communauteSans
Communauté
boutiqueSans
Boutique
Image décorative. En cliquant dessus, on découvre les différents abonnements proposés par Rebelle-Santé
S’ABONNER

La santé naturelle avec Sophie Lacoste

La moxibustion, le mariage de l’acupuncture et du feu

Indissociable de l’acupuncture en Asie, la moxibustion - ou utilisation thérapeutique des moxas - commence doucement à se faire une place en Occident. C’est une bonne chose car cette technique, vieille de plusieurs millénaires, soigne bien des maladies, y compris chez les personnes pour lesquelles les aiguilles sont contre-indiquées ou qui craignent les piqûres. Un vieux proverbe chinois dit d’ailleurs : "Comme la femme supporte la moitié du ciel, les moxas supportent la moitié des maladies".

La moxibustion fait partie intégrante de l’acupuncture. Le terme chinois pour acupuncture Zhen Jiu Fa signifie d’ailleurs “Méthode de soin par les aiguilles et le feu”. Zhen signifie aiguille, Jiu : feu prolongé et Fa : méthode. Les aiguilles font référence à l’acupuncture telle que nous la connaissons et le feu désigne la moxibustion, à savoir l’utilisation de la chaleur sur une zone précise du corps pour soigner.

Les propriétés thérapeutiques de la chaleur sont bien connues de nos ancêtres, et les bouillottes, les cataplasmes, etc., ont une longue tradition d’utilisation chez nous. Mais la spécificité de la moxibustion est de concentrer la chaleur sur un point d’acupuncture précis, correspondant à une fonction ou à un organe. Le praticien en médecine traditionnelle chinoise conjugue ainsi les effets de la chaleur et ceux de l’acupuncture. Pour ce faire, il utilise des moxas, une sorte de cigare à base d’armoise.

Le terme moxibustion est dérivé du japonais Mogusa “herbe à brûler”. Les moxas sont traditionnellement fabriqués à partir de feuilles d’armoise séchées et broyées, auxquelles sont parfois ajoutées d’autres plantes médicinales. L’armoise (Artemisia vulgaris) est appelée “herbe des médecins” en Chine et “herbe de la St-Jean” chez nous.

Lorsqu’elle est utilisée sous forme de moxa, elle régule la circulation de l’énergie dans les méridiens, diminue le froid et l’humidité, et renforce les organes.

Les moxas traditionnels se présentent sous forme de cônes ou de “cigares”. C’est cette dernière forme qui est la plus courante aujourd’hui en médecine chinoise.

Moxibustion traditionnelle ou électrique

De nos jours, il existe aussi une forme “moderne” de la moxibustion. Il s’agit d’appareils de moxibustion électriques, appelés aussi “moxateurs électriques”, qui chauffent les points d’acupuncture sans fumée, ni odeur.
Le gros inconvénient de la moxibustion traditionnelle est en effet le dégagement de fumée. C’est d’ailleurs l’une des raisons majeures pour lesquelles les acupuncteurs occidentaux l’utilisent peu. Il est vraiment indispensable que leur cabinet soit très bien aéré ou muni d’un extracteur de fumée, ce qui est rarement le cas.

Ces nouveaux appareils sont conçus de manière à ce que leur spectre d’émission soit identique à celui de l’armoise en combustion, afin d’assurer la même efficacité que la moxibustion traditionnelle. La mise au point de ces appareils a réellement facilité l’accès à la moxibustion pour de nombreux acupuncteurs occidentaux.

Acupuncture et moxibustion

La moxibustion peut être utilisée seule ou combinée à l’acupuncture. Mais si l’utilisation des aiguilles et la moxibustion sont complémentaires et indissociables et se sont développées en parallèle en Chine, la moxibustion prédomine cependant dans les régions froides d’altitude, d’où elle est d’ailleurs originaire. Elle est aussi couramment utilisée au Japon.

Les aiguilles font se mouvoir l’énergie présente à l’intérieur du corps. Elles ont un effet tonique ou, à l’inverse, sédatif.

Les moxas, quant à eux, apportent de l’énergie de l’extérieur et ont une action réchauffante et asséchante. Ils sont, par essence, de nature yang. Pas étonnant donc qu’ils soient principalement utilisés dans les régions froides de Chine. La chaleur des moxas va stimuler l’immunité et renforcer l’énergie vitale, enrichir le sang, améliorer la circulation sanguine, dissoudre les mucosités, etc.

En médecine chinoise, les maladies chroniques, comme les affections rhumatismales par exemple, ou provoquées par le froid ou l’humidité (bronchite, digestion difficile, asthme, tendinites, anémie…), sont particulièrement adaptées au traitement par les moxas. La moxibustion convient également bien aux personnes fatiguées, en manque de yang.

Comment se déroule une séance ?

Les séances de moxibustion sont pratiquées par des acupuncteurs formés à cette technique ou par des praticiens de médecine traditionnelle chinoise. Vous êtes installé confortablement, de préférence couché, et de façon à ce que les points d’acupuncture à chauffer soient facilement accessibles. Le praticien établit préalablement un diagnostic précis. Il choisit ensuite la méthode en fonction de vous, de votre pathologie et l’adapte bien sûr à votre sensibilité.

Si l’acupuncteur utilise la technique traditionnelle, il allume le moxa et l’approche du point qu’il souhaite chauffer. Il le laisse ensuite se consumer jusqu’à ce que la chaleur devienne trop forte.

