibiotiques qui, eux, sont « contre la vie », en l’occurrence la vie bactérienne.

Probiotiques : l’essentiel à savoir

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants procurant des bénéfices santé à l’hôte en contribuant à l’équilibre du microbiote intestinal. Pendant et après un traitement antibiotique, ils s’opposent au développement de bactéries résistantes aux antibiotiques et de micro-organismes opportunistes tels que le Candida albicans.
Les probiotiques apportent essentiellement des bactéries naturellement présentes dans notre intestin. Ces bactéries appartiennent surtout à deux grands groupes : les lactobacilles et les bifidobactéries. Il n’est toutefois pas rare que des formules contiennent aussi une levure de type Saccharomyces.
L’efficacité thérapeutique des probiotiques dépend grandement de la souche utilisée. À ce stade, il faut savoir qu’une souche appartient à une espèce et une espèce, à un genre. Le nom complet d’une bactérie probiotique fait d’abord apparaître le genre puis l’espèce et enfin, la souche.

PLUS C’EST LONG, PLUS C’EST BON

Une équipe de chercheurs finlandais s’est emparé du sujet. Ils ont lancé une étude randomisée réunissant plus de 200 jeunes enfants. Leur objectif : déterminer l’incidence d’une prise prolongée de Lactobacillus rhamnosus GG sur la composition du microbiote intestinal et l’usage d’antibiotiques durant la période de supplémentation (7 mois) et la période de suivi (3 ans).
Voici les deux résultats les plus notables de cette étude :
=> Une prise prolongée de L. rhamnosus GG modifie la composition du microbiote intestinal.
On observe notamment une plus grande abondance de Prevotella, Lactococcus et Ruminococcus, et une moindre abondance d’Escherichia (de nombreuses souches d’Escherichia sont potentiellement pathogènes et produisent des toxines redoutables : les lipopolysaccharides ou LPS) ;
=> Une prise prolongée de L. rhamnosus GG se solde par une diminution de l’emploi d’antibiotiques, plus particulièrement durant la période de suivi (3 ans). On observe notamment une baisse significative du nombre de traitements par macrolides et sulfamethoxazole-trimethoprime. Bref, grâce à L. rhamnosus GG, les enfants bénéficient d’une meilleure protection à long terme contre un certain nombre d’infections (1).

Ces résultats vont à l’encontre de ce que l’on entend habituellement à propos des probiotiques, à savoir qu’ils n’agissent qu’en surface et que leurs effets s’estompent rapidement dès que l’on cesse d’en prendre. Si l’on s’est manifestement trompé sur leur compte, c’est à cause d’un défaut rédhibitoire de la plupart des études d’intervention, celui d’administrer les probiotiques sur de trop courtes durées. Donc, pour qu’une probiothérapie fonctionne, il faut non seulement utiliser les souches bactériennes les plus adéquates, mais aussi prendre le produit pendant suffisamment longtemps – et à dose suffisante, bien entendu.

Concernant la durée de supplémentation requise, on peut se baser sur le fait que la restauration du microbiote après une antibiothérapie demande un certain temps, par exemple de l’ordre de un à deux mois ou plus suite à un traitement par amoxicilline. C’est d’ailleurs pourquoi une diarrhée associée à la prise d’antibiotiques reste susceptible de se développer dans les 3 mois suivant l’exposition à ce type de médicament. Bref, on a tout intérêt à envisager une supplémentation post-antibio d’une durée de 1 à 2 mois (2), voire de 3 mois, si l’on est sujet à des troubles fonctionnels intestinaux réguliers.

Le mois prochain, il sera question d’une pathologie souvent liée à l’usage prolongé ou répété d’antibiotiques : la candidose intestinale chronique.

(1) Korpela K, Lactobacillus rhamnosus GG intake modifies preschool children’s intestinal microbiota, alleviates penicillin-associated changes, and reduces antibiotic use, PLoS One, 2016 Apr
(2) Même si l’on n’a subi aucun désagrément gastro-intestinal durant le traitement antibiotique.

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