communauteSans
Communauté
boutiqueSans
Boutique
Image décorative. En cliquant dessus, on découvre les différents abonnements proposés par Rebelle-Santé
S’ABONNER

La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Le syndrome de l’accent étranger…

...une séquelle possible d'AVC

Toujours très spectaculaire et fortement médiatisé, le syndrome de l’accent étranger est une réalité médicale prouvée par l’IRM, lié à une altération neurologique du centre cérébral de la parole.

S‘endormir le soir en parlant français et se réveiller le lendemain en le parlant avec un accent allemand, anglais ou chinois… De quoi faire la une des journaux télévisés.
Longtemps attribué à une supercherie destinée à attirer l’attention des médias dans un désir de notoriété, le syndrome de l’accent étranger (SAE) ou « foreign accent syndrome » en anglais est désormais reconnu comme une pathologie médicale, ou plus exactement la conséquence d’une altération neurologique après un AVC ou un traumatisme cérébral, par exemple. Il ne s’agit donc pas d’un problème psychiatrique. Le SAE est rarissime au regard du nombre d’AVC ou de traumatismes crâniens. On compte environ 150 cas répertoriés dans le monde depuis la moitié du XXe siècle.

L’accent étranger, c’est quoi ?

Schématiquement, le SAE consiste à conserver sa langue mais à prononcer les mots avec un accent qui n’est pas français si l’on est français, pas anglais si l’on est anglais, etc. C’est donc de diction qu’il s’agit.
Le patient atteint d’un SAE prononce les mots de sa langue avec un accent, inhabituel, qu’on va attribuer à un accent étranger dès lors que sa diction y ressemble. Sachant qu’il existe entre 3000 et 7000 langues vivantes parlées dans le monde, toute anomalie dans la prononciation des mots peut être rapportée à un accent existant, à condition de le connaître, bien entendu. En d’autres termes, le patient atteint d’un SAE n’emprunte pas sciemment un accent anglais ou encore espagnol, mais s’exprime avec une diction – associée à un accent – que l’entourage (ou les médecins) attribuent à un accent connu. En conséquence, on peut tout à fait parler avec un accent proche du norvégien sans avoir jamais mis les pieds en Norvège ni même entendu un Norvégien s’exprimer dans sa langue.

Tout se passe dans l’hémisphère gauche

C’est un médecin anatomiste français, le Dr Broca, qui jeta les bases neurologiques de l’origine cérébrale de la parole et du langage en 1861, après avoir autopsié un patient atteint d’un trouble de la parole. Il découvrit le centre cérébral de la parole, qui porte désormais son nom, l’aire de Broca, située dans la partie inférieure de l’hémisphère gauche, que l’on soit droitier (99 % des droitiers ont leur aire de Broca à gauche) ou gaucher (70 % des cas). La compréhension des mots, elle, s’effectue dans une autre aire cérébrale, l’aire de Wernicke (du nom d’un neurologue allemand), située plus en arrière dans le lobe temporal gauche. Les deux aires communiquent grâce à un réseau neuronal appelé « faisceau arqué ».

AVC et lésions traumatiques

Le SAE, lié à une altération neurologique, commence par une aphasie motrice, c’est-à-dire l’impossibilité d’énoncer les mots, lorsque l’AVC (par occlusion artérielle ou hémorragie cérébrale) ou la lésion cérébrale (par délabrement cérébral) touchent l’aire de la parole. Puis les mots reviennent progressivement, mais avec difficulté.
Ce sont ces troubles de la diction qui évoquent un accent étranger. Dans certains cas, l’IRM peut montrer la lésion. Signalons que certains SAE peuvent apparaître au décours d’épisodes de migraine.

Rééducation orthophonique

S’il n’existe pas d’intervention chirurgicale ni de traitement médi­camenteux, le SAE peut en revanche être partiellement traité grâce à l’orthophonie, à l’instar des autres difficultés d’élocution.

Pour lire la suite

Déjà abonné·e, connectez-vous !

Magazine

À lire aussi

Le NeuroGel

Nouvel espoir pour des milliers de tétraplégiques et paraplégiques du monde entier, le NeuroGel, un biomatériau synthétique, permettrait de refaire marcher les blessés médullaires porteurs de lésions anciennes, si l’on en croît son inventeur.

Inscrivez-vous à
Pour ne rien rater
Notre lettre info
1 à 2 envois par mois