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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’association défi laine

S’engager pour valoriser la laine au niveau local

En décembre dernier, je vous annonçais notre volonté de créer une association pour agir contre le gâchis de la laine. Notre association Défi laine a vu le jour dans la foulée. Dans la prévision de la tonte du mois de juin, il faut s’organiser et mobiliser les bonnes volontés.

Souvenez-vous. Au départ, il s’agissait d’adopter deux brebis pour tondre la pelouse : économiser l’énergie d’un débroussaillage mécanique et proposer une alternative écologique à l’entretien polluant et destructeur des machines.

Bianca et Ella

Depuis, Ella et Bianca sont arrivées. Nourries au biberon, elles sont vite devenues des animaux de compagnie et font désormais partie de la famille ou nous de leur troupeau. L’an dernier, lorsqu’il a fallu les tondre, l’évidence commandait de faire quelque chose de leurs belles toisons. La passion de la laine amplifiée par l’amour de mes moutons est née en fabriquant chaussons et figurines en feutre. Puis, de fil en aiguille, la réflexion s’est ouverte.

De mon jardin au troupeau d’où mes brebis sont issues, la problématique est la même, mais en changeant d’échelle. Actuellement, ce troupeau est composé de plus de 200 brebis : que faire de la laine ? Traiter une telle quantité représente un travail hors de portée d’un particulier et demande des équipements.

En France, beaucoup de filatures ont fermé quand le cours de la laine a fini de faire de cette richesse un déchet. Pour les éleveurs, la laine est devenue un fardeau économique alors que la profession est déjà fragilisée. Sur les centaines de milliers de tonnes que représente la production annuelle de laine en France, à peine 10 % sont travaillés localement. Les quelques filatures qui restent se situent plutôt dans le sud de la France, il y a quelques débouchés à l’ouest comme en Bretagne, ou sinon il faut partir en Belgique. En Île-de-France, c’est le désert, car il y a peu d’éleveurs.

C’est pour aller contre cette fatalité qu’avec deux amies impliquées dans l’étude et la protection de l’environnement, nous avons décidé de monter notre association basée en Seine-et-Marne. Se regrouper pour fédérer nos forces, trouver un moment de partage et réfléchir ensemble pour lutter contre ce gâchis symptomatique d’une société qui jette plus qu’elle ne produit. L’association a vocation à soutenir les professionnels de bonne volonté qui cherchent à maintenir leur activité dans le respect de l’environnement et le bien-être animal.

Un premier défi, la laine du berger de Fontainebleau

Concrètement, nous avons créé l’association Défi laine en décembre dernier afin de planifier notre action sur l’année 2018.

Notre ambition est de s’impliquer au niveau local, en relevant un premier défi, auprès d’Alexandre, le berger engagé par l’ONF pour pâturer et entretenir les espaces ouverts de la forêt de Fontainebleau et en valorisant la laine de son troupeau. Par les ventes de nos créations au Marché de Noël de Thomery et les premières adhésions, nous nous sommes engagées à racheter sa laine au prix de la tonte. En effet, sur les quelque 400 euros qu’a coûtés la tonte l’an dernier, la vente de la laine n’a rapporté qu’environ 50 euros à Alexandre. La laine de l’année d’avant avait carrément fini étalée en paillage dans une haie, son troupeau métissé, dont les brebis ont des laines différentes les unes des autres, n’intéressant que peu ou pas du tout les industriels.

Soutenu depuis le début par Les Champs des possibles [couveuse d’activités agricoles et rurales, ndlr] et l’ONF, Alexandre est berger par conviction. Toute l’année, il vit en caravane à côté de son troupeau et si, au printemps et en été, il est installé dans des espaces définis avec l’ONF, pendant l’automne et l’hiver, il quitte la forêt et doit s’arranger avec les agriculteurs du coin pour trouver à manger à ses animaux. Son activité reste très précaire et notre association souhaite concrètement le soutenir.

Organiser la tonte

Au mois de juin se déroulera la tonte, en fonction des disponibilités du tondeur. Tous les adhérents de l’association sont conviés à cette occasion pour prêter main forte, car la tonte est un moment important où il faudra réaliser un premier tri de la laine, en séparant les toisons par races (Limousines, Solognotes, Suffolk), par couleurs, et surtout retirer toutes les parties crottées ou trop rêches qui ne seront pas transformées et que l’association Agrof’île se propose de récupérer pour le paillage. Cette association francilienne fait la promotion de la démarche agroforestière sur le territoire de l’Île-de-France avec pour mission d’intégrer les arbres au système de production agricole, sous toutes leurs formes (haies, bosquets, arbres isolés, alignements…) en bordure ou en cœur de parcelle, en nouvelle implantation ou en gestion de l’existant. La laine peut constituer un bon paillage pour l’arboriculture, car elle se décompose lentement.

Si le paillage sera toujours une solution, il serait toutefois dommage d’utiliser pour ça les plus belles toisons qui resteront après ce premier tri. Ce sont donc environ 200 kilos de laine brute triée qui seront récoltés et qu’il faudra stocker avant d’élaborer un plan d’action pour les transformer.

Lavage…

…séchage…

…puis teinture de la laine

Trouver des débouchés

Stocker, laver, carder, feutrer, filer, rembourrer. Que ce soit pour faire du fil ou des matelas, les débouchés sont multiples, mais coûteux à mettre en place. L’association réfléchit aux moyens de financer le traitement de la laine en vue de sa valorisation.

Plusieurs questions se posent : peut-on financer le transport et la transformation de la laine (lavage, cardage-feutrage…) en machine chez des professionnels, ou faudra-t-il diviser la tonte en lots pour traiter la laine manuellement ? À notre niveau, il faudra également engager des frais pour s’équiper, par exemple pour carder, et peut-être décider de l’acquisition d’une petite cardeuse manuelle pour les besoins de l’association. Notre financement est pour l’instant assuré par les dons et les adhérents qui cotisent à hauteur minimum de 20 euros à l’année. Nous comptons une dizaine de membres. Les revenus de l’association peuvent aussi venir des ventes d’objets en laine que nous réalisons ou de l’organisation d’activités.

La réflexion est ouverte, elle rejoint toutes les problématiques des éleveurs et des manques de la filière laine en Île-de-France, et nous avons déjà quelques pistes pour fédérer nos forces avec d’autres partenaires de la région. Peut-être pourrions-nous travailler en relation avec des ateliers de couture par exemple, car, si la laine se feutre, elle peut aussi servir pour rembourrer des peluches ou faire des coussins. Initier des activités en milieu scolaire est aussi évoqué. Toutes les propositions sont intéressantes, à grande comme à petite échelle, du moment qu’elles impliquent le plus de monde possible dans le traitement de la laine. L’objectif est aussi de sensibiliser et de faire découvrir auprès du public les enjeux de la filière. Dans ce cadre, nous organisons des démonstrations lors d’événements locaux.

Prochainement, nous tiendrons un stand dans l’éco-village aux Naturiales à Fontainebleau le week-end du 26 et 27 mai. Toutes les idées et les bonnes volontés sont les bienvenues !

Pour nous contacter par mail : defilaine@gmail.com Notre site internet : defilaine.wordpress.com

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Sur un grand terrain, en Seine-et-Marne, avec deux chats, des poules et des abeilles, j’ai décidé, cette année, d’installer deux brebis pour entretenir la prairie autour de ma maison. Les agnelles naîtront à la fin du mois d’avril. En attendant, je me prépare à l’aventure : quels sont mes prérequis ?

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