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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Le mouvement régénérateur (Katsugen Undo)

Ce thérapeute qui est en nous

Notre organisme, si nous lui en laissons la liberté, a la faculté de s’auto-équilibrer et de guérir spontanément de nombreux troubles. C’est le principe du Katsugen Undo ou mouvement régénérateur. Alors, pour un moment, mettez votre esprit en mode pause et donnez les rênes à votre corps.

R endre la pleine liberté à notre corps, cela semble à la fois simple et difficile à comprendre, surtout pour nous, Occidentaux. Alors, en quoi consiste exactement le mouvement régénérateur ?

Pour le découvrir, j’ai fait appel à Denis Emonet, créateur de l’école qui porte son nom, animateur de stages et auteur du livre Retrouver l’équilibre fondamental corps-esprit. La solution est en nous ! aux éditions Quintessence, et à Régis Soavi, enseignant à l’école Itsuo Tsuda.

« Le Katsugen Undo, traduit par “Mouvement régénérateur” par Itsuo Tsuda, est un exercice du système moteur extrapyramidal*, une gymnastique de l’involontaire », explique Régis Soavi. « C’est un mouvement du corps qui a ceci de particulier qu’il se pratique sans intervention de la volonté alors que, d’ordinaire, tout mouvement, gymnastique ou autre, s’exécute sous le contrôle de la volonté. Le Mouvement régénérateur affecte aussi bien les muscles volontaires qu’involontaires. Le mouvement s’exécute sans aucun modèle. Il se déclenche spontanément, en réponse aux besoins de l’organisme. Il y a donc autant de mouvements différents que d’individus et ce mouvement change continuellement selon les besoins du corps. »

Denis Emonet précise : « Le Katsugen Undo est une pratique psychocorporelle qui donne les pleins pouvoirs au système involontaire de l’organisme. La fonction de ce système involontaire est de maintenir l’équilibre. C’est lui qui répare les fractures, cicatrise les blessures, expulse les corps étrangers, etc. Pendant les séances de mouvement régénérateur, comme il est placé dans des conditions optimales, il va aller beaucoup plus loin que cela. Il va s’employer à remettre en ordre tout ce qui a besoin de l’être en chacun de nous. Ce réajustement intérieur peut remonter très loin, jusqu’à la naissance, voire la vie intra-utérine. »

Rebelle-Santé : Quelle est l’origine de cette pratique ? A-t-elle une composante philosophique ?

Denis Emonet : Le Katsugen Undo a été mis au point par un thérapeute japonais, Haruchika Noguchi, dans les années 1930. Celui-ci a découvert que le meilleur thérapeute qui soit, c’est l’organisme lui-même. Il a donc mis au point cette pratique qui s’en remet totalement à la sagesse du corps. La pratique fut introduite en Europe dans les années 1970 par Itsuo Tsuda.

Il n’y a pas de philosophie à proprement parler, dans le sens où il n’y a pas d’idées ou de valeurs à adopter. La seule philosophie de la pratique, c’est d’accepter de faire confiance à la force vitale. Katsugen Undo signifie “mouvement de la force qui est à l’origine de la vie”. Pendant les séances, on laisse agir cette force en déconnectant son système volontaire. En dehors des séances, le nettoyage intérieur consécutif à la pratique va permettre de se reconnecter spontanément à des valeurs “instinctives” qui sont ancrées dans le fond de notre humanité. En cela la démarche peut être qualifiée de philosophique. 

Régis Soavi : Il s’agit d’une vision totalement différente de ce que l’on a l’habitude d’entendre, qui conduit à l’autonomie des individus et non à l’assistanat. C’est un changement de paradigme qui amène à reconsidérer notre propre santé de manière tout à fait différente. Ce n’est pas l’absence de réactions du corps qui est considérée comme un signe de bonne santé. Au contraire, c’est plutôt l’état global du corps qui est pris en compte, y compris ses besoins de réaction, de régulation et ses stratégies internes de défense. Il s’agit donc d’un concept d’unité de l’être humain et de respect du travail du corps. La pratique du Katsugen Undo est reconnue par le ministère de l’éducation japonais depuis les années 1960 comme un mouvement d’éducation et non pas comme médecine. 

Qu’est-ce qui différencie le mouvement régénérateur d’un sport ou d’autres pratiques corporelles ?

Denis Emonet : La principale différence, c’est qu’il n’y a aucune action volontaire. Toutes les manifestations qui se déclenchent pendant les séances sont purement involontaires. À part quelques gestes techniques qui facilitent le lâcher-prise, on ne fait strictement rien. On n’exécute aucun mouvement, on ne prend pas de postures, on ne contrôle pas sa respiration, on ne cherche même pas à se détendre.

La deuxième différence essentielle, c’est que toutes ces réactions sont parfaitement adaptées à la spécificité de chacun. Par exemple, il n’y a pas deux mouvements semblables. Le système involontaire de l’organisme sait exactement ce qui n’est pas en ordre chez chacun de nous et il sait aussi exactement ce qu’il convient de faire pour le réajuster.