• Les cônes peuvent être appliqués soit en contact direct avec la peau, soit posés sur une substance (ail, gingembre, argile, sel…), dont les propriétés vont s’associer à celle de la chaleur.

• Le rouleau d’armoise, quant à lui, est toujours gardé à distance de la peau pour chauffer le point d’acupuncture. Il peut être soit maintenu à 1 ou 2 cm de la peau, soit déplacé doucement, dans un mouvement de balayage, au-dessus du point à traiter ou sur le trajet d’un méridien, soit encore promené successivement près et loin de la peau dans un mouvement de va-et-vient. Lors de l’utilisation de ces rouleaux, comme pour les cônes, une rondelle d’ail ou de gingembre, de l’argile ou du sel (uniquement dans le nombril) peuvent également être placés sur le point d’acupuncture à chauffer.

• De petites boules d’armoise peuvent aussi être positionnées à l’extrémité d’une aiguille d’acupuncture.

Si le praticien utilise la version “moderne” de la moxibustion, il adaptera également l’intensité de la chaleur au patient. La technique a la même efficacité que la moxibustion traditionnelle, mais sans combustion, ni fumée.

Au cours d’une séance, le thérapeute traitera au maximum 6 points. Pour que le traitement soit efficace, plusieurs séances par semaine, idéalement tous les deux jours, sont recommandées.

Si vous ne pouvez vraiment pas respecter ce rythme, parlez-en à votre praticien. Il pourra vous expliquer comment utiliser les moxas en toute sécurité chez vous entre 2 séances. Il pourra même marquer le ou les points à chauffer au marqueur indélébile pour que vous les repériez facilement.

Il existe par ailleurs de bons guides pratiques, rédigés par des professionnels, pour vous expliquer comment utiliser la moxibustion à domicile.

Pour vous aider à trouver un praticien (1), l’Union Française des Professionnels de Médecine Traditionnelle Chinoise a un annuaire des praticiens disponible sur son site, le Collège Français d’Acupuncture et de Médecine Traditionnelle Chinoise également. Vous pouvez aussi vous adresser à la Fédération Nationale de Médecine Traditionnelle Chinoise.

 

(1) Les praticiens de médecine traditionnelle chinoise utilisent en général les moxas, mais ce n’est pas le cas des acupuncteurs qui ne sont pas tous praticiens de MTC. Le mieux est de demander confirmation au moment de prendre un rendez-vous.

___

Que soigne la moxibustion ?

– Crampes menstruelles

– Problèmes digestifs (diarrhée, colite…)

– Infertilité

– Douleurs rhumatismales et arthritiques de type “froid”

– Douleurs des muscles et des tendons 

– Fatigue

– Anémie

– Faiblesse immunitaire

– Troubles urinaires

– Déséquilibres nerveux et endocriniens 

– Impuissance, etc.

___

Mises en garde

S’il est possible de se soigner par les moxas à domicile, cela présente cependant certains risques, notamment de brûlures. si vous souhaitez découvrir les bienfaits de la moxibustion, consultez d’abord un spécialiste. L’usage des moxas demande une bonne base en médecine chinoise, une connaissance des méridiens et des points d’acupuncture. En outre, elle n’est pas adaptée à toutes les maladies, ni à tous les points d’acupuncture.

Sauf avis médical, la moxibustion ne doit jamais être pratiquée sur une zone enflammée, en cas de fièvre, chez les jeunes enfants ou les personnes très âgées, pendant la grossesse, sur une peau brûlée, chaude ou très sensible, en cas de traumatisme, de diabète ou d’hypertension, sur des tissus gonflés, sur la zone cardiaque, sur le visage, les yeux, les varices et les vaisseaux sanguins superficiels…

Pour avoir recours à la moxibustion d’une manière sûre et efficace, un diagnostic préalable effectué par un praticien estégalement fortement recommandé.

___

Adresses utiles

• Fédération Nationale de Médecine Traditionnelle Chinoise (FNMTC)
7, rue Louis Prével – 06000 Nice
Téléphone : 33 (0) 950 304 870
Site web : www.fnmtc.fr
Adresse e-mail : secretariat@fnmtc.fr

• Union Française des Professionnels de Méde-cine Traditionnelle Chinoise (UFPMTC)
BP 60055 – 31802 Saint-Gaudens Cedex
Téléphone : 33 (0)6 19 95 26 75
Site web : www.ufpmtc.fr

• Collège Français d’Acupuncture et de Médecine Traditionnelle Chinoise
79, rue Tocqueville – 75017 Paris
Site web : acupuncture-medic.fr

Pour lire la suite

Déjà abonné·e, connectez-vous !

Magazine

À lire aussi

Les moxas

La moxibustion, ou utilisation des moxas pour soigner, est une technique de médecine traditionnelle chinoise utilisée en Chine depuis des millénaires, mais encore assez peu connue en Occident. Rares sont en effet les acupuncteurs occidentaux qui utilisent cette technique dans leur pratique.

Moxibustion

De nos jours, l’acupuncture fait partie intégrante des techniques de soin à notre disposition en Europe. Nombreux sont celles et ceux d’entre nous qui ont expérimenté avec succès les aiguilles. Mais avez-vous déjà entendu parler des moxas ?

Inscrivez-vous à
Pour ne rien rater
Notre lettre info
1 à 2 envois par mois