Toutes les raisons de ne jamais prendre de somnifères !
Non seulement les médicaments hypnotiques ne font pas dormir, mais en plus ils sont dangereux… et même mortels !
Le point avec Le Dr Patrick Lemoine*, psychiatre et docteur en neurosciences
Quels sont les bienfaits naturels du sommeil ?
Le sommeil est un état particulièrement actif. Outre le repos, évidemment, il réduit la pression artérielle, détoxifie en profondeur, stimule l’immunité. Et optimise la longévité : un bon sommeil donne de bons télomères, puissants outils de la réparation de l’ADN. C’est aussi un grand régulateur hormonal : grâce à lui, davantage d’hormones minceur (leptine), moins d’hormones « grossissantes » (cortisol, ghréline, insuline), donc de diabète et d’obésité.
Mal dormir peut-il rendre malade ?
Oui. L’insomnie augmente les risques de maladies infectieuses, auto-immunes, d’hypertension (certains sont hypertendus uniquement à cause de leur insomnie !) et de certains cancers. Les infirmières qui travaillent de nuit ont un risque accru (20 %) de cancer du sein. Les petits dormeurs, de cancers digestifs. Mal dormir, c’est aussi plus de trous de mémoire, de troubles de la concentration, et jusqu’à des démences de type Alzheimer. Dépression, troubles anxieux ou panique, bouffées délirantes sont également concernés, comme causes et conséquences. Toutes les bouffées délirantes suivent une nuit blanche quelle que soit la cause (bruit, douleur…).
Cela entrave également l’hormone de croissance. Dans le Bronx, des enfants développaient des nanismes inexpliqués : ils n’étaient carencés en rien. On leur a mis des boules Quiès et en 6 mois ils ont corrigé leur retard de croissance. Cette hormone est aussi cruciale chez l’adulte. Produite durant les 3 premières heures de sommeil, elle répare (peau, ADN…), fabrique du muscle et détruit des graisses (effet brûle-graisses).
Ă€ chacun son temps de sommeil !La NSF (National Sleep Foundation), organisme amĂ©ricain spĂ©cialisĂ© dans le sommeil, propose ces temps moyens, Ă moduler toutefois selon chaque individu. • BĂ©bĂ© 0 – 3 mois : 14 Ă 17 h/jour |
Docteur, je ne dors pas, que faire ?
Distinguer l’hyperéveil (stress, excitation, colère…) et l’hyposommeil (manque de mélatonine, typique des seniors). Le réflexe médical français ne répond ni à l’un ni à l’autre : une prescription de médicaments, le plus souvent, de benzodiazépines : Stilnox, Imovane… (hypnotiques) ou Lexomil, Valium, Témesta, Lysanxia, Tranxène… (anxiolytiques). Ils provoquent des effets secondaires graves et, en plus, renforcent les faiblesses (rénales, hépatiques, respiratoires) déjà présentes. Les médecins sont formés à prescrire des médicaments symptomatiques : je ne dors pas = un hypnotique ; je pleure = un antidépresseur ; j’ai de la fièvre = un anti-pyrétique, j’ai une infection = un antibiotique.
C’est une grave erreur. Au contraire, il faut faire confiance à l’organisme, à ses capacités à se soigner. Seulement en cas d’échec, proposer des médicaments : ce sont eux qui sont la médecine alternative ! La « vraie » médecine est physiologique, non médicamenteuse. Il faut renverser le paradigme en médecine. En France, vous ressortez de chez le médecin avec 95 % de « chances » d’avoir une ordonnance. En Hollande, c’est 45 % !
3 conseils pour un sommeil sain et réparateur• Ne pas prendre de benzodiazépines, même peu dosées, même quelques jours, même si votre meilleure amie vous dit que « ça ne pose pas de problème et tu vas voir comme on dort bien ». |
Mais c’est utile quand même quand on est dépressif ?
Non ! Au contraire : les benzodiazépines favorisent la dépression. On ne doit jamais associer les antidépresseurs aux tranquillisants, même au cours des 3 premières semaines, contrairement aux idées reçues ! Avant, on enseignait aux médecins qu’un antidépresseur met 3 semaines à agir, et que donc pour éviter tout suicide durant ce laps de temps, mieux valait donner un tranquillisant conjointement. Or, cette association ne convient pas du tout.
Comment se sevrer des benzodiazépines ?
C’est simple et compliqué à la fois.
1 : il faut une vraie motivation.
2 : il faut « mesurer » : depuis combien de temps vous en prenez, et à quelle dose. Plus c’est long, plus c’est dur. Et c’est plus difficile de se passer de certaines : le Témesta et le Xanax contiennent les plus addictives de toutes les benzodiazépines. Il arrive que l’on propose aux gens de se sevrer par du Séresta, considéré comme le « moins pire ».
Demi-vie relativement brève (18 h) et surtout, pas de métabolites actifs. Alors que Témesta, Lexomil, Tranxène, Lysanxia… c’est une autre histoire. Le Tranxène, c’est 72 h = prenez 10 mg de Tranxène, dans 3 jours vous avez encore 5 mg dans le sang ! Il faut 15 jours pour ne plus en avoir du tout !
Le renouvellement des récepteurs c’est 18 jours, disons environ 3 semaines. Ma technique (et j’ai fait ma thèse sur ce sujet) : retirer toutes les 3 semaines ¼ de comprimé. L’idéal est de n’avoir plus qu’un seul produit, c’est-à -dire le moins pire des hypnotiques (Imovan) et le moins pire des tranquillisants (Séresta). Jusqu’au dernier petit quart dont il est difficile de se séparer. J’aime bien prescrire des gélules vides et le patient les remplit de farine ou autre ; dans 1 seule, il verse le quart de comprimé, comme ça il ne sait pas le soir, quand il avale sa gélule, si elle est active ou placebo… et au final il réalise qu’il ne voit pas de différence sur son sommeil. Mais il y a d’autres techniques, l’important étant de finir par arrêter complètement.
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