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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Portrait de Vandana Shiva

Graine d'espoir

Vandana Shiva est physicienne et philosophe des sciences, l’une des chefs de file des écologistes de terrain et des altermondialistes à l’échelle mondiale.

« Le monde n’est pas à vendre » est sa devise, ce qui n’est pas sans nous rappeler José Bové avec qui elle est en affinité. En fait, je trouve avant tout qu’elle est une digne héritière de Gandhi. Notamment, dans son choix de redonner à la femme et à l’homme indiens, leur vérité, leur justice et leur liberté.
Il y a d’autres rapprochements à faire : avec l’immense Pierre Rabhi et son agro-écologie… Avec cette autre femme-lumière qu’est Coline Serreau, ses prises de conscience et son franc-parler.
Il y a aussi du Shiva chez Vandana, dieu dont elle porte le nom. Shiva, dieu de la destruction des illusions et de l’ignorance. Shiva représentant la mort qui donne la place à une autre vie, la vie éternelle. Shiva, le dieu armé d’un trident qui détruit pour créer à nouveau comme Vandana chasse les « grands coquins » pour laisser place à la bio. C’est-à-dire la Vie.
Pour ce qui est de détruire, elle a montré et montre encore son pouvoir en ayant soutenu la résistance à Coca-Cola en Inde et en boutant, hors d’immenses surfaces, le géant malfaisant Monsanto.

« Le monde n’est pas à vendre et l’on ne peut pas breveter le vivant ».
Ceux qui s’y aventurent ne sont pas ses amis. Mais, en matière de reconstruction, elle a également fait ses preuves. Fondatrice du mouvement Navdanya qui a contribué à mettre en place 54 banques communautaires de semences à travers l’Inde et à former plus de 500 000 agriculteurs à l’agriculture durable, Vandana Shiva a aidé à configurer le plus grand réseau de commerce équitable et biologique en Inde.

Comment tout cela lui est-il venu ?
Vandana Shiva raconte comment, à l’âge de six ans, elle a eu envie d’une robe en nylon pour faire comme les copines. Quand elle lui a demandée, sa mère lui a dit qu’avec cet achat elle enrichirait un milliardaire alors qu’avec une robe en khadi (tissu fait à la main), elle permettrait à une mère de nourrir ses enfants le soir. Cette phrase lui est toujours restée. Quinze ans plus tard, lors d’une conférence des multinationales à Genève, elle opère un vigoureux retour à la méthode Gandhi, à sa libération de l’Inde par le tissage (et le jeûne !).
Se souvenant de l’arme symbolique de Gandhi, « le rouet », elle découvrit que l’équivalent pour elle serait la « graine ». Et reprenant le concept gandhien de « Satyagraha », qui signifie « force de la vérité », elle eut une inspiration : « Bija Satyagraha » qui serait la « force de vérité de la graine ».

Mais les multinationales et les gouvernements en arrivent à interdire aux paysans d’utiliser leurs propres graines. Bientôt apparaît le Seed Act qui établit une dictature semencière. Alors Vandana Shiva mobilise à l’échelle du pays et brandit des milliers de signatures devant le premier ministre en lui disant : « Vous pouvez créer cette loi, nous n’obéirons pas ! »
Nous retrouvons ici, la grande idée de la désobéissance civile connue chez Gandhi, mais initialement lancée par Henry David Thoreau.

La « graine d’espoir » s’épanouit dans les années 70
Vandana Shiva a dix-huit ans. Le gouvernement de New Delhi ayant autorisé l’abattage d’une part importante de la forêt himalayenne qui fournissait les habitants en nourriture et en bois, des centaines de femmes ont décidé d’empêcher la déforestation et se sont littéralement attachées aux arbres réalisant une sorte de « Hug trees ». Elles disaient : « Ces arbres font partie de nous-mêmes. Si vous voulez les couper, il faudra nous passer dessus ». Elles ont chanté, sans haine ni violence, des mantras. Leurs hommes leur ont préparé et apporté leurs repas. Elles se sont relayées des jours et des nuits. Ce mouvement d’opposition est devenu une fête. Les exploitants ne savaient que faire et ont fini par déguerpir avec leurs tronçonneuses. Ces femmes ont sauvé leurs modes de vie et leur culture en protégeant les arbres. « Cet exemple a été pour moi un entraînement et une leçon » précise Vandana Shiva.

Une épidémie de suicides
Des faits tragiques vont susciter une action de plus en plus intense et large chez Vandana Shiva. En effet, une épidémie de suicides frappe plusieurs États indiens. Selon les chiffres officiels, 250 000 paysans se sont suicidés en Inde depuis 1997 !
Toutes sortes de cultures, mais surtout le coton, ont été endommagées par les graines hybrides, par les semences génétiquement modifiées pour être stériles et les produits cyniquement dotés de noms prometteurs comme « Terminator ». Le scénario est toujours le même : les représentants de grandes firmes comme Monsanto débarquent et promettent aux fermiers monts et merveilles, allant jusqu’à se dire inspirés des dieux indiens ! Finalement, les coûts de productions sont multipliés par dix et les prix de vente ont baissé d’un tiers. Voilà les paysans dépendants de semences brevetées, obligés de s’endetter et de se surendetter. Cet endettement est la principale cause de suicide. En Inde, pour les fermiers, c’est « la mort plutôt que le déshonneur ».
Mais Vandana Shiva pratique une sorte de « Monsanto dégage ! », et distribue aux paysans les semences autochtones et les aident ainsi à passer à l’agriculture biologique. Résurrection !

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Vandana Shiva au Pérou

Vandana Shiva, en Inde, se bat depuis 25 ans pour préserver les semences et lutter contre les multinationales qui tentent de s’en emparer en brevetant le vivant. Invitée cet été par l’association Kokopelli pour le festival Kokopelli-PachaMama, elle a donné une conférence le premier jour, le 1er août, pour expliquer son combat.

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