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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Porphyrie

La maladie du roi fou

Des urines colorées en rouge, des hallucinations visuelles, des douleurs abdominales, des bulles sur la peau… ces signes doivent faire penser à la porphyrie, une curieuse maladie qui concerne l’hémoglobine et dont souffrent 1 à 10 personnes sur 100 000.

Plutôt que de porphyrie, on devrait plutôt parler des porphyries. En effet, on ne décrit pas moins de 7 familles de porphyries! Leurs signes diffèrent, même si certains d’entre eux restent communs aux différentes formes. Il en est de même du traitement qui dépend de la variété concernée. On estime la fréquence de la porphyrie entre 1 à 10 personnes sur 100 000, selon les ethnies. En France, près de 20 000 personnes en souffrent. La porphyrie est une maladie génétique héréditaire.

PLUSIEURS VARIÉTÉS

On décrit plusieurs formes de porphyries selon le type d’anomalie enzymatique constatée. Parmi elles, on retrouve :
=> La porphyrie aigüe intermittente. La mutation génétique est retrouvée chez une personne sur 1000, mais la plupart des porteurs sont asymptomatiques. Cette forme concerne surtout les femmes.
=> La porphyrie cutanée tardive. C’est la plus fréquente, qui concerne plutôt les hommes âgés de 40 à 50 ans.
=> La porphyrie de Doss
=> La porphyrie variegata
=> La coproporphyrie héréditaire
=> La maladie de Günther
=> La protoporphyrie

Une histoire d’hémoglobine

L’hémoglobine est la substance sanguine de couleur rouge qui permet l’oxygénation de l’organisme en fixant l’oxygène lors de son passage dans le poumon. Située à l’intérieur des globules rouges, l’hémoglobine est composée d’une partie appelée “hème” qui contient du fer fixant l’oxygène et d’une partie appelée “globine”, essentiellement protéique. Chaque molécule d’hémoglobine contient 4 hèmes et 4 globines. La porphyrie concerne la fabrication de l’hème. Plus précisément, il s’agit d’un déficit d’une des enzymes (d’origine hépatique souvent) qui concourt normalement à la fabrication “héminique”.
Du fait d’une absence ou de la difficulté de fabrication de l’hème de l’hémoglobine, les précurseurs des molécules de l’hème vont s’accumuler. On les appelle porphyrines. De la même façon, les précurseurs des porphyrines vont s’accumuler, notamment au niveau du système nerveux où ils peuvent devenir toxiques.

Souvent des urines foncées

Sauf exception, dans les porphyries, les urines se colorent en rouge ou brun foncé et ce, dans la demi-heure qui suit la miction lorsque les urines sont restées à l’air libre, d’où l’intérêt de conserver les urines quelques temps si l’on suspecte cette maladie. Un signe caractéristique de la maladie mais qui reste quand même inconstant.

Parfois des douleurs…

Comme on l’a vu, il existe différentes formes de porphyries. Les signes dépendent de la variété concernée. Ainsi, la porphyrie aiguë peut se manifester par des douleurs abdominales intenses irradiant dans le dos et/ou dans les cuisses, accompagnées parfois de nausées, de vomissements ou de constipation (85% des cas). Des douleurs qui peuvent simuler une affection chirurgicale aiguë. Entre les crises, l’examen clinique est normal.

…mais pas seulement

Dans 30% des cas, les malades peuvent également présenter des troubles psychiques, comme des hallucinations visuelles, une dépression, une confusion ou tout simplement de l’anxiété. Certains ont des troubles du comportement spectaculaires. Des complications neurologiques peuvent apparaître au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, comme des paralysies ou encore des convulsions. Les crises régressent entre chaque accès. Dans la forme cutanée de la maladie, le dos des mains se couvre de bulles ou de vésicules douloureuses. Ces manifestations cutanées surviennent surtout en été. On peut retrouver également ces lésions sur les jambes et sur le dos des pieds chez la femme. La peau devient fragile, cicatrise mal, et saigne au moindre traumatisme.

GEORGES III, OU LA “FOLIE PORPHYRIQUE”

L’histoire retiendra Georges III, souverain d’Angleterre, comme étant la première personnalité à être atteinte d’une porphyrie. Diagnostiquée comme telle en tout cas. Tout commence en 1788. Georges III, roi d’Angleterre depuis 30 ans, fut pris d’une folie brutale et inattendue, hurlant des obscénités, arpentant son palais en chemise de nuit, réveillant ses écuyers à l’aube. Il souffrait également de terribles douleurs abdominales. À défaut d’examen de sang, c’est en étudiant les écrits de l’époque que les médecins d’aujourd’hui sont presque sûrs que Georges III était atteint de cette maladie.

Dosage urinaire

Le diagnostic d’une porphyrie passe par la recherche des porphyrines (uroporphyrines) ou de leurs précurseurs dans les urines (ALA, PBG), voire dans les selles (coproporphyrines). C’est d’ailleurs bien souvent la recherche dans les selles qui permet de typer la forme exacte de porphyrie observée. La recherche du virus de l’hépatite C doit être systématiquement pratiquée car les deux maladies sont souvent associées.

Des perfusions efficaces

Le traitement dépend de la forme et de l’intensité des douleurs. Dans la forme cutanée, on peut utiliser les saignées. Une transplantation hépatique a pu être tentée avec succès chez une femme qui souffrait d’une porphyrie aiguë intermittente. En cas de crise aiguë, on peut agir sur la composante douloureuse de la maladie grâce à la perfusion d’une solution à base de glucose et d’hémine, le Normosang®, pour reconstituer le stock d’hème. Les perfusions doivent être quotidiennes pendant 4 jours et mises en place le plus tôt possible. Ce traitement calme les douleurs de façon spectaculaire en 24 à 48 heures et le taux des précurseurs retrouve la normale. Enfin, on peut aussi soulager les douleurs par de la morphine.

FACTEURS FAVORISANTS

Plusieurs situations peuvent déclencher des crises chez les malades porteurs de l’anomalie enzymatique. Si l’on peut, mieux vaut les éviter quand on est atteint d’une porphyrie :
=> Le stress
=> Un épisode infectieux
=> Les règles chez la femme
=> Le jeûne
=> L’alcool
=> Les contraceptifs oraux
=> La fatigue
=> D’une façon générale, les médicaments qui agissent sur le foie
=> Les AINS
=> Certains antibiotiques
=> Certains médicaments comme le diazépam (Valium®), le paracétamol (Doliprane®), les barbituriques, la Dépakine®

POUR EN SAVOIR PLUS :
Le centre français des porphyries : www.porphyrie.net
Le site d’Orphanet : www.orpha.net

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