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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Pour manger équilibré

Sachez traduire les messages des étiquettes

«Riche en fibres», «À teneur réduite en sodium», «Allégé», «Participe à la solidité de l’os», «Contribue au bon fonctionnement du système cardio-vasculaire»… Les étiquettes apposées sur les produits alimentaires débordent de ce genre de messages vantant leurs qualités. Mais, malgré leur caractère attractif ou rassurant et les tentatives de règlementations européennes, ces allégations nutritionnelles ne sont pas toujours si claires, ni facilement compréhensibles. Décryptage.

On trouve sur les étiquettes alimentaires de très nombreuses informations. Selon les cas, elles peuvent être obligatoires, utiles… ou simplement marketing. À votre avis, lesquelles apparaissent en plus gros caractères? …les allégations nutritionnelles. Conçues par le fabricant pour présenter le produit sous son jour le plus favorable, elles sont parfois (mais pas toujours) encadrées par la loi qui, d’ailleurs, peine considérablement à les réglementer précisément.

Il y a allégation et allégation

Pour vanter les qualités de son produit, un fabricant peut choisir plusieurs «angles d’attaque».
Les allégations quantitatives: elles soulignent la présence (ou l’absence) d’ un nutriment particulier. C’ est un steak de soja «riche en protéines» ou une boîte de sardines «pauvres en sodium»
Les allégations comparatives: elles signalent la différence avec un produit habituel. L’exemple type est le produit sucre ou le jambon «à teneur réduite en». Allégé, c’est le chocolat «allégé en lipides».
Les allégations de santé ou relatives à la réduction d’un risque de maladie: elles affirment qu’un des nutriments de l’aliment peut avoir un effet positif, allant au-delà de ce qui peut être obtenu par le biais d’une alimentation normale. C’est la margarine qui «contribue à réduire le taux de cholestérol» ou le fromage blanc qui «renforce les os» et affiche la mention «Avec les femmes, contre l’ostéoporose»…

L’allégation ditElle signifie
Source de fibresLe produit contient 3g de fibres aux 100g
Riche en fibresLe produit contient 6g de fibres aux 100g
Source de vitamines et/ou minérauxLe produit en contient au moins 15% des AJR aux 100g
Riche en vitamines et/ou minérauxLe produit en contient au moins 30% des AJR aux 100g
Source d’oméga 3Le produit en contient plus de 15% des ANC aux 100g
Riche en oméga 3Le produit en contient plus de 30% des ANC aux 100g
Teneur réduite en…Le nutriment concerné a une teneur diminuée d’au moins 25% en poids par rapport à un produit de référence
Teneur réduite en lipides ou en sodiumLipides ou sodium ont une teneur diminuée d’au moins 50% en poids par rapport à un produit analogue.

Petit lexique

Dans les allégations nutritionnelles, chaque mot compte et, pour bien les comprendre, il faut parfois se référer à plusieurs textes de loi (directives européennes, décrets français…), avis ou recommandations de diverses autorités sanitaires. Parce qu’en matière de réglementation dans ce domaine, on est encore loin de l’harmonisation et d’un cadre unique. Et la précision n’est pas toujours gage de clarté. Petit aperçu.

En clair, ça veut dire ?

Effectivement, même avec une définition précise, les allégations nutritionnelles ne paraissent pas vraiment plus compréhensibles. À la lecture de ce lexique, le consommateur est bien avancé s’il ne sait pas à combien sont fixés les AJR (Apports Journaliers Recommandés) pour chaque vitamine, qu’il est conseillé de manger 25 à 30g de fibres par jour, que les ANC (Apports Nutritionnels Conseillés) pour les oméga 3 varient en fonction du sexe, de l’âge ou de l’état physiologique, que 4g de sel par jour (soit 1600g de sodium) suffisent… Tout le monde n’est pas censé posséder un Master en nutrition avant d’aller remplir son caddie!

les anc pour les oméga3
– Homme adulte ou femme enceinte : 2 g par jour
– Femme adulte : 1,6 g par jour
– Femme allaitante : 2,2 g par jour
– Personne âgée : 0,9 g par jour
Sources : “Apports nutritionnels conseillés pour la population française”, Ambroise Martin, AFSSA, Éd. Tec & Doc, 2001.

Les associations de consommateurs ne cessent de réclamer à la fois une simplification et une clarification des étiquettes, permettant de rendre plus accessibles et évidentes les informations réellement pertinentes. Il n’est pas exagéré de dire qu’on se heurte sur ce point à une certaine résistance de l’industrie agro-alimentaire, qui semble largement préférer continuer de naviguer dans les eaux floues de l’info marketing.

Mais on peut comparer les produits?

