La mythomanie
Ou l'art de se faire des films de cinéma
La mythomanie n’est pas une maladie rare. Derrière les mensonges et autres élucubrations se cachent une souffrance et une angoisse intenses pour qui en souffre.
Mais connaissez-vous vraiment cette curieuse pathologie psychiatrique ?
“Je connais personnellement le Président de la République », « Mon fils dirige une grande banque d’affaires aux États-Unis », « J’ai eu une histoire d’amour avec une actrice très connue », « J’ai escaladé l’Everest quand j’étais jeune »…
Chacun connaît ou connaîtra un jour un(e) mythomane*. Et chacun est tombé ou tombera dans le piège, au moins pour la première histoire, tant le mythomane paraît convaincant et sûr de lui. D’autant que son histoire, très argumentée et très précise, apparaît crédible. Son objectif : exister et prendre la lumière pour capter sur lui tout l’intérêt de « son » public. Mais le mythomane ne pourra s’empêcher d’accumuler les mensonges de façon compulsive, tous plus extraordinaires les uns que les autres. Il va chercher à en mettre plein la vue, à se faire « mousser » avec un aplomb désarmant. Jusqu’au jour où le masque tombe.
Un risque d’engrenage
Et lorsque l’auditoire semble mettre en doute ses fabuleuses histoires, le mythomane en invente une nouvelle pour accréditer la précédente. Un cercle vicieux s’enclenche dont il aura toutes les peines à sortir, d’autant qu’avec le temps, il se persuade que ses mensonges sont réels. Se pose alors le problème de la lucidité du patient et de l’intentionnalité consciente de ses mensonges. Un sujet qui fait encore débat. Le mythomane ment-il sciemment ou se persuade-t-il de dire la vérité alors qu’il ment ?
Valorisation
Aussi répandue chez l’homme que chez la femme, la mythomanie ne se limite pas aux petits mensonges du quotidien ou aux menteurs invétérés. Non, la mythomanie au sens psychiatrique du terme correspond à l’élaboration de constructions imaginaires, nombreuses, parfois exubérantes, exprimées avec conviction et l’apparence de la réalité. L’affabulation mythomaniaque est gratuite. L’objectif n’est pas de travestir la vérité dans un but utilitaire, mais de se valoriser en se mettant en avant. La mythomanie peut être isolée ou accompagnée d’autres pathologies psychiatriques.
Immaturité psychoaffective
La mythomanie, qui fait partie des troubles de la personnalité, serait l’expression d’une immaturité psychoaffective ou d’un choc émotionnel grave. Le mythomane aurait des difficultés à séparer l’imaginaire de la vie réelle. Dans la plupart des cas, la mythomanie résulte d’une carence affective ou éducative ou d’un manque de confiance en soi. Elle devient alors un moyen de défense plus ou moins inconscient en réaction à un sentiment d’infériorité. Fréquente et normale chez l’enfant, la mythomanie enfantine s’avère transitoire le plus souvent.
Sortir de la mythomanie
Paradoxalement, l’aplomb du mythomane contraste avec sa fragilité émotionnelle et son hyperémotivité. Le patient souffre de cette situation dont il est la principale victime. Et il n’y a rien de pire pour un mythomane que d’être démasqué. Il n’a d’autres choix alors que de réinventer une nouvelle histoire pour accréditer les autres, de fuir (et reprendre sa mythomanie ailleurs) ou d’entrer dans une profonde dépression. D’où l’intérêt d’une prise en charge psychothérapeutique précoce qui vise à retrouver les causes de la mythomanie avec un enjeu important : éviter l’isolement social qui guette le mythomane démasqué. À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement médicamenteux.
*D’origine grecque, le terme de mythomanie signifie littéralement histoire fabuleuse et folie.
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