Régis Soavi : Dans toutes les pratiques corporelles, au même titre que les sports, il faut faire des efforts, se dépasser soi-même, afin d’obtenir des résultats mesurables. À l’inverse, le Mouvement régénérateur est une pratique qui permet le retour au naturel sur la base d’une écologie du corps.

En pratique, comment se déroule une séance ?

Denis Emonet : Cela débute par la coupure : on s’assoit les yeux fermés, et on coupe – dans la mesure du possible – avec tout ce qui occupe notre esprit. On exécute ensuite quelques gestes techniques dont la fonction est de faciliter le lâcher-prise et de réveiller quelque peu l’organisme. Ensuite, on est assis, totalement abandonné, sans attente. On laisse faire son corps. Les réactions involontaires se déclenchent spontanément mais on se garde bien de les provoquer ou de les amplifier (c’est l’écueil n° 1 à éviter dans cette pratique). Au bout d’un moment, les réactions, mouvements involontaires notamment, s’arrêtent d’elles-mêmes. On s’allonge alors jusqu’à ce que le corps, de lui-même, ait envie de se relever. C’est la phase de récupération. 

Régis Soavi : La durée totale de la séance est d’environ une heure. Le lieu a beaucoup d’importance. Il doit être tranquille. On ne peut pas pratiquer sous le regard des autres, dans un lieu public ou de passage. Il faut un lieu calme et intime, chez soi, dans un dojo… Il faut porter des vêtements souples pour ne pas être gêné dans ses mouvements. Ce sont les conditions de base pour une détente et un lâcher-prise favorables au déclenchement de mouvements involontaires. 

En quoi la pratique est-elle bénéfique ?

Denis Emonet : La pratique peut amener un profond réajustement de l’ensemble de la personne, corps et esprit liés. Cela se traduira notamment par la disparition de problèmes physiques ou psychiques qui, dans certains cas, avaient résisté à tous les traitements préalables (même si, bien sûr, la pratique ne prétend pas tout guérir). On découvre progressivement ce qu’est une santé vraiment autonome, qui n’a besoin – sauf accident – de rien ni de personne pour se maintenir.

Au niveau psychique, des “mémoires” datant parfois de la petite enfance vont remonter à la surface avant d’être évacuées. Le psychisme profond, stimulé par la pratique, les rejette comme le corps rejette une épine. La vie au quotidien peut s’en trouver complètement transformée.

Pour nous, qui sommes presque toujours dans le contrôle, il est difficile de laisser le corps libre de toute contrainte de l’esprit.
Y a-t-il un enseignement propre au Katsugen Undo pour apprendre à lâcher-prise ?

Denis Emonet : En préambule aux séances, il y a quelques gestes techniques qui facilitent le lâcher-prise. Ensuite, c’est très simple car on ne cherche même pas à lâcher-prise ! On accepte que des pensées occupent l’esprit, qu’il y ait des tensions dans le corps, des résistances, des crispations, un contrôle, des peurs. À partir du moment où l’on accepte tout ce qui se trouve à l’intérieur de soi, il ne peut plus y avoir de problème. Je dis parfois aux gens : “Si vous êtes détendu, c’est parfait ! Si vous êtes tendu, c’est parfait ! Si votre esprit est vide, c’est parfait ! S’il est complètement encombré, c’est parfait !”. On ne cherche pas à changer quoi que ce soit. C’est donc très facile. Cela dit, j’utilise parfois des astuces pour aider les pratiquants à ne plus se battre contre eux-mêmes.

Régis Soavi : On ne peut pas vraiment apprendre à lâcher-prise, c’est pourquoi le Mouvement régénérateur est si intéressant. Car grâce aux exercices proposés pendant les stages et les séances, c’est l’involontaire qui va déclencher la réponse de l’organisme, indépendamment de nos idées sur ce qui est bon ou mauvais. C’est le corps qui guide et non plus la tête. Et, petit à petit, on finit par être capable de se vider la tête de ce qui l’encombre. On se sent alors plus léger !

Y a-t-il plusieurs écoles ? Si oui, la pratique varie-t-elle d’une école à une autre ?

Denis Emonet : Oui, il y a plusieurs écoles. Il peut effectivement y avoir des différences importantes d’une école à l’autre, même si le déroulement proprement dit des séances est globalement le même partout car la plupart des animateurs de ces écoles, en France, ont appris à la même source, avec Itsuo Tsuda.

La première de ces différences concerne l’attitude de l’animateur face au phénomène de l’induction, quand un pratiquant “en rajoute” plus ou moins inconsciemment. En ce qui me concerne, je suis particulièrement strict sur ce point-là. Je sais que tous les animateurs n’ont pas cette même exigence.

Où peut-on pratiquer le mouvement régénérateur ?

Denis EmonetPersonnellement, je propose des stages de week-ends tous les deux mois à Paris et des stages résidentiels de 5 jours dans l’Ain. 

Régis Soavi : De notre côté, des stages sont organisés de façon régulière dans les dojos (Paris, Toulouse, Blois…) et groupes affiliés de l’École Itsuo Tsuda afin de faire découvrir ces pratiques à tous ceux qui le souhaitent. 

*Le système moteur extrapyramidal est le système involontaire, qui contrôle notamment les réflexes et la posture.

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