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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Vers le zéro déchet

Pour réduire notre empreinte écologique, une des pistes consiste à diminuer notre production de déchets et notre consommation de ressources naturelles. Des solutions à la portée de tous existent, même si elles nécessitent quelques changements d’habitude. L’association Zero Waste France défend et fait connaître ces bonnes pratiques.

Il y a eu le coup d’éclat de la démission de Nicolat Hulot, la Marche pour le Climat et puis l’émission « Cash investigation » sur le plastique. En quelques mois, cet enchaînement a créé une sorte de sursaut dans l’opinion : « Nos déchets envahissent l’environnement. Comment les réduire et diminuer notre emprise sur les ressources de la planète ? ».

Cette question, l’association Zero Waste se la pose depuis sa création en 1997. Les militants du départ voulaient faire connaître les dangers de l’incinération des déchets pour obtenir une réglementation plus contraignante sur les rejets de dioxines. Ils ont rapidement décidé de s’attaquer à la source du problème : la production de déchets et, plus largement, le gaspillage des ressources naturelles. Au cœur de leur action, donc, la sensibilisation du public. Et pas question de culpabiliser les consommateurs, l’association insiste sur la prévention et l’accompagnement.

De la pédagogie

L’association informe les citoyens sur les actions possibles et publie de nombreux guides pratiques autour de grands thèmes : réduire le jetable, composter et trier, allonger la durée de vie des objets ou lutter contre les trai­tements polluants. Mais recycler n’est pas la panacée universelle. D’abord, tout n’est pas recyclable. Ensuite, dans les objets recyclables, peu le sont à 100 % et parmi ceux-là, presqu’aucun n’est recyclable de façon illimitée. La meilleure façon d’être dans une vraie économie circulaire est de faire durer les objets et d’utiliser le moins possible d’emballage et autres produits à usage unique.

Enfin, l’association n’a pas peur de s’attaquer aux grands de la consommation. Elle a porté plainte contre Pizza Hut et Intermarché qui ne respectaient pas les mentions « Stop Pub » des boîtes aux lettres. En octobre dernier, nouvelle plainte cette fois contre McDonald’s et KFC. Des militants avaient remarqué que, si ces enseignes assuraient bien le tri des déchets en magasin, tout finissait dans la même poubelle sur le trottoir ! Zero Waste demande que la loi soit respectée et réalise au passage une contre-pub pour les enseignes.

Récemment, l’association a ouvert la maison Zéro déchet à Paris. On y découvre de nombreuses idées pour réduire les déchets et la consommation de ressources naturelles. C’est là que nous avons rencontré Alix Gessain, chargée de projet à Zero Waste.

De quelle façon sensibilisez-vous le public ?

Notre but n’est pas de faire peur aux particuliers, au risque de les bloquer. On fait de l’accompagnement, notamment avec la maison Zéro déchet qui a ouvert il y a un an, à Paris. On met à la disposition du public tous les outils pour les aider à démarrer, les accompagner, leur expliquer. C’est vraiment du suivi plus que de la menace, en étant positifs pour inciter les gens à prendre conscience et à agir.

Avez-vous un rôle de lanceur d’alerte ?

Oui, grâce aux émissions et aux interviews, nous faisons passer des messages. Mais notre rôle premier est la sensibilisation, l’accompagnement et la prévention.

Ce serait quoi un monde idéal pour Zero Waste ?

Ce serait un monde où on n’aurait pas besoin de recyclage. Il n’y aurait plus de déchets à la base. Ce que prône le zéro déchet n’est pas comment recycler ou mieux gérer nos déchets. C’est comment ne pas en produire. L’économie circulaire, c’est vraiment la réutilisation, sans production de déchets. Le bon exemple est la consigne des bouteilles. Après usage, les bouteilles sont simplement lavées puis remises dans le circuit de consommation.

L’obsolescence programmée doit être une bête noire pour vous…

Il existe maintenant une loi contre l’obsolescence programmée. Il y a quel­ques années, nous avions beaucoup milité pour obtenir cela. Mais l’obsolescence programmée est très difficile à prouver. C’est la hantise de tout développement circulaire. Pour lutter contre cela, nous avons lancé « Le défi rien de neuf » pour inciter les gens à réparer, pour allonger la durée de vie des objets. Par exemple, pour fabriquer un jean qui fait 800 g, c’est 1000 l d’eau consommée et 35 kg de matière. Tant qu’on n’est pas conscient de cela, on continue d’acheter et de jeter sans réaliser que l’on consomme beaucoup de ressources. Vous pouvez donner les habits que vous ne mettez plus ou aller en acheter d’autres, chez Emmaüs, par exemple. C’est valable aussi pour beaucoup d’autres choses.

