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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Syndrome des jambes sans repos

Les dernières découvertes en matière de nutrithérapie

Au moins 2 % de la population française souffre quotidiennement de ce trouble, soit environ 1 300 000 personnes. Il tire son nom de ce besoin irrépressible de bouger les jambes afin de soulager les sensations désagréables ressenties au repos, principalement le soir et la nuit.

Communément connu sous le nom « d’impatiences » (dans les jambes), le syndrome des jambes sans repos a été récemment rebaptisé maladie de Willis-Ekbom. Pas sûr du tout que la « greffe » prenne, compte tenu du côté sibyllin de cette nouvelle dénomination !

Au moins 2 % de la population française souffre quotidiennement de ce trouble, soit environ 1 300 000 personnes. Mais si l’on prend en compte toutes celles qui ressentent occasionnellement les sensations désagréables provoquées par le syndrome, le chiffre est alors à multiplier par quatre ou cinq !

Le syndrome des jambes sans repos tire son nom de ce besoin irrépressible de bouger les jambes afin de soulager les sensations désagréables (1) ressenties au repos, principalement le soir et la nuit.

Le risque de survenue et d’aggravation du trouble augmente avec l’âge, à moins qu’il existe une composante héréditaire, auquel cas le syndrome a tendance à débuter chez des personnes plus jeunes.

Le rôle de la dopamine

Le syndrome des jambes sans repos est un trouble neurologique impliquant la dopamine, une neurohormone notamment chargée de la régulation des mouvements. En l’occurrence, le problème provient d’une baisse d’activité des neurones dits « dopaminergiques », qui utilisent la dopamine pour transmettre des informations chimiques. Cette baisse d’activité ne découlerait pas tant d’une production insuffisante de dopamine que d’une diminution trop importante des récepteurs dopaminergiques, en particulier des récepteurs D2. Pour dire les choses de façon plus imagée, on disposerait encore de suffisamment de « clés » (dopamine), mais plus assez de certaines « serrures » (récepteurs D2). Ce dysfonctionnement du système dopaminergique expliquerait les signes moteurs du syndrome, notamment les fameuses « secousses » des membres inférieurs, qui se produisent par salves au cours de la nuit.
À noter que la fréquence de survenue du syndrome des jambes sans repos est plus élevée chez les patients souffrant de maladies neurologiques dans lesquelles le système dopaminergique est impliqué : maladie de Huntington, syndrome de la Tourette, tremblement essentiel…

Les agonistes dopaminergiques

Les médicaments les plus efficaces pour soigner le syndrome des jambes sans repos sont les « agonistes dopaminergiques », qui agissent en stimulant les récepteurs de la dopamine. L’un des agonistes dopaminergiques habituellement employé dans les formes modérées à sévères du syndrome est le ropinirole, un agoniste des récepteurs dopaminergiques D2/D3.

Toutefois, dès 2006, la revue médicale indépendante Prescrire a alerté les médecins sur la « balance bénéfices-risques défavorable » de cette classe de médicaments : « Outre les effets indésirables classiques des agonistes dopaminergiques (2), des augmentations de la sévérité des symptômes ont été observées à long terme avec divers agonistes dopaminergiques (…), en particulier avec le ropinirole et le pramipexole » (3). Bref, les médicaments destinés à soigner les patients les plus gênés par le syndrome finissent par produire l’effet inverse recherché quand on les prend pendant trop longtemps – plus d’un an par exemple. Un comble, non ?

Le rôle du fer

Jusqu’à présent, le nutriment le plus incriminé dans le syndrome des jambes sans repos était le fer. À juste titre, sachant que la carence en fer perturbe la production de dopamine dans le cerveau. De plus, chez des animaux rendus déficients en fer, on a observé une diminution des récepteurs dopaminergiques D2 déjà évoqués un peu plus haut.

La ferritine renseigne sur l’état des réserves de l’organisme en fer. Des études cliniques ont montré que plus le taux de ferritine dans le sang était bas, plus le syndrome devenait sévère. Il suffit d’une supplémentation en fer pour réduire les symptômes chez les personnes ayant une ferritine basse. L’objectif d’une supplémentation en fer doit être de remonter le taux de ferritine au-dessus de 50, surtout si l’on souffre d’un syndrome de forme sévère.

Un nouveau nutriment-clé : la vitamine D

La vitamine D participe au bon fonctionnement du cerveau. Le récepteur à la vitamine D (VDR) est présent à la fois dans les neurones et les cellules gliales (cellules de soutien des neurones). Des travaux de laboratoire ont montré que le fait d’ajouter de la vitamine D au milieu de culture aboutissait à une augmentation du nombre de neurones dopaminergiques.

L’idée d’une implication de la vitamine D dans le syndrome des jambes sans repos a commencé à émerger il y a très peu de temps. Avec ce premier constat : plus on s’éloigne de l’équateur et donc des régions bénéficiant du meilleur niveau d’ensoleillement (4), plus le nombre de cas de syndrome des jambes sans repos augmente ! Même en se limitant à l’Europe, une différence très nette apparaît entre le Nord et le Sud du continent. En Grèce, on dénombre ainsi 38 cas pour 1000, alors qu’en Norvège, on passe à 143 cas pour 1000. Le record revient à l’Islande, avec 183 cas pour 1000 (5) !

Plus récemment, des chercheurs ont mis en évidence un risque cinq fois plus important de souffrir du syndrome des jambes sans repos lorsque le taux de vitamine D descend en dessous de 20 ng/ml (6). De quoi interpeller pas mal de monde, sachant qu’au moins 40 % des adultes vivant en France ont un taux de vitamine D inférieur à 20 ng/ml ! Pour rappel, la valeur plancher se situe à 30 ng/ml.

Une très récente étude réalisée en Arabie saoudite a montré qu’une supplémentation en vitamine D permettait à elle seule de réduire de façon très marquée la sévérité du syndrome chez des patients carencés en vitamine D au départ de l’étude. Le plus étonnant est qu’il a suffi que le taux sanguin de vitamine D des participants passe en moyenne de 9 à 25 ng/ml pour que le score obtenu au test destiné à évaluer le degré de sévérité du syndrome passe de 26 à 10 sur une échelle allant de 0 à 40 points (1 à 10 = léger ; 11 à 20 = moyen ; 21 à 30 = sévère ; 31 à 40 = très sévère) (7).

Une dernière remarque à propos de la vitamine D : la littérature scientifique nous apprend que le syndrome des jambes sans repos affecterait jusqu’à 30 % des femmes enceintes, particulièrement au cours du 3e trimestre, soit précisément durant le trimestre où il est crucial de couvrir les besoins en vitamine D. C’est d’ailleurs pour cela que les médecins prescrivent de façon routinière une ampoule de 100 000 UI de vitamine D au début du 7e mois de grossesse.

Médicaments et syndrome des jambes sans repos

Bon à savoir… de nombreux médicaments peuvent déclencher ou aggraver le trouble :

  • bêtabloquants
  • neuroleptiques
  • lithium
  • antidépresseurs
  • antipsychotiques
  • antihistaminiques
  • antinauséeux
  • inhibiteurs calciques…

Notes :
(1) Agacements, picotements, fourmillements, démangeaisons, secousses…
(2) Nausées et vomissements par exemple
(3) Revue Prescrire, 15 juillet 2006
(4) La vitamine D est apportée à 90 %, sinon plus, par l’exposition de la peau aux rayons solaires
(5) Koo BB, Sleep Breath, 2012 Nov
(6) Oran M, Neuropsychiatr Dis Treat, 2014 May
(7) Wali S, Sleep Breath, 2014 Aug.

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