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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

L’universel à l’épreuve du local

 Frictions
Délires et faux-semblants de la globalité
De Anna Lowenhaupt Tsing - trad. P. Pignarre et I. Stengers
Éditions La Découverte, coll. Les Empêcheurs de penser en rond
420 pages
14 x 20,5 cm
24 €.

Je vous avais déjà parlé du premier livre passionnant d’Anna Lowenhaupt Tsing paru en France en 2017 : Le champignon de la fin du monde. Ce nouveau livre :  Frictions, délires et faux-semblants de la globalité a en réalité été publié avant.

Paru en 2005 aux États-Unis, il porte sur les enquêtes menées par l’anthropologue sur les Dayaks des montagnes indonésiennes Mératus (dans le Kalimantan au sud de l’île de Bornéo) dans les années 1990, qui, avec la fin de la dictature de L’Ordre nouveau (1966-1998), ont été l’objet d’une déforestation massive et non maîtrisée, créant une forme de nouveau Far-West. Dans Frictions, Anna Tsing se concentre ainsi sur les zones grises, sur les interactions à la marge, les entre-deux, les fossés ou les frontières, pour montrer comment les contingences locales façonnent à leur tour les connexions globales du capitalisme mondialisé.

En multipliant les terrains de recherche et en prenant en compte la diversité des situations et des points de vue, elle nous donne à comprendre les enchevêtrements complexes des problématiques économiques, sociales, environnementales, politiques et culturelles. « Je préfère la surprise des connexions bizarres aux généralisations bien ordonnées, aux tableaux synthétiques et aux grilles comparatives », écrit-elle. Au-delà des dichotomies simplificatrices et des lignes de partage idéologiques qui opposent l’humain et le non humain, la protection de l’environnement et le développement économique, sa méthode « en patchwork », qui focalise sur « les fragments », conduit surtout à repenser le lien global dans ses interactions dynamiques au niveau local pour rendre compte du caractère à la fois social et naturel des paysages.

Elle met ainsi en évidence les frictions destructrices qui conduisent au chacun pour soi dans les zones dévastées ou celles, plus créatives, qui inventent de nouveaux modèles de culture. Dans le grand bain de la globalité, elle révèle combien les conjonctures particulières déterminent des solutions inédites, où l’équilibre se trouve aussi sur des malentendus. Avec Tsing, l’universel et la mondialisation s’envisagent par les récits des contingences multiples, hors de toute forme d’impérialisme et ça fait du bien.  

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