S’il n’est ainsi pas si facile d’utiliser concrètement les allégations quantitatives, on peut peut-être se faire une meilleure idée des produits grâce aux mentions comparatives? A priori, elles donnent un élément facilement vérifiable, puisqu’il suffit de se référer à un produit analogue. A priori, oui. Mais, dans les faits, cela devient vite un peu compliqué aussi. D’abord, parce que ce fameux «produit de référence», qui sert de base à l’allégation comparative, reste à la discrétion du fabricant. Que veut dire «deux fois moins sucré qu’une boisson aux fruits», si l’on ne sait pas de quelle boisson aux fruits il s’agit? D’autre part, il ressort de l’étude des étiquettes que les allégations comparatives ont tendance à comparer… ce qui n’est pas comparable. Devenant ainsi, au mieux, dénuées de sens, au pire, carrément trompeuses. 100g d’un fromage fondu apportent autant de calcium qu’un verre de lait? Peut-être. Mais cela représente tout de même 5 portions, et aussi beaucoup de lipides et de calories en plus! Et ce n’est pas parce qu’il est source de calcium qu’un fromage est forcément bon pour la santé et que son profil nutritionnel global est acceptable.

GLOBALE CONFIANCE… À NUANCER
53% des consommateurs font confiance aux allégations nutritionnelles lors de leurs achats*. Ce qui veut dire qu’ils considèrent les denrées alimentaires qui en portent comme de «bonnes denrées alimentaires» dans leur globalité. Et cela, c’est tout à fait discutable.
Une sucette à 0% de matières grasses n’en comporte pas moins un taux vertigineux de sucre, et un jambon enrichi aux oméga3 une teneur en sel considérable.

* Enquête du BEUC (Bureau européen des consommateurs), 2005.

Mais que fait la loi?

Face à ce point crucial, et à ses conséquences non moins importantes («épidémie» d’obésité, forte progression des maladies cardio-vasculaires, du diabète ou du cholestérol…), le législateur européen tente d’agir. En subordonnant notamment la présence d’une allégation au respect d’un profil nutritionnel équilibré de l’aliment. Le 16 mai dernier, une directive a été adoptée dans ce sens. Ce texte, élaboré en 2003, a été voté après presque 3 ans de péripéties et d’affrontements, mais, sous la pression de différents lobbies, a abouti finalement à un compromis nettement moins favorable qu’ à l’origine pour le consommateur…

Demain donc, l’Europe va énoncer les critères du profil nutritionnel: essentiellement les ratios appropriés de sel, de sucres et de matières grasses pour chaque type de produits. Il est prévu qu’ensuite, toutes les allégations nutritionnelles :
– Seront assorties de leur définition précise,
– Ne pourront être apposées sur un produit que si celui-ci satisfait aux critères du profil nutritionnel… à moins de mentionner le contraire.

En clair, il était prévu dans le texte initial qu’une allégation nutritionnelle ne pouvait être autorisée que si le profil nutritionnel global du produit était acceptable. Les fabricants pourront maintenant se contenter de respecter l’un de ces critères, quitte à ajouter une mention indiquant que les autres ne le sont pas! Quelque chose du genre : «À teneur accrue en…». Voilà qui ne devrait pas vraiment clarifier les choses. Imaginez: «SANS SUCRES et à forte teneur en acides gras saturés». Les associations de consommateurs, dont l’ UFC-Que Choisir, n’ont pas tardé à réagir, dénonçant «un vote ‘allégé’ en courage politique », marquant la fin «d’une bataille pied à pied contre les industriels

Quelques bons principes

Malgré tout, cette directive pose tout de même les bases d’allégations nutritionnelles mieux encadrées. Jusqu’alors, il faut le savoir, elles n’étaient régies par aucun texte général, chaque pays, autorité sanitaire ou fabricant édictant ses propres normes en la matière… Les allégations nutritionnelles ne devront donc pas être inexactes, ambiguës ou trompeuses, ni suggérer qu’ une alimentation équilibrée ne peut, en général, apporter tous les nutriments indispensables à la santé en quantité appropriée. Les boissons alcoolisées ne pourront plus porter d’ allégations de santé, mais seulement certaines relatives à leur teneur en calories ou en alcool. Les allégations de santé seront strictement réglementées et devront notamment être justifiées scientifiquement.

Un light mieux défini

Jusqu’alors, il n’existait pas de définition précise pour le terme «Light». Certes, dans la tête des consommateurs, cela voulait dire : «Allégé». Mais pas dans la loi! Ni donc forcément dans l’application que les fabricants en faisaient.
La directive votée le 16 mai à Strasbourg change la donne: désormais Allégé et Light devront satisfaire aux mêmes critères d’exigence: une réduction dans un nutriment donné d’au moins 30% par rapport à un produit classique (sauf quand il s’agit du sel où l’on se contente d’une teneur réduite de 25%) et l’indication précise de ce en quoi le produit a été allégé.

Pour le reste, il faudra toujours au consommateur beaucoup d’attention, et un peu de sens critique, pour juger de l’intérêt de ces mentions… comme de leur répercussion sur les prix!

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