Comment abordez-vous le sujet du plastique ?

C’est un des pires déchets, car il est extrêmement difficile à recycler, seulement à hauteur de 20 %, et encore, pas tous les plastiques. Et un objet en plastique ne peut être recyclé que six fois maximum. C’est donc un déchet très gênant. De ce point de vue, c’est le pire. Je travaille sur la relance des bouteilles consignées, notamment à Paris. C’est toute une organisation qu’il faut remettre en place, notamment en recréant des centres de lavage, mais il y a pas mal d’entreprises qui se lancent dans la consigne. Pour limiter le plastique, il faut aussi choisir des produits qui ne sont pas emballés dans cette matière. Ça se développe de plus en plus. Il y a notamment les produits en vrac, ou des produits sans packaging.

Quelle est la méthode pour tendre vers le zéro déchet ?

D’abord, il faut regarder ce qui est majoritairement présent dans votre poubelle. Pour moi, c’était les pots de yaourt ou les shampooings. Cela représente beaucoup de plastique. Alors, la première étape a été de trouver des shampooings sans emballage. Ça existe avec les shampooings solides. Il faut prendre les choses une par une, car c’est un grand changement d’habitudes. Le zéro déchet est un objectif et il est dur à atteindre. Il faut tendre vers et y aller petit à petit. Ensuite, un tiers de nos poubelles est constitué de déchets organiques. Donc, la deu­xième solution consiste à installer un compost chez soi, ça éliminera déjà un gros volume.

Un lombricomposteur dans mon appartement !

Odile Jersyk habite en région parisienne. Elle est écologiste dans l’âme depuis toujours. En fait, depuis qu’un prof de collège l’a sensibilisée à la pollution, à l’époque du naufrage de l’Amoco Cadiz (1). « Entrée en écologie » à ce moment-là, elle est, depuis, consommatrice frugale, mais heureuse. Elle est aussi logiquement attentive à sa consommation et à ses déchets. Un lombricomposteur a trouvé sa place dans son appartement.

Comment êtes-vous « tombée » dans le lombricompost ?

Grâce à ma sœur qui a obtenu un kit de lombricompost par sa commune. Quand j’ai vu le sachet avec les vers, j’ai eu un haut-le-coeur. Mais il y avait une notice et j’ai suivi les instructions, tout simplement. Au début, l’idée était seulement de réduire mes déchets, maintenant, j’ai le sentiment de participer au cycle de la vie : je mets des peaux de légumes, les vers les mangent, et je fais pousser des plantes avec ce qu’ils produisent. C’est génial !

Quelles sont les contraintes ?

Le lombricomposteur ne doit pas être soumis à des températures en dessous de 3 ou 5°. Ni au-dessus de 32°. Le mettre dans une cave, un garage ou un cellier, ce qui est mon cas, est idéal. Il n’y a absolument aucune odeur ; j’ai installé un saladier dans lequel je mets les déchets organiques. Je le couvre en été et le vide régulièrement dans le bac du lombricomposteur. Le mien est composé de 4 bacs superposés. Je mets des déchets organiques dans le bac du dessus sur une serpillère synthétique pour maintenir l’humidité. Il faut aussi deux tiers de carton, papier. Mais pas trop de papier avec de l’encre ou des photos. Le lombricompost absorbe tous mes déchets organiques. 

Comment bien l’alimenter ?

Il ne faut rien mettre d’acide comme ail, tomates ou agrumes, ni aucune protéine animale, et ajouter de temps en temps de la poudre de coquille d’œuf pour rééquilibrer le pH. Tous les sept ou huit mois, je fais la rotation des bacs. Je vide le bac du bas qui produit six à huit litres de terreau et je le remets en haut, en transférant les vers. Quant au jus produit (ce sont les déjections des vers), ça dépend de ce qu’on met dans le lombricompost. Le mien produit en moyenne 2 litres par semaine. Ce jus, très fertile, peut être versé dans la terre des plantations à raison d’une part pour neuf parts d’eau. Les vers du lombricompost peuvent être autonomes pendant deux mois. Donc, il n’y a pas de problème pour partir en vacances.

(1) L’Amoco Cadiz est un navire pétrolier qui s’est échoué sur les côtes bretonnes en 1978 provoquant une marée noire sans précédent.

Comment faire pour s’impliquer dans vos actions ?

Vous pouvez aller sur notre site Internet et voir s’il y a un groupe local près de chez vous, et devenir bénévole. Ce peut être aussi, tout simplement, parler des bonnes pratiques autour de soi, proposer des choses à son entreprise. C’est important de montrer l’exemple.

Plus d’infos :

Site de Zero Waste France : www.zerowastefrance.org
Sites sur le lombricompost : www.verslaterre.fr et https://plus2vers.com

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