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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Pourquoi la guerre ?

Réflexions...

En 1971 déjà, il y a donc presque 50 ans, le Président des États-Unis, Richard Nixon, déclarait « la guerre contre le cancer ». On voit ce que ça a donné…

L’idéologie martiale en matière de santé n’a pas payé. Qu’en est-il aujourd’hui, quand notre président nous affirme que « nous sommes en guerre » ? Sans doute a-t-il été conseillé par son staff de communication… Mais ce vocabulaire guerrier pour parler des maladies interroge.

Qu’est-ce qu’un cancer ? Une multiplication anarchique de cellules. De quelles cellules ? Les nôtres. Chaque jour, certaines de nos cellules mutent et deviennent folles, quitte à se reproduire n’importe comment pour tout envahir. Heureusement, chaque jour, notre système immunitaire « fait le ménage ». Mais parfois il est débordé, et la multiplication anarchique s’emballe…

Qu’en est-il des autres maladies ? Les virales ? Les bactériennes ? À la différence du cancer, on peut plus facilement imaginer un « ennemi » s’attaquant à nos cellules. Mais là encore, on apprend ces dernières années que notre bonne santé est directement liée aux multiples colonies de bactéries qui nous habitent. Certes, ce ne sont pas « nos » cellules, mais elles nous sont très liées, souvent depuis la naissance, et tout à fait personnelles… Nous avons en nous et sur nous des milliards de bactéries ! Et leur diversité, l’équilibre des différentes populations de bactéries, sont à la fois très personnels (notre flore intestinale est différente de celle du voisin, par exemple, celle qui recouvre notre peau aussi…) et déterminants pour notre santé. 

Quant aux virus, ils restent encore bien mystérieux, même s’ils révèlent progressivement leurs secrets. 

On sait par exemple que certains d’entre eux peuvent être d’excellents alliés de notre organisme pour contrôler les attaques de bactéries devenues agressives : ce sont les virus « phages ». Ces virus « médicaments », les bactériophages, ont été « découverts » par un médecin français, Félix d’Hérelle, en 1917, puis supplantés par l’arrivée des antibiotiques, mais ils commencent à refaire parler d’eux.

Vous le voyez, il n’y a pas les méchants virus, les vilaines bactéries, les cellules ravageuses… et nous de l’autre. Il y a un écosystème dans lequel nous baignons, intérieur et extérieur, et c’est de son équilibre que notre santé dépend.

Malgré tout cela, nous déclarons sans cesse la guerre aux microbes… sans trop de distinction, un peu comme si nous étions des individus sains entourés d’ennemis prêts à nous instiller leur poison. C’est ainsi depuis que Pasteur a mis en avant l’origine « microbienne » des maladies contagieuses. Difficile en effet de contredire le fait qu’un staphylocoque, par exemple, soit à l’origine d’un furoncle. Mais voilà, le même staphylocoque ne se serait peut-être pas installé dans le bulbe pileux de la fesse du voisin… 

Alors que les « pasteuriens » semblent vouloir mener la guerre aux microbes, d’autres proposent depuis longtemps de faire en sorte de cohabiter harmonieusement avec eux, en paix.

Du temps de Pasteur, des voix s’élevaient déjà dans cette optique (Antoine Béchamp, Claude Bernard), et parlaient de notion de « terrain », proposaient de prendre soin de notre organisme pour le rendre plus résistant.

Mais aujourd’hui, on a pris l’habitude de traiter des maladies plutôt que de soigner des malades. Or, s’il paraît fort justifié de chercher une molécule qui va empêcher le vilain virus de venir semer la pagaille dans nos cellules, essayer de trouver les moyens que le virus passe son chemin sans faire de dégâts est une voie tout à fait défendable également.

Le nouveau coronavirus est l’exem­ple parfait du microbe qui peut déclencher un éventail de symptômes largement ouvert : chez certains il passe inaperçu, chez d’autres, il provoque le décès et, chez la majorité de ses hôtes, il efface un temps le goût et l’odorat et laisse derrière lui une bonne grosse fatigue.

Sans doute est-il temps de réfléchir à comment vivre en harmonie avec l’écosystème qui nous entoure, dans lequel on vit, peuplé de microbes infiniment petits et tellement puissants.

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Par Sylvaine Passard